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Tunisie: comment se déroule le dépouillement des bulletins de vote?

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(Photo : Alexandru Nika/Shutterstock.com)

Les premières élections législatives libres de l’histoire de la Tunisie devaient être organisées jusque dans les moindres détails. Ce 26 octobre, rien n’a été laissé au hasard et les autorités avaient même été jusqu’à organiser un scrutin « factice » avant le jour J, pour vérifier que tout était au point et que les électeurs tunisiens pourraient vraiment faire de cette élection un scrutin historique.

Un scrutin « satisfaisant »

Au lendemain du vote, les autorités peuvent s’estimer satisfaites et aucun accident majeur ne semble avoir perturbé cette élection. Rien à signaler, si ce n’est le manque de mobilisation de ces électeurs tant attendus pour élire les députés de la première Assemblée Nationale de la 2nde République de Tunisie.

Les représentants de la mission d’observation de l’Union européenne ont salué un processus de vote « satisfaisant », tandis que le Premier ministre Mehdi Jomaa a quant à lui parlé d’une « journée historique » et d’une « lueur d’espoir » pour la Tunisie.

Les autorités tunisiennes ne relâchent cependant pas encore la pression. En effet, si les Tunisiens ont voté, semble-t-il dans le calme, il faut désormais dépouiller les bulletins de vote. Alors que cette étape du scrutin est traditionnellement l’occasion pour les fraudeurs d’agir pour faire gagner leur candidat, la Tunisie a décidé de tout mettre en œuvre pour que, mercredi 29 octobre au soir, les résultats officiels et véritables soient proclamés.

Un processus bien rôdé

Cette surveillance du scrutin et la préparation du dépouillement a démarré en amont du comptage. En effet, parmi les différents organismes déployés dans tous les bureaux de vote pour surveiller l’élection, l’association Mourakiboun a mis en place un réseau de plus de 4 000 observateurs chargés de communiquer les résultats du scrutin « à la minute ou le dépouillement se termine », explique ainsi Ilyes Amamou, chef des opérations pour le quotidien El Watan.

Autrement dit, précise le journal, « il sera difficile de bourrer les urnes à posteriori ou de maquiller les procès-verbaux de l’élection ».

Dans de nombreux bureaux de vote, les opérations de dépouillement ont démarré dès la fermeture des bureaux de vote, à 18h.

A Gafsa, circonscription qui compte 380 bureaux répartis sur 186 centres de vote, cette opération s’est déroulée dans le calme et selon les règles établies par les autorités tunisiennes, les présidents des bureaux de vote ont procédé à la rédaction des procès-verbaux de dépouillement et au classement des produits électoraux, conformément aux nouvelles procédures électorales votées récemment par l’Assemblée nationale constituante.

C’est ensuite l’armée tunisienne qui est chargée de transporter le matériel électoral vers les centres de collecte et de dépouillement centraux dans la région.

Toute cette procédure a été longuement réfléchie et, au début du mois d’octobre, un « Guide des modalités de vote et de dépouillement » a été fourni aux formateurs et aux présidents et membres des centres électoraux et bureaux de vote par l’unité de formation de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).

Ce guide, qui restera en vigueur pour l’élection présidentielle du 23 novembre prochain, a été publié en 100 000 exemplaires.

Quelques dérapages

Si l’Instance supérieure indépendante pour les élections avait tout prévu, certains dérapages ont pourtant déjà été remarqués.

Ainsi, dans les circonscriptions de Gabès et de Jendouba, l’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a fait part, dimanche 26 octobre, des difficultés qu’avaient rencontrées ses observateurs pour accomplir leur mission dans les bureaux de vote et les centres de dépouillement.

Les observateurs de l’ATIDE « sont actuellement empêchés par les présidents de plusieurs bureaux de vote d’assister à l’opération de dépouillement sur les circonscriptions de Gabès et Jendouba », a ainsi indiqué l’ONG pendant le scrutin.

Même scénario à Lyon, où les électeurs tunisiens étaient appelés à voter depuis le consulat. Après avoir constaté certaines irrégularités au cours du vote, certains électeurs se sont plaints de ne pouvoir assister au dépouillement.

« Dès lors que ce n’est pas public, il y a magouille », a alors dénoncé une électrice, interrogée par le site Lyon Capitale. « On vient de sortir de la salle de dépouillement et les forces de sécurité ont failli violenter un professeur ». « Il y a manquement au principe de transparence. Si le peuple ne peut pas participer, c’est un vote nul », a-t-elle encore affirmé.

D’ici à mercredi 29 octobre, les premiers résultats de ces élections législatives historiques devraient être révélés. Si certaines irrégularités sont survenues, les candidats semblent pour le moment jouer le jeu électoral, en témoigne la déclaration des islamistes d’Ennahda qui ont reconnu leur défaite, alors même que certains sondages les donnaient vainqueurs avant le scrutin. Ces derniers auraient pour le moment remporté 67 sièges au parlement, contre 80 sièges pour Nidaa Tounès, la formation de Béji Caid Essesbi.

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