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«Les Français et la lutte contre la faim dans le monde», un sondage Institut CSA pour CCFD – Terre Solidaire : .

Plus d’1 Français sur 2 pense que le problème de la faim dans le monde s’aggrave, une proportion en hausse de 7 points depuis 2013

 
Alors que l’enquête menée en 2013 avait marqué un net repli des préoccupations à l’égard de la faim dans le monde, les Français se  montrent cette année plus concernés qu’ils ne l’étaient l’année dernière : la moitié d’entre eux (50%, +7 points) estiment en effet que cette situation « se dégrade », alors que 41% pensent qu’elle « n’évolue pas vraiment » (-9 points) et 8% qu’elle « s’améliore ». Il semble donc que la situation économique difficile de la France, qui avait pu détourner temporairement certains citoyens de problématiques mondiales plus éloignées de leur quotidien, n’empêche pas une prise de conscience à plus long terme des problèmes  se posant à l’échelle mondiale.
 
Notons toutefois, fait important, que cette gravité est aujourd’hui moins nettement ressentie par les Français censés être les mieux informés : 32% des plus diplômés pensent ainsi qu’elle se dégrade, contre 62% des personnes sans diplôme. Une proportion non négligeable des Français les plus diplômés (14%) considère même que cette situation s’améliore. Rappelons que la réalisation de l’enquête est intervenue au moment de la publication du rapport annuel de la FAO, de la FIDA et du PAM qui faisait état d’un recul du nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde, cette actualité ayant peut-être pu jouer à la marge sur l’opinion des plus diplômés dont certains ont pu avoir accès à cette information.
 

Gaspillage et spéculation, les principales causes de la faim dans le monde selon les Français

 
Quant aux causes de ce phénomène, deux thématiques prédominent aujourd’hui dans l’esprit des Français : « le gaspillage alimentaire  des consommateurs dans les pays du Nord » et « la spéculation des marchés financiers sur les produits agricoles » (39% pour les deux), deux causes renvoyant à des responsabilités externes aux pays du Sud. Il est par ailleurs intéressant de noter que la hiérarchie entre ces deux causes peut varier d’une catégorie sociale à l’autre. Alors que la thématique du gaspillage est ainsi la première cause identifiée par les catégories populaires (45%), c’est la spéculation financière qui l’emporte nettement chez les CSP+ (50%). La perception de la spéculation financière comme cause de la faim dans le monde est d’ailleurs directement corrélée au niveau de diplôme, 53% des personnes ayant un diplôme supérieur à bac+2 la citant contre seulement 22% des personnes sans diplôme.
 
Notons que ces perceptions ont sans doute plusieurs explications : si le principe de spéculation est aujourd’hui largement impopulaire auprès d’une grande partie des Français, la mise en cause du gaspillage semble elle résulter d’un phénomène plus complexe, qui va peut-être chercher sa source dans une forme de sentiment de responsabilité morale devant la surconsommation à l’œuvre dans les sociétés occidentales, mise en regard avec la situation humanitaire du reste de la planète.
 
Viennent ensuite d’autres causes : dans l’ordre, « les pays du Nord qui favorisent une agriculture industrialisée qui concurrence les petits agriculteurs des pays du Sud » (22%), « les impacts du changement climatique » (21%), « les acquisitions de terres agricoles dans  les pays du Sud par des entreprises privées » (19%) et « les pays du Sud qui investissent peu ou mal dans leur agriculture » (14%). Il est particulièrement notable d’observer que la responsabilité des pays du Sud n’est pointée qu’en dernière position, signe que les Français sont conscients que la faim dans le monde s’explique par des ressorts plus internationaux.
 

Société civile et institutions internationales, acteurs les plus crédibles pour lutter contre la faim dans le monde

 
Interrogés que les acteurs à qui ils font le plus confiance pour « lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde », ils citent ainsi en premier >lieu « la société civile » (45%) et « les instances interminables de l’ONU » (31%), loin devant « les gouvernements des pays du Nord » (5%), « les gouvernements des pays du Sud » (4%) et « les entreprises multinationales » (3%). Cette perception atteste d’un réel déficit de crédibilité des gouvernements et entreprises pour prendre en charge un problème de cette ampleur, mais aussi d’une légitimité croissante des acteurs citoyens et transnationaux tels que l’ONU.
 

Des Français critiques sur l’activité des multinationales dans les pays du Sud 

 
Trois quarts d’entre eux (75%, -5 points par rapport à 2013) estiment ainsi que cette activité « ne bénéficie pas aux populations locales » dans les pays du Sud, seuls 17% pensant le contraire (+1 point). A noter toutefois que les jeunes sont un peu moins critiques à l’égard de l’activité des multinationales de l’agroalimentaire, 28% des 18-24 ans pensant qu’elle bénéficie aux populations locales contre seulement 10% des personnes de 65 ans et plus.
 
Compte-tenu de cette perception, une nette majorité de Français se dit du coup favorable à ce que « l’Etat français règlemente et contrôle  l’accès des multinationales françaises aux ressources naturelles des pays du Sud ». 65% d’entre eux partagent ainsi cette opinion (dont 34% le pensant « tout à fait », +5 points), tandis que 26% s’y disent opposés. Il est par ailleurs intéressant de noter que cette position varie très peu selon la proximité politique des répondants : si les sympathisants de gauche se montrent ainsi un peu plus favorables à cette idée (71%), près de deux tiers des sympathisants de droite la partagent aussi (64%), attestant du fait que ce débat semble aujourd’hui faire consensus au sein 
de la société française.
 
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