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Environnement: le Prix Pinocchio épingle Shell, GDF Suez et Samsung

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(Photo : nevenm/Shutterstock.com)

La cérémonie de remise des Prix Pinocchio s’est déroulée à Paris, mardi 18 novembre. Au terme d’une campagne qui a permis de recueillir 61 000 votes de citoyens, Les Amis de la Terre, en partenariat avec Peuples Solidaires – ActionAid France et le Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID) ont annoncé les grands vainqueurs de l’édition 2014 : Shell, GDF Suez et Samsung.

« Une pour tous, tout pour moi »

Le pétrolier néerlandais Shell a remporté cette année le Prix Pinocchio dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi », prix décerné à l’entreprise « ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles », explique le collectif. Avec 43 % des votes, Shell s’est ainsi démarqué des autres nominés de cette catégorie, Total et le Crédit Agricole, « pour la multiplication de ses projets de gaz de schiste dans le monde entier, sauf aux Pays-Bas, son pays d’origine, soumis à un moratoire », expliquent les associations dans un communiqué commun.

« Alors que cette multinationale, comme les autres grandes compagnies pétrolières, se targue de mener ses opérations en respectant des ‘principes ambitieux’, la réalité constatée sur le terrain, notamment en Argentine et en Ukraine, est bien différente : absence de consultation des populations, puits dans une aire naturelle protégée et sur des terres agricoles, réservoirs d’eaux de forage toxiques à l’air libre, opacité financière, etc. ».

« Plus vert que vert »

Dans la catégorie « Plus vert que vert », prix décerné à l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles, GDF Suez gagne le Prix Pinocchio grâce à 42 % des votes contre ses concurrents, EDF et Pur Projet.

Les associations dénoncent ici les « obligations vertes » de l’entreprise. « Au mois de mai dernier, ce géant énergétique français avait annoncé fièrement avoir émis la plus importante ‘obligation verte’ jamais réalisée par une entreprise privée, récoltant 2,5 milliards d’euros auprès d’investisseurs privés pour financer soi-disant des projets énergétiques propres. Mais quand on y regarde de plus près, aucun critère social et environnemental clair n’est associé à ces obligations ‘vertes’, et l’entreprise n’a pas publié la liste des projets financés. Elle pourrait même utiliser cet argent pour des projets destructeurs », justifie le communiqué.

« Mains sales, poches pleines »

Avec 40 % des votes, le Prix Pinocchio de la catégorie « Mains sales, poches pleines », prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement a été décerné à Samsung, « pour les conditions de travail indignes dans les usines qui fabriquent ses produits en Chine : heures de travail excessives, salaires de misère, travail des enfants, etc. ».

« Malgré des enquêtes et interpellations répétées de la société civile, et le dépôt d’une plainte en France, ce leader de la high tech s’entête à nier ces accusations. L’entreprise devrait affronter la réalité et mettre en œuvre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de travail des ouvriers et ouvrières chinoises, et mettre fin à ces violations de droits », expliquent les associations.

Un prix pour dénoncer les entreprises coupables

Les Prix Pinocchio ont été créés en 2008 et se sont fixés comme objectif de contribuer à faire pression sur les entreprises pour qu’elles changent leurs pratiques.

 « Il y a un an tout juste nous nous félicitions du dépôt d’une proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales, mais les pressions des lobbies maintiennent le gouvernement dans l’inaction, et cette loi n’a toujours pas été votée, ni même discutée au Parlement. En opposant  des faits concrets aux beaux discours des entreprises, les Prix Pinocchio montrent cette année encore que ces vides juridiques permettent aux entreprises d’agir en toute impunité en France et dans le monde », explique ainsi Juliette Renaud, chargée de campagne sur la Responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre.

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