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Lui, Président… une fois à l’Elysée, pourquoi le candidat doit se dédire

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Entre réforme et révolution, offre et demande, marché et Etat, tous prétendent avoir le remède miracle, mais répugnent à en faire la pédagogie et surtout à l’appliquer : réélection oblige. Le choc des civilisations, des identités, des cultures, trop longtemps refoulé par le politiquement correct, fait un retour fracassant dans les villes de grande solitude. La question n’est plus de savoir si la France va imploser : mais comment et quand cette désagrégation s’imposera. A moins que…

Extraits de Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi, d’André Bercoff (octobre 2014 – First éditions)

Ne jetez pas la pierre à nos politiques, arrêtez de tirer constamment sur les pianistes des urnes : vous les voyez paumés, ne sachant plus à quelle idée se vouer, tournoyant devant les micros comme des volailles à qui on a coupé le cou afin de répéter, s’ils sont dans l’opposition, que tout va très mal Mme la marquise. Alors que s’ils appartiennent à la majorité, ils chantent : nous faisons tout pour vous en sortir, chers compatriotes.

Le fait est que le pouvoir, mondialement, a changé de signe. Et de signification. Surtout dans nos chères et bien-aimées démocraties. Une élection permet d’y prendre le pouvoir, mais ensuite, il s’agit de le conserver en vue des prochaines échéances, de se garder à droite, de se garder à gauche, de limiter les dégâts climatiques et économiques, politiques et communautaires, corporatistes et monétaires : si l’on y réfléchit bien, les douze travaux d’Hercule ne sont que roupies de sansonnet eu égard à l’exercice d’équilibre plus que précaire, bras en écharpe et semelles de plomb, des princes qui transpirent à nous gouverner. Pourquoi ? Parce que l’exercice du pouvoir s’est totalement métamorphosé à cause des deux phénomènes marquants de ce début de xxie siècle : la mondialisation et le numérique, qui condamnent la classe politique à une double et inéluctable pression exercée d’en haut et d’en bas. Et l’étau ne fait que se resserrer.

[image:2,s]Banalité de base : le politique est élu par ses compatriotes. Mais, dès le lendemain de la fête, lampions éteints, bouteilles vidées, embrassades et applaudissements terminés, la gueule de bois. Notre héros doit immédiatement dealer avec, pour ne citer qu’eux, le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale du commerce, l’Union européenne et la Banque centrale du même nom. Sans évoquer, par exemple, les changements climatiques et l’évasion fiscale qui, par définition, ne connaissent ni frontières ni bureaux de vote. Vont défiler dans son bureau présidentiel, les lobbyistes des multinationales, les investisseurs étrangers et autres citoyens du monde uniquement préoccupés par les variations capricieuses du marché. Il perçoit ainsi très vite l’étroitesse de ses marges de manœuvre.

Dans sa tête soucieuse et emplie, commence le dilemme qui ne cessera de le hanter durant tout son règne démocratique : pendant sa campagne, il a promis de réenchanter le pays, de réduire les inégalités, de refonder l’espérance et de ramener le bonheur sur terre. À la fois démagogue et sincère, volontaire et entravé, il découvre dans les ors de son nouveau palais ce qu’il savait déjà : la difficulté d’exister et d’agir librement dans un monde définitivement interconnecté. De savoir, en effet, que les sociétés du CAC 40 sont détenues à plus de 50 % par des fonds de pension au goût étrange venu d’ailleurs, incite à une certaine humilité qui ne va pas du tout au teint du vainqueur suprême.

La tâche est d’autant plus difficile qu’au bas de l’échelle, les contestations de l’autorité croissent et se multiplient, surtout depuis la formidable irruption d’Internet dans notre vie quotidienne. L’on n’a pas encore assez analysé les changements fondamentaux qui commencent à être induits, dans tous les domaines, par le règne du numérique.

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André Bercoff est écrivain, journaliste et homme de télévision. Depuis son livre, L’Autre France, en 1975, il est l’auteur d’une trentaine de romans et d’essais, dont  Moi, Président… (2013 – First éditions), Je suis venu te dire que je m’en vais (novembre 2013 – Éditions Michalon), ou Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi : Chronique d’une implosion annoncée (octobre 2014 – First éditions).

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