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Les jeunes, ces grands oubliés de la présidentielle en Tunisie

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Pour la deuxième fois de suite et en moins d’un mois, les Tunisiens se sont rendus aux urnes pour décider de leur destin – shutterstock.com

Les Tunisiens organisaient, dimanche 23 novembre, la première élection présidentielle libre, depuis la destitution de Ben Ali il y a quatre ans. Les électeurs avaient le choix entre 27 candidats mais la victoire devrait se jouer entre Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki, même si le premier est largement donné favori. 

JOL Press : Les jeunes se sont-ils intéressés à cette élection ?
 

Lina Ben Mhenni : Pour commencer, il ne faut pas mettre tous les jeunes dans le même panier. Il y a ceux qui sont totalement indifférents aux élections et il y a ceux sans qui  les élections auraient été un échec et je parle là de tous ces jeunes qui ont veillé à l’organisation des élections à son monitoring et à son observation. Je parle aussi de ceux qui ont travaillé pour des campagnes électorales.

Mais pour être honnête et selon les premiers chiffres il y a eu une grande abstention de la part des jeunes, soit par conviction, soit par indifférence suite à la succession de désespoirs et de déception. Les jeunes, en général, ne peuvent plus faire confiance aux politiciens après l’expérience troublante qu’ils ont vécue pendant ces qutre dernières années. Les jeunes sont las des promesses non tenues et des paroles… 

JOL Press : Retour à l’ancien régime ou retour des islamistes… Était-ce la seule alternative pour les jeunes ?
 

Lina Ben Mhenni : Malheureusement nous nous sommes retrouvés dans cette situation à cause de plusieurs facteurs. J’ai l’impression que plusieurs éléments ont fait qu’il y a eu une bipolarisation entre deux alternatives sans une troisième. Ceux qui ont voulu échapper aux islamistes ont voté à Nidaa Tounes influencés par cette histoire de vote utile propagée par des médias et des lobbies et ceux qui voulaient échapper au retour de l’ancien régime ont voté pour Moncef Marzouki qui ne serait rien d’autre que le candidat déguisé du parti islamiste.

Des machines de propagande ont travaillé dans ce sens-là. Les autres candidats n’ont pas su mener leurs campagnes et faire le contre poids contre ces deux machines  propagandistes et politiques. 

JOL Press : Sur quels thèmes les jeunes attendent-ils leur futur président ?
 

Lina Ben Mhenni : Tout est à revoir et à refaire dans ce pays. Bien sur le problème du chômage serait à la tête de la liste pour les jeunes. Mais aujourd’hui nous faisons face à un problème sécuritaire, des problèmes économiques et sociaux, des problèmes de liberté aussi. Les jeunes sont désespérés. Le système éducatif doit être réformé. Il y a plein de problèmes à régler.

JOL Press : Les candidats ont-ils été sensibles à leurs préoccupations ? 
 

Lina Ben Mhenni : Je ne pense pas que nous nous sommes concentrés sur les programmes en votant. Les campagnes électorales étaient principalement concentrées sur les personnes et non pas sur les programmes et les préoccupations des Tunisiens. Il y a eu quelques promesses mais est-ce qu’il y a une volonté pour les réaliser ? C’est la question à poser. De toute manière personnellement je ne pense pas que les candidats  ont en général réussi à toucher les jeunes et à gagner leur confiance. 

Propos recueillis par Marine Tertrais pour JOL Press

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