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Les homosexuels en Russie sont victimes de violences de plus en plus récurrentes – shutterstock.com
L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch (HRW) a appelé, lundi 15 décembre, les autorités russes à « cesser d’encourager l’homophobie ». Dans un rapport, intitulé « Permis d’agresser : Violence et harcèlement contre les personnes et militants LGBT en Russie », l’organisation a recueilli des dizaines d’entretiens menés dans seize villes de Russie auprès de personnes homosexuelles et de militants LGBT qui ont été victimes d’attaques ou de harcèlement à cause de leur orientation sexuelle.
« Les personnes LGBT ont expliqué avoir été battues, enlevées, humiliées, et traitées de ‘pédophiles’ ou de ‘pervers’, dans certains cas par des milices homophobes et dans d’autres cas par des inconnus dans le métro, dans la rue, dans les clubs, dans les cafés, et dans un cas, lors d’un entretien d’embauche », explique HRW.
Une violence encouragée par l’Etat ?
Selon l’ONG, l’adoption de la loi fédérale punissant tout acte de « propagande » homosexuelle devant mineur serait à l’origine de l’augmentation de cette violence. « La violence vécue par les personnes LGBT en Russie est incontestablement motivée par l’homophobie, mais les autorités ignorent délibérément que ce sont des crimes de haine et ne protègent pas les victimes », a dénoncé Tanya Cooper, chercheuse sur la Russie à Human Rights Watch. « Les autorités russes devraient poursuivre efficacement la violence homophobe, et cesser de tolérer les discriminations. »
« Les forces de l’ordre russe ont les outils pour poursuivre la violence homophobe, mais elles n’ont pas la volonté de le faire », a ajouté Tanya Cooper. « Ne pas punir ni mettre fin aux violences et aux agressions homophobes expose les personnes LGBT et celles qui les soutiennent à un risque accru d’attaques. »
Pour Poutine, la Russie n’est pas homophobe
Mais pour Poutine, la Russie n’est pas homophobe : « Ceux qui tentent de nous coller cette étiquette sont justement ceux qui font de l’orientation sexuelle non traditionnelle un délit pénal », déclarait début décembre le président, cité par l’agence de presse russe TASS, faisant clairement allusion à certains Etats américains où l’homosexualité serait un délit. Et d’ajouter : « Nous reconnaissons et ne portons pas atteinte aux droits des minorités sexuelles ».
Fin avril cependant, on apprenait que le président russe Vladimir Poutine souhaitait réviser ses accords concernant l’adoption d’enfants russes par les pays autorisant le mariage gay. « J’estime que nous sommes en droit d’introduire des changements. Nous devons réagir à ce qui se passe autour de nous », affirmait-il, faisant valoir les « traditions culturelles et les normes éthiques » de la Russie. En juin, une loi punissant tout acte de « propagande » homosexuelle devant mineur était votée par la Douma.
Extraits du rapport
Parmi les témoignages recueillis dans le rapport certains sont particulièrement durs. « Un homme s’est approché de moi dans le métro et m’a demandé si je n’avais pas peur de marcher ‘habillé comme ça.’ Il m’a demandé : ‘Est-ce que tu sais qu’on a une loi qui interdit les gays ?’ Ensuite il a commencé à crier des insultes blessantes à mon propos, me traitant de ‘pédé’, puis il a demandé aux gens autour de bien me regarder, et ensuite il m’a suivi dans le métro. Dans le wagon du métro il m’a traité de ‘pédé’ et m’a frappé en plein visage », raconte Ivan Fedoseyev.
« J’ai senti le sang dans ma bouche, mais ce n’est que plus tard que j’ai appris que mes agresseurs m’avaient brisé la mâchoire à deux endroits », raconte une autre victime qui a préféré rester anonyme. « Ils m’ont emmené dans un terrain vague à proximité et m’ont demandé: ‘Alors comment on va arranger ça ?’ ‘On pourrait te briser les bras et les jambes, ou…’ J’ai compris qu’ils voulaient de l’argent…. Avant de me relâcher, ils m’ont demandé: ‘Tu sais ce qu’ont toujours fait les gens aux gays en Russie ? Ils les ont empalés !’ »
Précédente vidéo de HRW sur les violences anti-LGBT en Russie (fév 2014) :