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Zone à défendre: quel est le combat des «zadistes»?

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On les a découvert à l’occasion des violents affrontements entre forces de l’ordre et opposants au chantier du barrage de Sivens. Les « zadistes », contraction de Zad (« zone à défendre ») et activistes, sont plus déterminés que jamais. La mort du jeune Rémi Fraisse et le peu de compassion des membres du gouvernement ont boosté leur résistance. Présents dans le Tarn mais aussi à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes, ou à Calais, ils organisent une résistance sans relâche et sont devenus en quelques mois une véritable épine dans la chaussure du ministère de l’Intérieur et du gouvernement en général.

Mais attention, Zad est une marque déposée par René Leblanc, militant anti-aéroport, auteur du livre Vol sur Notre-Dame-des-Landes, maire de Quelneuc (Morbihan) jusqu’en mars dernier et ancien directeur régional de l’Inpi à Rennes.

Leurs valeurs

Qu’est-ce qui pousse aujourd’hui un militant à venir s’installer dans des campements très souvent insalubres, sans chauffage, ni eau courante, été comme hiver, dans les bocages détrempés de la campagne nantaise ou à Sivens ? L’objectif des « zadistes » est avant tout de vivre en conformité avec leurs valeurs. Un « zadiste » refuse la domination des hommes entre eux et des hommes envers les animaux ou la nature, il lutte contre ce capitalisme qui porte en lui la source de toutes les injustices.

Se trouvent donc parmi leurs rangs des écologistes, des anarchistes, des défenseurs de la cause animale, des féministes, des marxistes, des anti-faschistes, des opposants au nucléaire, bref, des altermondialistes prêts à tout pour combattre le système quitte à user de la violence si nécessaire. 

Leur mode de vie, une expérimentation sociale

Le « zadiste » est aussi un utopiste. Dans la lignée d’un Thomas More qui avait décrit les contours d’une société idéale, dans Utopie (1516), ou d’un Rabelais qui, dans Gargantua (1534), avait imaginé l’abbaye de Thélème et sa célèbre devise « Fais ce que voudras », les « zadistes » rêvent d’un monde sans frontières, sans propriété, ni hiérarchie. La vie collective fait partie de leur mode de vie, que ce soit dans des squats, dans ce qu’ils appellent des « communautés rurales autonomes » ou dans des campements de fortune. Pour eux, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou le barrage de Sivens ne sont que des prétextes pour dénoncer un système qu’ils rejettent en bloc.

On compte aujourd’hui une dizaine de zones à défendre en France : on en trouve dans la Meuse, contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure, dans la Somme, contre la ferme des 1000 vaches à Ducrat, à Calais pour venir en aide aux immigrés ou encore en Savoie contre le projet de LGV Lyon-Turin.

Leur mode d’action

Si devant les caméras, les « zadistes » se désolidarisent des casseurs et des activistes violents avec les forces de l’ordre, il est cependant bien difficile de savoir à qui imputer les débordements des manifestations. Quand des vitrines de banques sont brisées à Nantes, on ne sait pas trop s’il s’agit de casseurs infiltrés ou d’un message clair contre les institutions d’un système capitaliste et financier que rejette la totalité des « zadistes ».

Aussi n’est-il pas rare de croiser des militants écologistes de la première heure au sein de Black Blocs lors de manifestations. Vêtus de noir, capuches sur la tête, les participants au Black Blocs n’hésitent pas à user de violence et à dégrader l’espace urbain pour se faire entendre. Car, selon eux, la violence vient avant tout de l’Etat.

Alliance avec les Black Blocs ?

Mais manifester au sein de  Black Blocs ne veut pas dire  être un Black Bloc, c’est là toute la nuance. « Les Black Blocs appartiennent à une structure éphémère qui fédère différents courants avec l’appui de groupes venant d’autres pays, d’Allemagne en particulier », nous expliquait, en février dernier, Jacques Leclercq, auteur de et « Ultras-Gauches » (L’Harmattan – janvier 2013).

« Ces activistes ne se retrouvent que sur place, au moment d’en découdre. Il ne faut pas confondre les Black Bloc de tendance autonome qui sont particulièrement violents avec une organisation, parfois en cortège, de militants anarchistes libertaires qui sont organisés et qui marchent en Black Bloc, c’est-à-dire latéralement, groupés et de manière compacte »,  ajoutait-il. Une distinction pas toujours très évidente…

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