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Congrès du FN : ces divisions qui minent le parti

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Pour Marine Le Pen, le FN est dédiabolisé – shutterstock.com

Près de trois ans après son accession à la tête Front national, Marine Le Pen participera, ce week-end, au 15e congrès du FN à Lyon. Une occasion pour elle de mettre ses troupes en ordre de bataille en vue de la présidentielle de 2017. Mais ses troupes ne forment pas un bloc si homogène qu’elle ne souhaiterait : il y a les militants et les cadres du parti, les gaullistes et les fils de Pieds-Noirs, ceux qui souhaitent des alliances avec les souverainistes et ceux qui préfèrerait que le parti se tourne vers les identitaires, il y a les fidèles à Le Pen père et les ceux qui cherchent à arriver au pouvoir coûte que coûte. Bref, il y a Marion Maréchal Le Pen et Florian Philippot.

Décalage entre les militants et les cadres du parti

Un grand nombre de technocrates a été embauché par Marine Le Pen pour dé-diaboliser le parti et lui permettre ainsi d’arriver un jour au pouvoir. Ces technocrates – on pense par exemple au directeur de cabinet de Marine Le Pen, Philippe Martel, ancien énarque et collaborateur de Juppé – ont formé une nouvelle élite au sein du parti, élite que le FN dénonçait il y a encore quelques années. N’est-ce pas Jean-Marie Le Pen qui a milité de nombreuses années pour la suppression de l’ENA ? Ce parti qui se voulait anti système l’est-il encore ? De plus en plus de militants en doutent.

Des gaullistes au FN

Sur le fond un désaccord pourrait abimer le parti à termes. Pendant la campagne des municipales, Florian Philippot, vice-président du Front national, avait utilisé le symbole gaulliste de la croix de Lorraine et avait déposé une gerbe sur la tombe du général de Gaulle à Colombey-les-deux-Eglises. Un comportement qui avait tant choqué certains militants de la première heure que Marine Le Pen avait été obligé d’interveni : «Je ne suis pas gaulliste. Je suis plutôt gaullienne, je partage avec le général De Gaulle le souci de la souveraineté de la France », avait-elle expliqué. « Nous partageons le refus d’une union européenne qui refuse sa souveraineté au peuple Français. Mais il y a entre De Gaulle et moi la guerre d’Algérie. Je partage la souffrance des pieds noirs et des Harkis », avait-ajouté.

Alliances ou indépendance

Il est un autre sujet qui divise au sein du Front national, c’est la stratégie. Paul-Marie Coûteaux, rallié au Front national en 2012, a rompu cette semaine les liens avec la présidente du FN. En cause : le refus de Marine Le Pen de comprendre que « la victoire au second tour passe par des alliances ». « Un parti n’arrive jamais au pouvoir seul », explique le souverainiste. « Marine Le Pen a, ces deux dernières années, manqué une occasion historique de réunir toutes les droites », a regretté Paul-Marie Coûteaux, dans les colonnes de Valeurs Actuelles. Les électeurs de l’UMP et du Front national sont majoritairement prêts à des alliances au second tour des régionales, selon un sondage Harris Interactive pour Marianne, publié le 28 novembre. Problème : Marine renvoie dos-à-dos UMP et PS.

Faut-il tendre la main aux identitaire ?

C’est un sujet que les cadres du parti préfèrent éviter et qui est pourtant incontournable : les identitaires sont-ils des alliés du Front national ? Si la direction du parti exclut officiellement un rapprochement avec les identitaires, à Cogolin et à Beaucaire, les maires Front national ont fait appel à des cadres du mouvement de jeunesse Génération identitaire pour gérer leur communication. Marine Le Pen n’a de cesse de marquer ses différences avec ceux qu’elle qualifie « d’européistes » et de « régionalistes » mais force est de constater qu’elle ne peut pas non plus renoncer à des voix qui lui seront certainement utiles en 2017. Car si en nombre, les identitaires ne constitue pas une force de taille, leurs idées connaissent un grand succès : en 2013, le site Fdesouche.com était classé 1er blog politique de France par le site labs.teads.tv.

Marion Maréchal Le Pen vs. Florian Philippot

De vives tensions existeraient par ailleurs entre le vice-président du parti, Florian Philippot, et la jeune députée Marion Maréchal-Le Pen. C’est le chevènementisme contre le nationalisme pur jus, le nouveau visage du Front national contre celui du grand-père. « Florian Philippot représente une ligne antilibérale et interventionniste. Il s’adresse plus à un électorat ouvrier, résidant dans le nord-est du pays », explique Jean-Yves Camus, auteur de l’essai Les Droites extrêmes en Europe (Seuil), pour francetvinfo. « Marion Maréchal-Le Pen, elle, représente un électorat plus méridional, héritier du poujadisme : des artisans, commerçants et classes moyennes sensibles à l’idée de libérer les énergies productives. » Et ce c’est certainement là, la ligne de fracture la plus profonde…

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