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François Hollande, ses derniers soutiens: qui sont-ils?

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Selon le baromètre Ifop pour le JDD de septembre, parmi les sympathisants de gauche, seuls ceux du PS se montrent satisfaits avec 42% pour François Hollande.

JOL Press : En septembre, selon le nouveau baromètre Ifop-JDD, François Hollande perdait quatre points et établissait un nouveau record d’impopularité. Comment l’expliquiez-vous ?
 

François Kraus : La rentrée est toujours une période assez chaude. François Hollande avait perdu 5 points en 2013, entre août et septembre, 9 points en 2012, entre août et septembre. Ces chutes qu’on observe à la rentrée ne sont pas des surprises. On quitte la période estivale, les impôts arrivent, on a toujours un ensemble de préoccupations qui font que la rentrée est toujours une période particulière politiquement.

Mais en règle générale cette impopularité s’explique par une inaction de l’exécutif sur le front de l’emploi et une absence de résultat en particuliers sur la réduction des déficits et de la dette. Les gens ont bien compris qu’on leur demandait des efforts mais que ces efforts ne se traduisaient pas par une relance de l’économie. L’échec du mandat de François Hollande est acté par un grand nombre de Français. Ce qui est inédit c’est que sa cote de popularité est en berne y compris chez les sympathisants socialistes.

JOL Press : On ne compte plus que 13% de satisfaits de François Hollande. Qui sont ces Français ?

François Kraus : Ce sont principalement des sympathisants de gauche. Mais seuls 40% des sympathisants le soutiennent, ce qui veut dire qu’il est délaissé par une majorité de ses anciens sympathisants, ce qui est assez exceptionnel. On peut aussi trouver des Français satisfaits de l’action du président chez EELV ou au Front de gauche, dans des proportions beaucoup plus faibles. Son assise électorale se limite donc vraiment à une portion limitée du PS et à 1 sympathisant sur 6 proche d’EELV ou du Front de gauche.

Sociologiquement, ces Français appartiennent aux catégories les plus aisées et les plus diplômés, des gens insérés économiquement, des cadres et des professions intellectuelles supérieures pour la plupart. C’est d’ailleurs ce nous avions observé lors de son élection : la gauche n’ayant plus d’assise populaire, le nombre de personnes ayant voté pour François Hollande était d’autant plus élevé que la situation professionnelle de ces électeurs était importante.

JOL Press : François Hollande n’a donc pas de réservoir de voix dans les couches populaires ?
 

François Kraus : Déjà en mai 2012, avant son arrivée à l’Elysée, il avait un score de 20 points supérieurs chez les cadres que chez les ouvriers, c’est une constante que l’on observe depuis longtemps. Maintenant, quand on regarde le détail de sa popularité selon les professions, on voit un niveau de popularité deux fois supérieur chez les cadres que chez les ouvriers.

JOL Press : Nouveau record pour un président de la République sous la Ve République, Nicolas Sarkozy n’étant descendu qu’à 28%. Comment expliquer cette différence de popularité ?
 

François Kraus : Nicolas Sarkozy était beaucoup plus clivant mais il avait un socle de fans, si je puis dire. Un certain nombre de sympathisants de droite se reconnaissaient vraiment dans son discours et dans sa manière de gouverner. Il voyait chez lui une capacité d’action et de réformes. François Hollande n’a pas du tout suscité ce même enthousiasme, sa popularité a fondu encore plus vite. Il n’a pas su se constituer un socle assez solide d’inconditionnels de sa politique.

C’est avant tout, selon moi, une question de personnalité, de manière de gouverner, d’image qu’il renvoie dans les médias et dans sa manière de gérer des grands dossiers. On le voit sur l’écotaxe, sur la réforme territoriale, sur cette réforme fiscale qui n’a jamais vu le jour… Les deux hommes n’ont pas du tout la même manière de gouverner ou présenter leur action.

JOL Press : Opération séduction à la télévision : quelle est la cible électorale du président ?
 

François Kraus : Quand il n’arrive pas à fédérer au sein de sa propre famille, on peut penser qu’il cherche le cœur de l’électorat de gauche et de centre-gauche. S’il arrive déjà à regagner la confiance d’une partie de son électorat de 2012. Le succès de ces émissions se voit plutôt à l’audience et si on compare l’audience qu’il fait à celles que faisaient Nicolas Sarkozy ou Jacques Chirac, on se rend compte que les émissions auxquelles François Hollande participe ne sont pas suivies par beaucoup de monde.

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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