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JOL Press : La culture est-elle une échappatoire en temps de crise ?
Olivier Le Guay : Tous les chiffres de fréquentation le montrent: malgré la crise, les Français se ruent sur l’offre culturelle qui leur est proposée. Il faut dire qu’elle est pléthorique, diversifiée et accessible à tous, et à tous les budgets. La culture en d’autres termes apporte des réponses et des perspectives dans les profondes mutations que nous vivons. Et les Français la plébiscitent avec leurs pieds, surtout qu’elle a quasiment disparu des écrans TV.
Si la demande est forte, les mécanismes de financement de la culture favorisent aussi la diversité de l’offre. Pas seulement les mesures publiques que l’on met sous le terme d’exception culturelle – dispositif de financement du l’audiovisuel, prix unique du livre – qui permet à la France de maintenir sa production et résister contre le piratage, mais aussi les mesures en faveur du mécénat privé, des fondations : 30 ans après Cartier, Louis Vuitton inaugure son espace, quelque semaines après Pathé. Sans parler du financement participatif qui offre de nouvelles perspectives de soutien à de nombreux projets. La culture reste un laboratoire d’innovation et de créativité qui nourrit toute la société.
JOL Press : Vous avez co-écrit avec Laure Kaltenbach en 2012, une tribune publiée dans Le Monde intitulée « La culture nous sortira de la crise ! » : selon vous la culture constitue-t-elle un levier économique?
Olivier Le Guay : Les études nous montrent que l’impact de la culture est déjà considérable en termes de PIB – l’étude de TERA Consultants, ‘La contribution des industries créatives à l’économie de l’EU, en termes de PIB et d’emplois’ – mais qu’il va bien au-delà en termes d’attractivité des territoires et de cohésion sociale. Seulement la culture ne se « relance » pas comme on relance l’automobile avec des mesures ponctuelles qui créent un effet d’aubaine. Développer une stratégie industrielle au niveau national comme au niveau européen, exige une vision sur plusieurs années, des mesures qui trouvent un équilibre entre les attentes des consommateurs tout de suite et si possible gratuitement et celles des créateurs qui souhaitent que leur droit d’auteur soit reconnu, que leurs investissements soient valorisés.
JOL Press : La culture est donc essentielle pour sortir de la crise ?
Olivier Le Guay : Construire un public demande du temps qui associe sensibilisation – notamment à l’école- , imagination dans les formats et une bonne dose de mesures concrètes : faciliter l’accès – réseaux urbains, horaires, réservations, valoriser l’offre et nourrir l’échange grâve à l’animation de réseaux sociaux par exemple. Aussi, si la culture peut effectivement participer à la relance avec des mesures appropriées pour financer la création. Nous croyons d’abord que par l’ouverture qu’elle permet, les créateurs qui nous font partager leurs rêves ou utopies, elle constitue le moteur essentiel pour sortir de la crise.
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Olivier Le Guay, responsable éditorial du Forum d’Avignon, et co-auteur de la tribune « La culture nous sortira de la crise ! » publiée dans Le Monde en 2012.