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RSE et pratiques de reporting montent en puissance en France

Tennaxia  publie les résultats de la deuxième édition de son étude consacrée à la RSE et aux  pratiques de reporting extra-financier, alors que la réglementation française sur le reporting extra-financier (article 225 de la loi Grenelle 2), s’apprête à rentrer dans sa troisième année d’application.

Cette étude a pour objectif de permettre aux entreprises de mesurer leur maturité dans la mise en œuvre de leur stratégie RSE et de leurs pratiques de reporting extra-financier, d’apprécier leur avancement dans le pilotage de leur performance RSE par rapport au marché et d’identifier leurs axes d’amélioration.

L’échantillon se compose cette année de 48 entreprises (32 entreprises non cotées et 58% des répondants affichent un profil de grande entreprise.) contre 22 en 2013. Un nombre d’entreprises interrogées s’élevant à 190 pour cette année contre 145 l’année passée. Un retour de 25%, contre 15% en 2013, qui pourrait être interprété comme un premier signal de l’intérêt porté au sujet et de sa montée en puissance.

Faire de la RSE un levier de performance des entreprises

A ce sujet, Madame Hélène Valade, Présidente du C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable) et Directrice du Développement Durable de Suez Environnement, qui a bien voulu répondre à nos questions a déclaré « Un nombre croissant de personnes se rend compte qu’on est à la fin du cycle de notre modèle économique actuel : la vision de la performance change, elle n’est plus uniquement financière mais globale, à savoir, économique, environnementale et sociale. Cette idée fait son chemin dans la tête des dirigeants d’entreprise. D’autre part, le reporting engendré par l’article 225 structure les démarches et permet de les piloter. Ces deux facteurs s’additionnent pour créer une vraie dynamique, et ancrer le reporting RSE au niveau du management, avec des indicateurs extra-financiers fondés à être utilisés comme des indicateurs de pilotage de la performance globale».

Dans cette veine, si 58% des répondants considèrent la RSE comme un véritable levier de performance ou comme pleinement intégrée au Business Model, seulement 8 entreprises mesurent et se fixent des objectifs de R.O.I pour les actions déployées dans le cadre de leur démarche RSE.

Les  entreprises renforcent leur gouvernance RSE

On constate un renforcement de la gouvernance de la RSE au sein des entreprises. Ainsi, 83% des répondants ont un(e) directeur(trice) du développement durable ou directeur RSE et 38% d’entre eux sont membres du comité de direction.

Par ailleurs près de deux entreprises sur trois sont dotées d’un comité RSE ; on note que certaines directions comme Audit et contrôle interne, Risques, Commerciale, Logistique ou encore SI sont peu impliquées dans ces comités. La mission principale du comité RSE est de définir la politique RSE et les indicateurs de pilotage.  

Des éléments structurants sur l’intégration de la RSE dans le business model des entreprises sont encore très perfectibles ; ainsi, on remarque que très peu de dirigeants ont des objectifs et des salaires indexés sur des critères RSE (25% des directeurs généraux ont des objectifs RSE et seulement 4 entreprises indexent le salaire du directeur général sur des critères RSE) ; on observe également la faible corrélation du management des risques avec la stratégie RSE des entreprises (25% des stratégies RSE découlent de l’identification des risques).

L’usage des référentiels internationaux se généralise au sein des entreprises ; ainsi, l’ISO 26000 monte en puissance avec 54% de l’échantillon l’utilisant, quand une entreprise sur deux adhère au Pacte Mondial. Si les parties prenantes sont désormais considérées comme incontournables, on note toutefois que le dialogue avec les parties prenantes et surtout leur implication dans l’évaluation des enjeux avec le test de pertinence (test de matérialité) sont encore assez limités. Ainsi, 44% des entreprises ont cartographié leurs parties prenantes quand 13% d’entre elles ont effectué un test de pertinence en interrogeant leurs parties prenantes ; on note que seulement 5 entreprises ont identifié et cartographié leurs parties prenantes au niveau de leurs sites.

Le Reporting RSE en voie d’émancipation de la conformité réglementaire ?

Qu’elles soient soumises (73%) ou non (27%) au décret n°2012-557 du 24 avril 2012 relatif aux obligations de transparence des entreprises en matière sociale et à l’arrêté du 13 mai 2013 déterminant les modalités dans lesquelles l’organisme tiers indépendant (OTI) conduit sa mission, un peu plus de la moitié des entreprises se contentent de respecter les exigences réglementaires. Pourtant, et c’est un signe d’une très nette maturité, un peu plus d’un tiers de l’échantillon estime que la première raison de la mise en place d’un reporting est son inscription dans la logique de la démarche RSE engagée. On remarque que 6 SAS non cotées ont mis en place un reporting (alors que le statut SAS n’est pas visé par les dispositions réglementaires).

Reporting RSE et méthodes

Comme pour la mise en œuvre des démarches RSE, le reporting extra-financier s’appuie sur des référentiels. En revanche, si 17 entreprises disent utiliser la GRI (dont 4 la GRI G4), seulement 7 de ces entreprises sont en conformité avec les lignes directrices préconisées par ce référentiel ; l’usage des indicateurs GRI pour la table de concordance art.225/ISO 26000/Pacte Mondial/Principes de l’OCDE…reste donc majoritaire et montre que les entreprises ont une marge de progression sur ce point.

Sur le traitement des thématiques, on voit que le chapitre sociétal visé par le décret d’application de l’article 225 de la loi Grenelle 2 est le plus faiblement traité.

Quant aux indicateurs, si 44% des entreprises choisissent leurs indicateurs en fonction de leur besoin de pilotage de la stratégie RSE, 2/3 des entreprises n’associent des objectifs qu’à quelques indicateurs.

Concernant les outils et procédures de reporting, si le tableur Excel reste majoritairement utilisé par près de la moitié de l’échantillon, il fait l’objet de critiques sur le manque de traçabilité et la qualité des données collectées ; 23% de l’échantillon utilisent une solution logicielle de reporting extra-financier. Les entreprises évoquent parmi les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de leur reporting, la difficulté de collecter l’information et la capacité à mobiliser les contributeurs. Des freins que l’on peut corréler à l’utilisation majoritaire d’Excel.

Pour ce qui est de la vérification par un OTI, 75% des entreprises ont choisi leur CAC.

Du reporting à la publication des rapports

Le rapport dédié est utilisé par plus de la moitié du panel. Seulement 4 entreprises réalisent un rapport intégré et seulement 10% du panel fait évaluer son rapport par ses parties prenantes. Si 33 entreprises (71%) déclarent avoir mis en place un reporting pour communiquer concrètement leurs engagements à leurs parties prenantes, …seulement 21 entreprises (41%) utilisent leur rapport comme outil de dialogue avec leurs parties prenantes !

Si un tiers des entreprises est soumis à une notation extra-financière (dont 40% se soumettent volontairement), on constate que les relations avec les agences restent très procédurales ; ainsi, aucune entreprise n’établit de réel dialogue pour comprendre les attentes des agences de notation.

Conclusion de l’étude Tennaxia

Si la RSE est considérée comme un levier de performance par une majorité d’entreprises, le reporting extra-financier reste majoritairement un outil de constat, un outil de contrôle du passé et pas encore un véritable outil de pilotage de la performance supporté par des KPIs et des objectifs de progrès. Quant au rapport RSE, il est encore surtout vu comme un outil de communication plus qu’un outil de dialogue avec les parties prenantes.

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