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40 ans après la loi de Simone Veil sur l’avortement, quel bilan?

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« Parmi ceux qui combattent aujourd’hui une éventuelle modification de la loi répressive, combien sont-ils ceux qui se sont préoccupés d’aider ces femmes dans leur détresse ? » interrogeait , le 26 novembre 1974, Simone Veil face aux parlementaires attentifs. Et d’ajouter : « Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme – je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes – aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit d’écouter les femmes. »

40 ans jour pour jour après ce discours, comment la loi Veil a-t-elle évolué ? La libéralisation des méthodes de contraception a-t-elle diminué le recours à l’avortement ?

Evolution de la loi

1981 : selon l’arrêt Lahache, la femme est seule juge de la nécessité de recourir à l’IVG.

1982 : remboursement de l’IVG par l’assurance-maladie.

1990 : l’IVG médicamenteuse est autorisée en milieu hospitalier.

1993 : dépénalisation du délit d’auto-avortement et création du délit d’entrave à l’IVG.

2000 : autorisation de la délivrance sans ordonnance des contraceptifs d’urgences ; elle se fait pour les mineures à titre gratuit dans les pharmacies ; les infirmières scolaires sont autorisées à administrer une contraception d’urgence dans les cas de détresse.

2004 : l’IVG médicamenteuse est autorisée en médecine de ville.

2007 : l’IVG médicamenteuse peut désormais être délivrée dans les Centres de planification et d’éducation familiale (CPEF).

2013 : l’IVG est remboursée à 100 % par la sécurité sociale et le tarif de l’acte médical revalorisé pour augmenter le nombre de praticiens.

2014 : la loi Vallaud-Belkacem du 4 août sanctionne toute entrave à l’information sur l’IVG et supprime la condition de détresse avérée que la loi de 1975 exigeait pour ouvrir droit à une IVG.

Pourquoi le nombre d’avortements n’a-t-il pas baissé en France ?

En 2004, l’Institut national d’études démographiques (Ined) faisait paraître une étude montrant que, depuis sa légalisation, le nombre d’avortements en France était resté stable (environ 200 000 par an). La libéralisation des pratiques contraceptives n’avait donc pas, contrairement aux attentes, conduit à une baisse du nombre des interruptions volontaires de grossesse (IVG). L’étude constatait que, si la pratique de la contraception avait bien progressé, les grossesses non désirées étaient moins bien acceptées et le recours à l’IVG beaucoup plus fréquent en cas d’accident contraceptif.

Si depuis 2002, dans d’autres pays européens, la diffusion de la contraception a entraîné une diminution des IVG, en France le nombre d’IVG est resté stable, autour de 200 000. Comment l’expliquer ? 72% des femmes qui recourent à l’IVG seraient sous contraception, selon un rapport de synthèse de l’Igas (octobre 2009). Une mauvaise utilisation serait en cause : selon un rapport de la FNORS (juin 2004), 92 % des femmes sous pilule avaient oublié de la prendre entre 1 et 5 fois au cours des 6 derniers mois…

Comment sensibiliser les jeunes femmes ?

« L’avortement doit rester l’exception », avait déclaré Simone Veil. Comment faire pour que ce nombre d’IVG baisse de façon significative ? La pilule apparaît pour certaines comme contraignante et a perdue, depuis quelques mois, suite à de nombreux scandales, sa bonne réputation. Quelles alternatives contraceptives peut-on alors proposer aux femmes ? « Ce sont les alternatives les plus modernes, celles qui utilisent les nouvelles technologies », explique le Pr Henri Joyeux, co-auteur du livre La pilule contraceptive (Éditions Rocher), avec Dominique Vialard.

« Elles consistent à aider la femme à bien se comprendre dans ses fonctionnements intimes, à repérer de façon très fiable ses jours de fécondité pour qu’ainsi la fertilité du couple soit gérée comme il le souhaite, donc avoir ou ne pas avoir l’enfant, sans consommer des drogues chimiques qui perturbent non seulement la libido mais sont responsables de complications que les femmes ont déjà payé très cher », ajoute-t-il. « C’est fiable, pas plus contraignant que de penser à avaler sa pilule, sans danger et respectueux de l’écologie féminine ». Des alternatives qui mériteraient un plus large écho…


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