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Lutte contre Boko Haram: le bilan très mitigé de Goodluck Jonathan

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A plusieurs reprises durant son mandat, Goodluck Jonathan a affirmé vouloir faire de la sécurité sa priorité. Sa cible : la secte islamiste de Boko Haram qui ravage le nord du pays depuis plusieurs années.

Or quatre ans plus tard, force est de constater que le bilan sécuritaire n’est pas bon. Non seulement Boko Haram est toujours en place et contrôlerait une vingtaine de localités, mais la secte poursuit ses exactions, qui sont devenue presque quotidiennes.

Lundi 10 novembre, un kamikaze s’est fait exploser dans un lycée de l’Etat de Yobé. Cet attentat a fait 50 victimes La semaine précédente, c’est dans l’Etat de Borno que ces islamistes radicaux ont frappé en blessant par balles plusieurs dizaines de personnes. Les Nigérians n’oublient également pas les 240 lycéennes enlevées et toujours retenues en otage.

Deux années d’inaction

Face à cette situation, les Nigérians reprochent au chef de l’Etat d’avoir sous-estimé l’importance du groupe islamiste. Durant deux ans, à partir de son élection, le président aura observé la situation sécuritaire se dégrader au nord avant de mettre en œuvre une réelle opération contre Boko Haram.

« L’élection de Goodluck Jonathan en 2011 est marquée par des dizaines d’attentats et face à cette situation celui qui dirige l’Etat semble faire la sourde oreille. Durant deux années, des centaines de personnes vont se faire tuer lors d’attaques, d’autres seront massacrées et des exactions seront commises contre les populations », explique ainsi le magazine Afrique Inside.

C’est alors que le président ouvrira la voie d’une nouvelle ère, c’est de la lutte contre les islamistes. Un combat qui dure toujours et qui n’a pas encore donné les résultats escompté, en raison notamment de la « faiblesse des moyens » donnés aux forces de sécurité nigérianes.

Mensonge d’Etat

Pourtant, le gouvernement n’a jamais hésité à communiquer sur cette lutte en mettant en avant des victoires militaires qui n’ont jamais vraiment existé. « Pour minimiser le chaos qui s’installe dans la région, les autorités diminuent systématiquement les bilans des attaques, parfois de façon complètement fantaisiste », explique ainsi Afrique Inside.

Cela s’est vérifié à plusieurs reprises, alors que l’armée nigériane a annoncé la mort du leader de la secte islamiste, Abubakar Shekau. Déclaré mort à quatre reprises, ce dernier est revenu à la vie aussi souvent, plaçant à chaque fois l’armée nigériane dans une situation délicate.

Cela s’est également vérifié dans le cadre de l’enlèvement des 240 lycéennes. En effet, alors que le gouvernement a annoncé avoir tout mis en œuvre pour retrouver les jeunes filles, un rapport de l’ONG Amnesty International a affirmé que les forces de sécurité avaient été informées de l’imminence du rapt, et n’ont pourtant pas agi.

« Après avoir confirmé certaines informations de manière indépendante grâce à des entretiens accordés par plusieurs sources crédibles, l’organisation a révélé vendredi 9 mai que les forces nigérianes de sécurité avaient reçu des informations sur l’attaque plus de quatre heures à l’avance mais qu’elles n’ont rien fait pour l’arrêter », a ainsi explique Amnesty International dans un communiqué, près d’un mois après les faits.

Les exactions de l’armée sont fréquentes

Le bilan sécuritaire de Goodluck Jonathan passe également par l’action de son armée sur le terrain. Or les rapports se multiplient pour dénoncer les forces de l’ordre au nord du pays qui, dans le but de lutter contre les islamistes, terrorisent la population et se rendent coupables de multiples exactions.

Dans un rapport publié en 2012, l’ONG Amnesty International dénonçait les graves atteintes aux droits humains dont se rendent coupables les forces de sécurité nigérianes.

Francis Perrin, porte-parole de l’organisation en France affirmait alors que les forces de l’ordre du Nigeria se rendent régulièrement coupables « d’actes de torture, d’exécutions extrajudiciaires, d’incendies volontaires de maisons, de détentions sans procès et de disparitions forcées ».

« Le gouvernement ferme les yeux », expliquait-il encore. « Il affirme que face à Boko Haram, ses agents sont obligés ‘d’avoir la main lourde’ ».

Une armée délabrée

Si depuis 2012, le gouvernement nigérian a lancé une vaste offensive contre Boko Haram, les résultats ne sont toujours pas apparus. Force est de constater que les islamistes ne souffrent que très peu des attaques de l’armée nigériane.

Sont alors aussi en cause les moyens donnés aux forces de sécurité pour combattre la secte islamiste. Si le Nigeria fait partie des pays les plus prometteurs de l’Afrique de l’Ouest en termes économiques, l’armée est en reste et de nombreux témoignages font part de l’état de délabrement des forces de l’ordre.

« Leurs moyens sont dérisoires. Les témoignages que nous avons recueillis montrent par exemple que de nombreux membres des forces de sécurité ne sont pas munis de gilets pare-balles. Certaines équipes n’ont pas de véhicules, ou quand elles en ont, elles n’ont pas de carburant pour les faire fonctionner », expliquait ainsi Francis Perrin pour JOL Press.

Goodluck Jonathan a-t-il toutes ses chances ?

Face à Goodluck Jonathan, pour cette élection présidentielle, deux personnalités ont d’ores et déjà annoncé leur candidature. Muhammadu Buhari et Attiku Abubakar, tous deux membres du Congrès progressiste, principal parti d’opposition, se présenteront aux primaires de leur parti.

L’annonce de Goodluck Jonathan a été peu appréciée au sein de son parti et a provoqué une fuite de certains cadres vers l’opposition. Toutefois, cette vague de départ n’a visiblement été qu’un épisode et il semblerait que la candidature du président à sa propre succession soit désormais acceptée par tout son parti.

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