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Le pape François sur l’homosexualité? Beaucoup de bruit pour rien…

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(Photo : giulio napolitano/Shutterstock.com)

Le rapport intermédiaire du synode sur la famille fait déjà polémique. Ce qui a été dit durant ces premiers jours annonce-t-il vraiment un changement dans l’Eglise ?
 

Gérard Leclerc : Difficile à dire. Ce texte est fait de petites propositions qui ne sont pas développées. Celles qui ont le plus frappé les commentateurs sont bien entendu celles qui concernent l’accès des divorcés remariés à l’eucharistie et les homosexuels.

Pour les divorcés remariés, il n’y a selon moi pas de nouveautés, simplement la présence d’un débat qui existait déjà avant le synode. C’est un débat ancien puisqu’il avait été abordé lors du concile Vatican II. L’Eglise avait alors étudié la pratique de l’Eglise orthodoxe qui admet, dans certaines conditions, une deuxième ou une troisième union mais sous l’injonction du Pape Paul VI, l’Eglise avait confirmé l’indissolubilité du mariage chrétien.

Un alignement sur la position orthodoxe est inenvisageable. Cependant, l’Eglise étudie la possibilité, dans certains cas, d’admettre l’eucharistie des personnes divorcées remariées. Ce serait cependant une pratique très encadrée qui ne concernerait qu’une faible minorité.

Pour ce qui concerne la question homosexuelle. Les observateurs et les médias n’ont-ils pas sur-interprété ce qui s’est dit durant cette première partie du synode ?
 

Gérard Leclerc : Je le crois. Il faut dire que les expressions utilisées dans ce rapport sont ambiguës et seront forcément reprises et retravaillées dans les documents ultérieurs. Certains y ont vu une sorte de reconnaissance du couple homosexuel alors même que cette idée n’est pas du tout envisageable dans la tradition de l’Eglise.

Je retiens davantage l’intention pastorale. L’Eglise irait chercher les gens dans leur situation. Il s’agit de les faire progresser, de les encourager. Reconnaître les qualités des personnes homosexuelles est fondamental, notamment dans la tragédie de l’épidémie du Sida. Cela ne veut pas dire que l’on va consacrer ou bénir les unions homosexuelles.

La polémique gronde cependant, aux Etats-Unis, en Pologne ou en Afrique. Le Pape n’a-t-il pas employé des termes qu’il ne fallait pas ?
 

Gérard Leclerc : La majorité des pères du synode ne se sont pas reconnus dans ce texte. Cela a aggravé un certain malaise déjà entamé lorsqu’il a été annoncé que les débats ne seraient pas publics. Le texte ne tient par exemple pas compte de ce qui a été dit par le cardinal Muller, qui dirige la congrégation pour la doctrine de la Foi.

Les Polonais sont pour leur part furieux car le pape qui a le plus travaillé sur la famille, le mariage, la sexualité et le corps, c’est Jean Paul II. Or, on a l’impression que tout cela a été laissé de côté et n’a donc pas d’importance. Un malaise s’est alors exprimé et parfois même dans la colère.

Concernant les Africains, ces derniers ne se reconnaissent pas dans ce texte et dans cette façon de traiter les problèmes qui ne leur convient pas du tout.

Pourquoi les non catholiques attendent-ils autant l’Eglise sur ces questions-là ?
 

Gérard Leclerc : Il y a là un véritable paradoxe. Dans une société qui se veut sécularisée, on regarde toujours vers l’Eglise catholique pour voir si elle autorise ou si elle défend. Elle est une sorte de légitimité morale. Des non-catholiques, voire même des non-croyants, peuvent être mal à l’aise s’ils sont en marge ou en contradiction avec les pratiques de l’Eglise.

On reproche à l’Eglise de ne pas être en phase avec le monde ou la société hantée depuis les années 60 par l’explosion des divorces et le refus de l’engagement. L’Eglise qui continue à prôner un mariage indissoluble, c’est alors une espèce de scandale moral.

Beaucoup pensent que le pape François répondra à tous les vœux de ce qui veulent voir l’Eglise revenir sur ces idées.

Et pourtant, cette révolution est impossible…
 

Gérard Leclerc : L’Eglise se renierait et toute la démarche de l’Eglise catholique est dans la continuité. Newman, grand théologien anglais du 19ème siècle béatifié par Benoit XVI a théorisé le développement organique du dogme. Nous n’avons jamais vu l’Eglise se contredire. Elle peut enrichir son discours, le développer, mais elle ne se contredit jamais et reste toujours dans la même lignée évangélique.

Propos recueillis par Sybille de Larocque pour JOL Press

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