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Diplomatie : un bilan plutôt positif pour François Hollande

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Critiqué pour son inaction à l’intérieur, François Hollande est très actif sur la scène internationale – shutterstock.com

Le président de la République sera jeudi prochain sur TF1 pour faire un point sur la moitié de son quinquennat. Mais quel bilan peut-on tirer de son action sur la scène internationale ?

JOL Press : Quelles ont été les réussites de François Hollande sur le plan international depuis le début de son mandat ?
 

Frédéric Encel : Incontestablement, il a renforcé l’influence de la France, notamment au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne. L’absence de tergiversations sur les dossiers malien, syrien et même irakien ont d’ailleurs tranché avec ce qui apparaît de plus en plus comme les incohérences d’un Obama hésitant. Le défaut de cette qualité, ce sont les budgets ; pour poursuivre une politique proactive – absolument nécessaire à mes yeux dans le monde qui vient – il faut s’en donner les moyens. Pour l’heure, on arrive tout juste à assurer l’essentiel des missions mais dans les années à venir, les arbitrages budgétaires, crise ou pas, devront suivre… 

JOL Press : Quels ont été les loupés ?
 

Frédéric Encel : Sauf à vouloir à toute force chercher noise à l’Elysée, on serait en peine de trouver un véritable échec. Je dirais qu’à l’heure actuelle, le dossier le moins aisé serait celui de la vente des navires porte-hélicoptère à la Russie, avec peut-être les tentatives d’influencer Poutine dans le sens d’une plus grande pondération sur la question est-ukrainienne. Cela dit, même les Américains ont échoué à ce niveau et, en outre, la France tient son rang dans les sanctions économiques infligées à Moscou.    

JOL Press : Quel bilan peut-on tirer de son action auprès de ses partenaires européens ?
 

Frédéric Encel : Dans les années 1920, face aux critiques, le ministre des Affaires étrangères Aristide Briand disait faire « la politique de notre natalité » (très faible à l’époque). Sur le théâtre européen, François Hollande et Manuel Valls font aujourd’hui la politique de notre économie. Structurellement, la France a décroché de sa partenaire allemande au cours de la décennie passée et, dans l’absolu, se trouve dans une situation très dégradée. Il s’agit donc, dans les pourparlers avec nos partenaires, de gérer au mieux cet état de fait. Mais sans attendre de miracle. 
Pour le reste, le maintien à haut niveau de l’alliance avec nos amis britanniques est frappé au coin du bon sens géopolitique. 

JOL Press : Comment est-il considéré par ses partenaires dans le reste du monde ?
 

Frédéric Encel : Question difficile ! On ne peut demander aux 194 chefs d’Etat et de gouvernement, et moins encore à leur opinion publique respective… Mais du Proche-Orient – où François Hollande est autant apprécié des Israéliens que des Palestiniens, un tour de force ! – à la Chine en passant par le Sahel, rares sont les critiques de fond. Même le maître du Kremlin, en dépit de ses réserves, n’a pas instruit de procès en incompétence ni en arrogance au président français. Hollande et Valls sont en revanche détestés des islamistes, ce qui vaut compliment…  

JOL Press : Quels sont aujourd’hui les grands enjeux internationaux ? François Hollande est-il prêt à y faire face ?
 

Frédéric Encel : Dans l’ordre des priorités, je dirais la menace de déstabilisation accrue des Proche et Moyen Orients par l’Etat islamique, le nucléaire iranien, la crise ukrainienne, et, ne l’oublions pas, le regain de tension gravissime entre la Chine et le Japon. Sur les trois premiers dossiers, il n’y a aucune raison de douter des capacités de François Hollande pour la dernière partie de son quinquennat. Sur le dernier de ces dossiers, il ne pourra guère influer sur les événements, simplement car la France est peu présente dans la zone. 

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

Frédéric Encel est docteur en géopolitique, professeur de relations internationales à l’ESG Management School et maître de conférences à Sciences Po. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont De Quelques idées reçues sur le monde contemporain (Autrement, 2013) et Géopolitique du printemps arabe (PUF, 2014).

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