Les proches de Fethullah Gülen, le principal opposant de l’actuel président Recep Tayyip Erdogan, ont été touchés par un vaste coup de filet dimanche.
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Une trentaine de personnes ont été arrêtées dans 13 villes du pays. Crédit : Sadik Gulec / Shutterstock.com
La police turque a ainsi arrêté Ekrem Dumanli, le rédacteur en chef de l’un des principaux quotidiens du pays, Zaman, et 24 autres personnes dans treize villes du pays, selon l’agence Anatolie. Le directeur de Samanyolu, Hidayet Karaca, la principale télévision de la confrérie fait également partie des interpellés. Cette vague d’arrestations marque une escalade de la lutte que mène le président Recep Tayyip Erdogan contre son grand rival, le prédicateur islamiste Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et dont Zaman est proche.
C’est un véritable tournant dans la guerre implacable que mène depuis un an le président turc islamo-conservateur, Recep Tayyip Erdogan, contre la confrérie islamiste du prédicateur septuagénaire. Le chef de l’Etat l’accuse notamment d’avoir orchestré l’an dernier le lancement d’une enquête pour corruption contre des membres de son cercle le plus proche.
Bruxelles et Wahington dénoncent l’opération
Les Etats-Unis ont exhorté dimanche la Turquie, leur alliée au sein de l’Otan, à respecter la liberté de la presse, l’indépendance de la justice et ses « fondations démocratiques ».
La chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini a dénoncé, dans un communiqué que « cette opération allait à l’encontre des valeurs et des standards de l’Europe que la Turquie aspire à rejoindre et qui sont au cœur de relations renforcées ». Lors d’un déplacement en Turquie début décembre, elle avait appelé au « respect de la présomption d’innocence » et à « une enquête transparente et indépendante » respectant « les droits des accusés ».
Fethullah Gülen, ennemi juré du président
Gülen enseigne une version de l’islam favorable aux sciences modernes, au dialogue interconfessionnel et à la démocratie. Erdogan lui doit beaucoup quant à ses succès politiques, mais Fetullah Gülen a pris ses distances avec l’actuel président et son parti, l’AKP, qu’il accuse d’être un autocrate, et depuis c’est la guerre.
La presse, qui lui est favorable, a révélé des scandales de corruption dans lesquels sont impliqués des proches de Erdogan, notamment l’un de ses fils, mais aussi des juges et de policiers. Des révélations qui ont forcé des dizaines et des dizaines de personnalités proches du président Erdogan à démissionner. Des milliers de policiers ont par ailleurs été démis de leurs fonctions. Depuis, Gülen est devenu le cauchemar du président.