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Sommet mondial des régions pour le climat: avec Michèle Sabban, les régions s’engagent

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A 400 jours de la 21e conférence mondiale sur le climat (COP21), qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre 2015, et face à la catastrophe écologique qui s’annonce, les régions du monde sont passées à l’action pour lutter contre le changement climatique. Les 10 et 11 octobre, le palais d’Iéna, à Paris, accueillera le sommet mondial des régions pour le climat.

JOL Press a rencontré Michèle Sabban, conseillère régionale d’Ile-de-France et, surtout, présidente du R20 – Régions pour le climat.

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JOL Press : Qu’est-ce que le R20 ? 

Michèle Sabban : Le R20 est une organisation non gouvernementale qui est née après l’échec de la conférence de Copenhague sur le climat en 2009. Cela a été un des plus grands échecs des négociations sur le climat.

A partir de là, régions, états fédérés, gouvernements locaux ont décidé de se réunir pour dire qu’il n’était pas normal que l’on ne puisse pas nous entendre, voire même travailler avec nous.

Nous avions la chance d’avoir de grands gouvernements régionaux à nos côtés, dont la Californie puisque Arnold Schwarzenegger, alors gouverneur de cet État, était là au même titre que nous, pour pouvoir réclamer le droit de parler et d’être écouté.

Après Copenhague, nous nous sommes retrouvés à Sacramento, la capitale de la Californie, pour créer le R20, en 2010.

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Pourquoi le R20 ? Ce n’est pas seulement 20 régions, aujourd’hui nous sommes plus de 400 régions. A l’instar du G20, nous avons voulu monter une équivalence au niveau des gouvernements infra-nationaux, pour être force de proposition, pour proposer des projets, des solutions, voire même des réalisations.

C’est ainsi qu’est né le R20.  

JOL Press : Quelles sont les problématiques communes auxquelles sont confrontées ces structures infra-nationales, membres du R20

Michèle Sabban : Nous sommes organisés par continents et nous nous appuyons sur des référents – un par continent – qui, toute l’année, travaillent avec nos régions, membres ou pas membres, à la recherche de projets en matière d’énergies renouvelables, en matière de solaire, en matière d’éclairages publics à énergie basse et renouvelable.

Ce travail par continents est d’autant plus pertinent que, d’un continent à l’autre, les problématiques varient largement, tout comme la manière de les appréhender et de les traiter. Ce sont sur des différences que nous souhaitons nous appuyer.

En Algérie, par exemple, nous avons des accords avec les wilaya et travaillons sur la question des déchets. Nous ne nous contentons pas d’apporter des réponses à leurs problématiques. Nous nous organisons pour former des gens sur place – notamment des jeunes – et leur trouver des emplois dans tout ce qui touche aux compétences vertes.

JOL Press : Comment se passe la coopération entre les membres du R20 et les structures nationales ?

Michèle Sabban : Samedi 11 octobre, à l’occasion de la clôture du Sommet mondial des régions pour le climat, je vais appeler à mes côtés les présidents de toutes les organisations réunissant des collectivités territoriales, à d’autres échelons, comme des grandes villes, des petites villes… Il y aura une dizaine d’organisations représentées et, lorsque vous faites la somme de leurs membres et de nos membres, vous vous percevez que nous représentons 2500 à 3000 collectivités territoriales, où vivent plus de 700 000 000 d’hommes et de femmes dans le monde.

Nous allons collaborer tous ensembles pendant un an pour permettre à la France, au moment de la conférence de Paris 2015 sur le climat, de profiter de cette force qui vient du bas. Si nous y parvenons, nous aurons atteint notre objectif.

JOL Press : Vous partez du bas et vous remontez, c’est la stratégie du « bottom up »…

Michèle Sabban : C’est Michel Rocard qui dit, depuis des années, que la nouvelle gouvernance du monde, ce sera celle des régions. Je le mesure quotidiennement quand je vois comment nos régions peuvent faire avancer et font avancer des sujets essentiels, très sensibles.

Sur la question du climat, les solutions seront portées par les régions.

Nicolas Hulot, conseiller du président Hollande pour Paris Climat 2015, nous dit qu’au fur et à mesure qu’il se déplace dans le monde pour aller chercher des soutiens, il note combien il est essentiel de s’adresser aux régions. Le fait régional aujourd’hui est majeur.

 

JOL Press : Quels sont les instruments financiers innovants mis en place pour pallier aux disparités de moyens des membres du R20 ?

Michèle Sabban : Cela dépendra des projets que nous privilégierons.

Pour ce qui concerne le solaire… Nous sommes présents au Mali avec des entreprises comme Aqua Energy, qui est une entreprise française et qui développe, avec le gouvernement malien et les régions du Mali, tout ce qui touche à la production et la fourniture d’électricité via le solaire.

Des propositions nous sont également faites pour lever des fonds et reproduire l’expérience que nous avons conduite à Rio et qui visait à changer totalement l’éclairage public avec un recours au nouveau procédé des LED.

A Rio de Janeiro, nous avons complètement changé l’éclairage public. Le programme a duré 4 ans. A l’issue de cette installation, il est prévu 50% d’économies sur les factures de l’éclairage urbain du gouvernorat de Rio et c’est avec ces économies que pourra être financé, a posteriori, l’installation de ces nouveaux équipements.

Ainsi, les régions comme celles de Rio qui passent un contrat avec le R20, s’inscrivent dans un triptyque de compétences et de solidarité, un partenariat public et privé, entre l’ONG R20, les régions et les experts privés.

Jusque-là, faute de moyens, certains pays n’agissaient pas en matière d’énergies renouvelables – et donc de lutte contre les changements climatiques -, nous leur donnons les moyens de faire. C’est possible grâce à nos partenaires qui vont lever des fonds.

JOL Press : Le R20 intervient-il en France ?

Michèle Sabban : Pas pour l’instant, mais Arnold Schwarzenegger annoncera au président de la République notre intention d’ouvrir sous peu, à l’issue de ce sommet, un bureau du R20 à Paris.

Arnold Scharzenegger, moi-même et le R20, nous avons l’intention de nous impliquer fortement dans la préparation de la COP21 et de la conférence Paris Climat 2015.

Cela pourrait inciter les régions françaises à s’inscrire davantage dans cet échange des bonnes pratiques qui est au centre de la philosophie du R20. Et cela tant au niveau national qu’international.

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