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Immigration : le Royaume-Uni entre dans un bras de fer avec l’UE

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Le Premier ministre conservateur britannique David Cameron – shutterstock.com

Le mois dernier, la Cour de Justice de l’Union européenne rendait un arrêt permettant aux Etats membres de refuser des aides sociales aux travailleurs sans emploi et n’en recherchant pas. David Cameron, qui s’était félicité de cet arrêt souhaite aller encore plus loin en proposant de limiter l’accès à certaines prestations sociales pour les migrants originaires des États membres de l’UE.

Dans un discours sur l’immigration, prononcé vendredi 28 novembre devant des ouvriers et des journalistes au JCB World Headquarters à Rocester, le Premier ministre britannique a déclaré : « Les Britanniques ne veulent ni une immigration débridée, ni une immigration zéro. Ils veulent une immigration contrôlée et ils ont raison », ajoutant qu’ « un immigré ne devrait pas venir au Royaume-Uni sans offre d’emploi ».

Le Royaume-Uni sous la pression du Ukip

Derrière ce discours, une main tendue vers les Britanniques tenté par le du UK Independence Party (Ukip) de Nigel Farage qui remportait, en octobre, son premier siège à la Chambre des communes britannique. Six mois après sa victoire aux européennes, ce parti anti-immigration et eurosceptique séduit de plus en plus outre-Manche. En mai, Didier Revest, maître de conférences en civilisation britannique à l’université Nice-Sophia Antipolis, expliquait à JOL Press : « L’Ukip est un exutoire qui attribue tous les maux du pays à l’Union européenne. » « Sur le plan politique, Nigel Farage joue sur la peur de la monnaie unique, et plus globalement sur la perte de souveraineté nationale. »

Cette popularité ne pouvait donc pas être ignorée par le Premier ministre. C’est pourquoi il a annoncé notamment vouloir instaurer un délai de quatre ans avant que les immigrés puissent accéder à certaines prestations sociales, comme le crédit d’impôt, ou avant qu’ils puissent bénéficier d’un logement social. La veille de ce discours, l’Office National des Statistiques (ONS) révélait une envolée de 468 % du nombre de Roumains entrés au Royaume-Uni entre juin 2013 et juin 2014, le solde positif migratoire, toutes nationalités confondues, s’établissant en 2014 à 260 000, soit une augmentation de 39% par rapport à l’année précédente.

Une mesure qui va à l’encontre des traités

« Je négocierai une réforme de l’Union européenne et la question de la libre-circulation sera au centre de cette négociation », a précisé David Cameron, dans son discours. « Si j’y parviens, je ferai campagne pour maintenir ce pays au sein d’une UE réformée. Si nos inquiétudes ne trouvent aucun écho et que nous ne parvenons pas à modifier de manière plus avantageuse les termes de notre relation avec l’Union, alors bien sûr je n’exclurai rien. » Autrement dit, il pourrait faire campagne en faveur du « Brexit » (British exit, ou sortie de l’UE). Il y a deux ans,il avait annoncé qu’il soumettrait à référendum la question du Brexit s’il était réélu en 2015, après avoir négocié une réforme de l’UE.

Son plan destiné à freiner l’afflux d’immigrés de l’Union européenne au Royaume-Uni, nécessite, en effet, la modification des traités européens. « La Grande-Bretagne soutient le principe de libre circulation des travailleurs », a déclaré David Cameron,  qui ne souhaite pas pousser son pays vers la sortie de l’Union européenne. Le voilà donc lancé dans un difficile exercice d’équilibriste : « Nous sommes la Grande-Bretagne, grâce à l’immigration, pas en dépit de l’immigration », a-t-il estimé ajoutant « le tout est de la contrôler ».

Le leader de l’Ukip, Nigel Farage qui fustige régulièrement la « faillite totale » de David Cameron sur l’immigration, a répondu qu’aucun contrôle des flux migratoires ne serait possible tant que le Royaume-Uni ferait parti de l’UE.

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