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Kim Jong-un réapparaît: retour sur les rumeurs entourant sa «disparition»

16.10.2014 par La Rédaction

Entretien avec Antoine Bondaz, chercheur associé à Asia Centre et coordinateur de la revue Korea Analysis, spécialiste des questions coréennes.

C’est appuyé à une canne que le leader nord-coréen est réapparu publiquement, mardi 14 octobre, après six semaines d’absence médiatique inexpliquée. Métaphore d’un pouvoir vacillant ?…

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Au cours de la mystérieuse « disparition » de Kim Jong-un, les rumeurs les plus folles ont couru. Le chef d’Etat de 30 ou 31 ans serait opéré des chevilles, souffrirait de diabète, de la goutte, ou serait victime… d’un coup d’Etat !
 
Mais, un tel événement est-il seulement possible en Corée du Nord ? De quel pouvoir dispose réellement le jeune dictateur ?
 
A l’heure où Pyongyang se dote de l’arme nucléaire, la question mérite d’être posée.
 
L’éclairage d’Antoine Bondaz.
 
 
JOL Press : Kim Jong-un a refait surface mardi 14 octobre après une absence inexpliquée de plus d’un mois qui a alimenté toutes les conjectures, notamment l’hypothèse d’un coup d’Etat… Mais… un coup d’Etat est-il seulement possible en Corée du Nord ? 
 
 
Antoine Bondaz : Un coup d’Etat est, dans l’absolu, toujours possible. Il est cependant plus ou moins probable selon les régimes. En Corée du Nord, il apparait comme peu probable du fait de la structure même du régime. Le régime nord-coréen est qualifié de suryong en ce qu’il ne reconnait l’autorité d’un seul leader suprême. Remettre en cause l’autorité de ce leader est difficile, mais éliminer le leader l’est encore plus en ce que la légitimité des successeurs sera presque impossible à défendre.
 
En effet, il n’est pas tant difficile d’éliminer le leader que de le remplacer et d’apparaître comme légitime aux yeux de la population. Or, parmi les trois idéaux types de légitimité mis en avant par Max Weber [économiste et sociologue allemand,1864-1920, ndlr] (légitimité traditionnelle, charismatique et rationnelle), la légitimité traditionnelle est de loin la plus fondamentale en Corée du Nord.
 
De plus, il ne faut pas parler de la Corée du Nord comme d’un Etat de Kim Jong-eun mais comme d’un Etat de la famille Kim. Ainsi, une tentative de coup d’état hypothétique contre le régime, afin qu’elle soit réussie, devrait réussir à éliminer toutes les structures de pouvoir détenues par la famille plus ou moins proche du leader, c’est-à-dire toutes les structures de pouvoir formant la colonne vertébrale de l’Etat nord-coréen.
 
Malgré les nombreuses vagues de « fin de Corée du Nord » depuis les années 1990, le régime s’est maintenu et est aujourd’hui bien plus solide que lors de la succession de Kim Il-Sung à Kim Jong-il au milieu des années 1990, et bien plus solide qu’il y a quelques années, au cours de la transition entre Kim Jong-il et son fils. Un coup d’Etat semble ainsi très peu probable.
 
JOL Press : De qui peut/pourrait venir la contestation politique en Corée du Nord ? De caciques du régime proches du leader ? D’une opposition qu’on n’aurait su museler totalement ?
 
Antoine Bondaz : L’élite nord-coréenne est la première à bénéficier du système autoritaire en Corée du Nord. Les hypothèses selon lesquelles des proches de Kim Jong-eun ou les dignitaires du régime tenteraient de renverser le régime apparaîssent comme très peu probables car ils seraient les plus grands perdants. Le régime nord-coréen se maintient en grande partie car cette élite à un intérêt à ce qu’il se maintienne.
 
Le système autoritaire nord-coréen fait plus que museler l’opposition, il empêche toute opposition de se former. Les travaux de Bruce Bennett et Jennifer Lind ont bien montré que toute émergence de contestation est sévèrement réprimée et que la plupart des Nord-coréens s’autocensurent de peur de cette répression.
 
Aujourd’hui, et il s’agit d’une profonde différence avec les révolutions arabes, il n’y a aucune opposition structurée en Corée du Nord, il n’y a aucune alternative politique au pays car le régime a fait en sorte de les empêcher. C’est sûrement le cas de figure le plus difficile à accepter pour les Occidentaux que de devoir vivre avec un régime qui se maintient depuis plus de six décennies et de donne aucun signe d’effondrement.
 
JOL Press : Un organe du Parti nord-coréen, le département d’Organisation et d’Orientation, aurait pris le pouvoir l’année dernière, au moment de l’exécution de Jang Song-taek, l’oncle de Kim Jong-un. Cet organe du Parti garderait Kim comme chef d’Etat symbolique, car celui-ci bénéficie d’une légitimité dynastique auprès de la population. Quant-est-il ?
 
Antoine Bondaz : Il convient de faire très attention à toutes les rumeurs véhiculées principalement par les services de renseignements sud-coréens et les journaux à scandale de Séoul. Il y a encore quelques mois, on nous expliquait que l’Armée était toute puissante, qu’un quarteron de généraux prendrait la succession de Kim Jong-il ou que Kim Jong-nam, frère de Kim Jong-eun, en exil à Macao, deviendrait le successeur officiel de son père.
 
Le département d’Organisation et d’Orientation a un rôle clé au sein du Parti, et c’est bel et bien le Parti des Travailleurs (et non un hypothétique Parti Communiste) qui est au cœur du régime nord-coréen. Si son rôle s’est accru ces dernières années, il est quasiment impossible d’avancer que c’est le vrai organe décisionnel au sein du pays par manque d’informations.
 
JOL Press : Selon certains experts, Hwang Pyong-so, vice-président de la Commission nationale de défense, considéré comme le numéro 2 du régime, serait celui qui détiendrait réellement le pouvoir en Corée. Qui est-il, quel est son poids et son influence politiques ?
 
Antoine Bondaz : La promotion de Hwang Pyong-so rentre dans un contexte de renouvellement et de rajeunissement des cadres du Parti. Kim Jong-eun aurait remplacé 44% des cadres dirigeants du Parti, de l’Armée et du Cabinet (le gouvernement) ces deux dernières années, et aurait ainsi limogé 31 cadres pour en nommer 52 nouveaux, selon le ministère de l’Unification sud-coréen.
 
L’ancien directeur adjoint du Département de l’Organisation et de l’Orientation du Parti a été nommé afin de remplacer Choe Ryong-hae, présenté comme l’homme de confiance de Kim Jong-il et Kim Jong-eun. Il occupe donc désormais une place centrale au sein du système d’Etat nord-coréen.
 
Cependant, il ne saurait y avoir plusieurs leaders en Corée du Nord et Kim Jong-eun demeure la clé de voute des institutions et de l’exercice du pouvoir.
 
JOL Pres : On entend dire que Kim Jong-Un ne serait qu’un « pantin ». Vraiment ?
 
Antoine Bondaz : Encore une fois, il faut toujours se demander l’origine des rumeurs présentant Kim Jong-eun, et Kim Jong-il auparavant, comme un « pantin ». Une des rumeurs est que la Corée du Nord serait déjà la quatrième province de la Mandchourie chinoise, symbole de l’influence totale de la Chine sur son voisin. Or cette idée est tout à fait ridicule.
 
La Chine est l’une des premières nations à souffrir des provocations nord-coréennes. Si la Corée du Nord dépend de façon croissante sur son voisin tant au niveau commercial, qu’humanitaire, la principale raison est que la Corée du Nord n’a pas d’autres alternatives crédibles : les embargos américain et japonais perdurent, les mesures du 24 mai 2010 prises par le gouvernement sud-coréen sont maintenues, malgré la multiplication des gestes symboliques la Russie n’est pas prête à aider la Corée du Nord… Celle-ci doit donc obtenir l’aide de son voisin mais cela ne réduit en rien la crainte stratégique vis-à-vis de celui-ci.
 
La relation entre la Chine et la Corée du Nord s’explique beaucoup moins par une quelconque solidarité communiste ou par leur alliance durant la guerre de Corée (1950-1953), que par une relation d’otages mutuels. La Corée du Nord a besoin de la Chine pour survivre tant elle est isolée et ne dispose plus d’aucun autre soutien de poids dans la région. Une plus grande coopération de la Chine avec ses partenaires, dont les Etats-Unis et la Corée du Sud, constituerait pour les stratèges nord-coréens un cauchemar stratégique.
 
En parallèle, la Chine a besoin que la Corée du Nord ne s’effondre pas afin de ne pas ouvrir une boite de Pandore à même de déstabiliser sa périphérie, ce qui irait à l’encontre de ses intérêts fondamentaux.
 
JOL Press : Comment s’est établi au fil de l’histoire le pouvoir de la dynastie Kim ? Le leader du pays, même symbolique, ne peut-il revenir qu’à un membre de la dynastie ?
 
Antoine Bondaz : La République Populaire et Démocratique de Corée a été fondée par Kim Il-sung, révolutionnaire coréen ayant combattu contre les forces coloniales japonaises au début du XXème siècle. La légitimité du régime repose avant tout sur ce passé de « résistant » du grand père de Kim Jong-eun.
 
Très vite, un culte de la personnalité s’est mis en place afin de garantir sa légitimité tout en cherchant à réduire au maximum les influences étrangères, soviétique et chinoise, comme lors des purges effectuées au sein du Parti au début des années 1950. Dans l’historiographie nord-coréenne, Kim Il-sung est plus que le simple président de la République, il est en quelque sorte le garant de l’histoire du peuple coréen, et en cela les travaux de Brian Myers sont révélateurs.
 
Symboliquement, des postes très prestigieux sont occupés par des dignitaires qui ne sont pas membres de la famille Kim. Par exemple, Kim Young-nam est le chef d’État en sa qualité de de président du présidium de l’Assemblée populaire suprême, et ce depuis 1998.
 
Cependant, dans les faits, le pouvoir est détenu en majorité par la famille. Récemment, il est d’ailleurs à noter le rôle croissant de la sœur de Kim Jong-eun, Kim Yo-jong et de son frère, Kim Jong-chol, perpétuant la famille royale de la « lignée du mont Paektu ».
 
 
 
—–
 
Antoine Bondaz est chercheur associé à Asia Centre et coordinateur de la revue Korea Analysis, spécialiste des questions coréennes.
 

La Rédaction


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