La loi française vient apporter un petit coup de pouce à la mobilité fort bienvenu que les collectivités apprécieront. Dorénavant, elles pourront compter plus facilement sur les opérateurs privés pour investir dans le déploiement des bornes de recharge de véhicules électriques. Il était temps. Car les objectifs du Gouvernement en la matière commençaient à prendre un sérieux retard.
La publication du décret facilitant l’installation de bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides dans le domaine public était très attendue. Elle est enfin effective depuis le 4 novembre 2014 et permettra dorénavant aux opérateurs dits « nationaux » de déployer les bornes en question en concertation avec les collectivités et d’être exonérés de redevance, à condition que l’opération s’inscrive dans « un projet de dimension nationale ». Traduction : il faut que le projet concerne « le territoire d’au moins deux régions » et assure « un aménagement équilibré de ces territoires ».
Ce décret suit de près celui publié le 1er novembre relatif à l’implantation de bornes de recharge dans les espaces privés (habitat collectif et locaux tertiaires). Il vient d’autant plus à point nommé que début octobre, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron a fait part de sa volonté d’accélérer le déploiement, jusqu’ici encore trop lent.
Aux intentions politiques et aux progrès juridiques s’ajoutent les intentions des acteurs privés. Le Groupe Bolloré a fait savoir qu’il portait un projet, officialisé par le Gouvernement, visant l’implantation de 16.000 nouveaux points de charge au cours des quatre prochaines années.
C’est que les objectifs fixés par la transition énergétique sont ambitieux : 7 millions de points de recharge pour les voitures électriques d’ici à 2030. A l’heure actuelle, les chiffres sont loin du compte : actuellement la France compte 10.000 bornes de recharge, selon les chiffres du ministère de l’Écologie et de l’Énergie.
C’est faible, et cela a l’inconvénient de ne pas inciter beaucoup les Français à se lancer dans l’aventure de la voiture électrique, l’une des préoccupations principales étant d’ailleurs le problème de la recharge. Au 31 juillet, le parc automobile français comptait près de 36.000 véhicules électriques (particuliers et utilitaires) sur un total de plus de 38 millions de véhicules en circulation, selon les données de l’Avere. Les bornes sont indispensables au volet mobilité dans la transition énergétique en France.
Dans ce contexte, le rôle du distributeur ERDF est crucial. Les collectivités, mais également les acteurs privés, s’appuient sur l’expertise de l’entreprise dans l’identification des besoins en mobilité afin de déterminer les infrastructures les stations de recharge qui en découlent et dont elles ont l’initiative. À partir de ces estimations, c’est ERDF qui intervient pour le raccordement des bornes au réseau.
L’un des grands enjeux attachés au déploiement des bornes réside dans la puissance des bornes installées. Le maintien de l’équilibre entre l’offre et la demande en électricité dépend d’elle en grande partie, le risque étant qu’un trop grand nombre d’automobilistes utilisent des bornes de recharge en même temps, ce qui génèrerait un appel à puissance dangereux pour le réseau électrique.
« Selon le scénario envisagé, 90 % des bornes électriques devraient être à recharge lente et 10 % à recharge rapide », précisait Philippe Monloubou à l’occasion de l’audition d’ERDF par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale relative aux tarifs de l’électricité, mercredi 29 octobre 2014. Le savoir-faire de l’entreprise en matière de réseaux intelligents, actuellement expérimenté à Lyon pour la gestion des véhicules électriques dans le projet Confluence doit également réguler les variations de consommation du réseau de recharge.
7 millions de points de recharge d’ici à 2030, une utopie ? Les projets de bornes se multiplient à travers le territoire (Indre, Aveyron, Douai) et sous l’impulsion de cette nouvelle loi, il n’est pas irréaliste de croire à la réalisation des objectifs gouvernementaux.