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«Obama espère marquer sa présidence du sceau de grandes réformes»

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JOL Press : « Il faut vraiment tendre la main à l’opposition et essayer de persuader autant que possible » a déclaré le président américain après avoir perdu la majorité au Congrès. Comment Barack Obama va-t-il composer avec le parti conservateur jusqu’à la fin de son mandat ?
 

Olivier Richomme : Avec de très grandes difficultés. La relation avec les Républicains est très endommagée. La confiance est faible entre les deux camps, et les chances qu’ils trouvent un terrain d’entente sont minces. Même six ans après, il est difficilement envisageable de voir les Républicains et les Démocrates travailler ensemble.

JOL Press : Politique migratoire, réchauffement climatique …La victoire des Républicains aux élections des midterms va-t-elle faire obstacle aux projets de lois de Barack Obama ?
 

Olivier Richomme : En ce qui concerne le réchauffement climatique, Barack Obama va agir de manière unilatérale, sans Congrès. Il a passé des décrets avec des agences fédérales. Il faut bien comprendre, que s’il y avait un accord sur un traité, il serait difficile pour les Républicains de ne pas voter ce traité deux ans avant l’élection présidentielle, alors que le réchauffement climatique est un sujet important pour l’opinion américaine… Désormais, toutes les décisions prises par les Républicains doivent être interprétées avec le prisme de l’élection présidentielle, dont la campagne a déjà commencé. Plusieurs visent la primaire républicaine, et essayent de prendre des décisions qui les rendent présidentiables.

Il est cependant possible que Barack Obama fasse des promesses que le Sénat refuse de signer, que cela concerne le nucléaire iranien, ou le réchauffement climatique : il faut négocier et de se servir de l’opinion publique.

La réforme de l’immigration est au cœur des divisions du parti Républicain. Tant que le parti n’a pas négocié en interne –cela se fera au moment de la primaire et en fonction du résultat de l’élection présidentielle – les Républicains auront des difficultés à se mettre d’accord. Instrumentaliser la question de l’immigration à des fins électorales est vraiment au cœur de leur stratégie. C’est le résultat de 2016 qui dira ou non si le parti républicain trouve une nouvelle coalition conservatrice autour d’un certain leader.

JOL Press : Sur quelles réformes, au contraire, Barack Obama pourra-t-il avancer avec les Républicains ?
 

Olivier Richomme : Sur la question des oléoducs, c’est-à-dire l’acheminent du pétrole liquéfié du Canada jusqu’au golfe du Texas, qui est une question environnementale mais aussi une question d’emploi. Les retombées financières sont énormes. Républicains et Démocrates trouveront peut-être un terrain d’entente. Restent également toutes les questions budgétaires, ainsi que les nominations fédérales qui seront validées par le Sénat : mais un bras de fer s’annonce.

Barack Obama va surtout essayer d’empêcher les Républicains de détricoter tout ce qu’il a fait jusque-là, notamment sur la réforme de l’assurance maladie où il risque d’y avoir des  tentatives plus ou moins calculées d’essayer de mettre le Président en défaut pour le faire utiliser son droit de veto.  

JOL Press : Comment Barack Obama va-t-il faire face aux deux ans qu’il lui reste à la Maison Blanche : tient-il à montrer que c’est encore lui le « patron » ?
 

Olivier Richomme : Lorsqu’on est président des Etats-Unis, on a le sens de la compétition et le sens de l’Histoire ainsi qu’un égo démesuré. Barack Obama a encore espoir de marquer sa présidence du sceau de grandes réformes. Il risque de chercher des moyens de le faire de façon unilatérale, plus qu’avec l’accord du Congrès : par décret pour le traité contre le réchauffement climatique, mais aussi sur tous les sujets de politique étrangère, en Irak et en Syrie. Barack Obama adorerait un accord avec l’Iran sur le nucléaire avant la fin de son mandat.

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