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Qui sont les principaux acteurs des élections législatives tunisiennes?

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(Photo : Vepar5/Shutterstock.com)

Les électeurs tunisiens encore indécis seront face à un dilemme, dimanche 26 octobre alors qu’ils seront appelés à élire les membres de leur Parlement. En effet, pour ces premières élections législatives libres du pays, les listes présentées pour le scrutin sont nombreuses.

Pour siéger aux 217 places de la première Chambre des représentants du peuple, pas moins de 1 327 listes électorales ont été retenues.

Cette dernière semaine de campagne sera sans doute la plus dynamique puisqu’il s’agit pour les partis de convaincre 5 236 244 électeurs tunisiens.

Deux principaux partis s’opposeront lors de ce scrutin. Des partis qui comptent bien arriver en tête et, s’ils ne gagnent pas à la majorité absolue, espèrent toutefois récolter assez de voix pour avoir l’opportunité de mettre en place la coalition qui aura le pouvoir à l’Assemblée.

Nidaa Tounès

Le parti de Béji Caïd Essebsi serait, d’après les sondages, le plus susceptible d’arriver en tête de peloton lors du scrutin.

« C’est un parti ‘attrape-tout’, explique Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain, qui rassemble des nationalistes, des démocrates, des républicains ».

« S’il est opposé aux islamistes, il est également accusé de rassembler les anciens partisans et proches de Ben Ali », explique-t-il encore.

La principale faiblesse de ce parti rassembleur demeure cependant son leader. Béji Caïd Essebsi, également appelé BCE, est un ancien ministre de Bourguiba de 87 ans. Bien qu’il ait déjà prouvé son dynamisme, son âge pourrait jouer contre lui.

Ennahda

Face à BCE, Rached Gannouchi. Les islamistes d’Ennahda sont au pouvoir depuis la fin de la révolution en 2011 et malgré leur bilan mitigé, comptent bien conserver ce privilège.

Pour ces islamistes, l’enjeu n’est pas seulement d’obtenir la majorité au Parlement explique Pierre Vermeren. « C’est un enjeu pour la Tunisie mais aussi pour les Frères musulmans et pour le Qatar ». « Les Frères musulmans ont été écrasés en Egypte, ils ont perdu les élections en Libye, ils sont très en difficultés en Syrie. La Tunisie reste pour eux le seul pays dans lequel ils peuvent démontrer leur capacité à intégrer le jeu politique ».

Un enjeu de taille pour lequel ils pourraient bien être aidés par le taux d’abstention qui s’annonce d’ores et déjà fort pour ces élections. En effet, explique Pierre Vermeren, « l’abstention pourrait avoir une influence considérable sur le résultat des élections, car nous savons que les militants islamistes iront voter en masse et pourraient donc rapidement devenir majoritaires au Parlement ».

Une gauche divisée

Face à Ennahda et à Nidaa Tounès, les autres formations politiques paraissent déjà ne pas faire le poids. C’est le cas des formations de gauche.

Pour faire bloc, douze d’entre elles se sont réunies au sein du Front Populaire, représenté par Hamma Hammami. Toutefois, certains partis de gauche ont voulu tenter leur chance indépendamment de cette coalition. C’est notamment le cas d’Ettakatol.

« La gauche est dispersée et devrait réunir 10 à 15% des voix. Toutefois, ces voix seront émiettées et ne représenteront que la force d’appoint d’un des deux grands partis au pouvoir », analyse Pierre Vermeren.

Les libéraux et ben-alistes

Certains hommes d’affaires ou d’anciens proches et ministres de Ben Ali, tel que Kamel Morjane, qui était son héritier présumé à l’époque, ont décidé eux-aussi de présenter leur candidature.

Ils représentent un quatrième front dans ce scrutin. Parmi eux, le parti Al Moubadara. Dirigé par Kamel Morjane, ce parti mène deux campagnes électorales. La première vise à faire oublier le cachet « dictature » qui plane au-dessus de son nom tandis que la deuxième entend convaincre les électeurs tunisiens du bon sens de son programme électoral.

Al Moubadara est ambitieux. « Le nombre des députés du parti sera multiplié par dix après les élections législatives », a ainsi promis le président du parti, dimanche 19 octobre.

Alors que les sondages ne donnent Al Moubadara gagnant uniquement dans les régions sahéliennes, les responsables du parti veulent croire en une surprise dans les régions ou la révolution a déçu.

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