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Que se passe-t-il au Burkina Faso?

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Depuis plusieurs jours, la tension est palpable dans les rues de Ouagadougou. Des manifestations se succèdent et dans ces rangs, une majorité de jeunes qui protestent contre les ambitions politiques du camp présidentiel.

Pourquoi les Burkinabés sont-ils descendus dans la rue ?

Jeudi 30 octobre, les députés de l’Assemblée nationale burkinabé devaient entamer l’examen d’un projet de loi portant sur la révision de la Constitution. Cette proposition a été faite par la majorité présidentielle qui souhaite en effet modifier l’article 37 de la loi fondamentale qui permettrait au président en exercice, Blaise Compaoré, de se présenter de nouveau à sa propre succession après 2015 en portant à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels, contre deux actuellement.

Après examen du projet, les députés seront appelés à voter pour ou contre cette modification. S’ils sont une simple majorité à l’approuver, cette modification sera par la suite soumise à la voix du peuple par référendum. Mais si les députés sont plus de trois quarts à l’approuver, le changement sera alors effectif.

L’opposition se mobilise contre cette loi. En effet, si une clause de rétroactivité n’est pas indiquée dans cette modification, Blaise Compaoré pourrait ainsi poursuivre sa course en briguant trois mandats supplémentaires.

Cette réforme a-t-elle des chances de passer au Parlement ?

C’est ce que reproche l’opposition à la majorité présidentielle. Blaise Compaoré peut compter sur de nombreux soutiens à l’Assemblée et cette réforme de l’article 37 a en effet de grandes chances d’être adoptée sans l’aval du peuple.

L’opposition en colère appelle alors à la mobilisation générale et au départ du président.

Certains parlent d’ailleurs de « Printemps burkinabé ». « Le 30 octobre, c’est le printemps noir au Burkina Faso, à l’image du printemps arabe », scandait ainsi Emile Pargui, ancien candidat à l’élection présidentielle et membre d’un parti d’opposition.

Pourquoi la situation est-elle soudainement devenue violente ?

Si des manifestations dans le calme ont tout d’abord été organisées, les autorités burkinabés ont rapidement dû faire face à des manifestants extrêmement remontés contre la politique menée par le gouvernement.

La jeunesse s’est particulièrement impliquée dans ce processus, elle qui n’a jusqu’ici connu qu’un seul homme au pouvoir, depuis 27 ans.

Jeudi 30 octobre, des affrontements se sont déroulés près de l’Assemblée Nationale où malgré les gaz lacrymogènes envoyés par la police, les manifestants ont pénétré l’enceinte du Parlement alors même que devait initialement se dérouler l’examen du projet.

Une même scène s’est déroulée dans les locaux de la télévision nationale où du matériel a été volé et des voitures cassées.

Dans les violences qui ont secoué la capitale, un homme de trente ans a été tué. Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays, n’a pas non plus été épargné, la mairie et le siège du parti présidentiel ont été incendiés.

A quoi doit-on s’attendre dans les prochains jours ?

Face à la mobilisation exceptionnelle des manifestants, le gouvernement burkinabé a annulé l’examen de la loi, jeudi 30 octobre.

Les autorités ont appelé « au calme et à la retenue » mais face à la détermination des manifestants, le président a annoncé la dissolution du gouvernement et décrété l’état d’urgence.

Comment réagit le monde ?

Dans la journée du 30 octobre, la France a appelé à la retenue au Burkina Faso tandis que les Etats-Unis ont fait part de leur inquiétude face à l’évolution de cette situation.

Alors qu’il a envoyé un émissaire sur place, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a affirmé qu’il suivait « avec une grande inquiétude la détérioration de la situation au Burkina Faso ».

Interrogé sur RFI, Sébastien Brabant, porte-parole de la chef de la diplomatie de l’Union européenne a pour sa part déclaré : « Nous sommes évidemment très préoccupés par la situation actuelle et par les informations faisant état de victimes à la suite des violentes manifestations de la journée. Mais maintenant que la proposition de loi sur la révision de la Constitution a été retirée, l’Union européenne appelle toutes les parties à s’abstenir de recourir à la violence et à engager rapidement un dialogue constructif. Evidemment, l’Union européenne est prête à intervenir pour faciliter le processus. »

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