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Forte mobilisation autour d’Asia Bibi condamnée à mort pour blasphème

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C’est une histoire banale qui pourrait finir bien mal. En 2009 une dispute éclate entre une chrétienne pakistanaise et des femmes musulmanes de son village. Ces femmes refusent de boire de l’eau dans un verre qu’Asia Bibi vient d’utiliser, jugeant le liquide impur, « haram », car il a été utilisé par une chrétienne. Un incident qui prend un tournant épineux quand sont abordées  les différences entre Jésus et Mahomet. Accusée de blasphème, Asia Bibi est jetée en prison et condamnée à mort en 2010.

Cette histoire prend alors une véritable ampleur au Pakistan : sa tête est mise à prix par un groupe islamiste et les deux personnalités politiques qui prennent sa défense, Salman Taseer, gouverneur du Penjab, et Shahbaz Bhatti, ministre des Minorités religieuses, sont assassinées en 2011.

La Haute cour de Lahore confirme la peine capitale

Après quatre années de détention, le dernier espoir d’Asia Bibi est entre les mains de la Haute Cour de Lahore (Pendjab). Mais le 16 octobre ce tribunal confirme le verdict initial : peine capitale pour blasphème. « La défense dispose maintenant de 30 jours pour faire appel devant la Cour suprême », explique Emmanuel Derville, journaliste en Inde et au Pakistan depuis 2009, en contact avec l’avocat d’Asia Bibi, Naeem Shakir, dans les colonnes de La Vie. « Il y a des chances qu’elle soit libérée par la Cour suprême, car, hors des pressions de la rue et des religieux fondamentalistes, les juges pourront se prononcer plus sereinement », précise à l’agence Apic l’ancien ministre de l’Harmonie nationale au Pakistan, frère de Shahbaz Bhatti. Tout n’est pas perdu puisqu’au Pakistan jamais personne, jusqu’à présent, n’a été exécuté pour blasphème.

« Nous sommes en ce moment mobilisés pour le dernier recours devant la Cour suprême du Pakistan, que nous devons déposer avant le 4 décembre », a déclaré le mari d’Asia Bibi, Ashiq Masih, dans les colonnes du Figaro. « Mais nous savons surtout que le bon moyen serait d’obtenir la grâce présidentielle. Nous sommes convaincus qu’Asia Bibi ne sera pas pendue seulement si le vénérable président du Pakistan, Mammoon Hussain, accorde son pardon. On ne doit pas mourir pour un verre d’eau. »

Grande mobilisation occidentale

Le 14 novembre dernier, la maire de Paris, Anne Hidalgo, demandait solennellement au président pakistanais Mamnoon Hussain de gracier Asia Bibi. « Tout comme le gouvernement français l’a exprimé par la voix du ministre des Affaires étrangères, je rappelle mon opposition absolue à la peine de mort, en tous lieux et en toutes circonstances », écrit-elle dans le Figaro. « Je réaffirme aussi, contre ceux qui ont une conception culturaliste et relativiste des droits de l’homme que personne, nulle part, ne doit être poursuivi pour un supposé ‘délit de blasphème’ qui porte atteinte à la liberté de religion ou de conviction, ainsi qu’à la liberté d’opinion et d’expression. »

Du fond de sa prison, Asia Bibi a confié : « J’apprends que la Ville de Paris veut de nous. Je veux remercier toutes les personnes à Paris et la maire. Vous êtes ma seule chance de ne pas mourir au fond de ce cachot. S’il vous plaît, ne me laissez pas tomber. Je n’ai pas blasphémé.»

Le 29 octobre, la philosophe Élisabeth Badinter dénonçait la condamnation à mort « insupportable » d’Asia Bibi, lors d’un rassemblement à Paris en soutien. « Il faut mettre une pression constante. Quand on se mobilise partout dans le monde ça ne fait pas plaisir aux autorités locales », a-t-elle expliqué. Et d’inciter si François Hollande à faire entendre sa voix : « Ca aiderait la cause que nous défendons ».

Dans une lettre, adressée au pape François et publiée par le site Vatican Insider, Asia Bibi suppliait fion octobre « le souverain pontife de prier pour elle », « pour son salut et pour sa liberté ». « Je suis encore agrippée avec force à ma foi chrétienne », écrit-elle. « Je sais que grâce à ta prière, ma liberté pourrait être possible. » C’est tout ce qu’on lui souhaite…

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