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Les USA accusent Pyongyang, Obama estime que Sony a fait une erreur

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L’affiche du film « The Interview » (Crédit : Sony)

Les Etats-Unis ont accusé vendredi la Corée du Nord d’être responsable de la cyberattaque massive conduite il y a un mois contre le studio hollywoodien Sony Pictures Entertainment et Barack Obama a annoncé qu’il réagirait en temps voulu à cette agression.

Sony riposte

Sur CNN, le président-directeur général de Sony Pictures, Michael Lynton, a défendu la décision du studio, expliquant n’avoir eu d’autre choix possible en raison du retrait des exploitants de salles qui, a-t-il dit, ont refusé de projeter le film à la suite de menaces les visant.

« Dans le cas présent, le président, les médias et l’opinion se trompent sur ce qui s’est véritablement passé », a-t-il dit. « Nous n’avons pas capitulé, nous n’avons pas cédé ».

Sony a commis une erreur selon Obama

Mais le président américain, qui s’exprimait lors de sa conférence de presse de fin d’année, a également déploré que la filiale du groupe Sony ait cédé aux pirates informatiques en renonçant à l’exploitation commerciale du film The Interview

« Je pense qu’ils ont commis une erreur », a-t-il dit. « J’aurais aimé qu’ils me parlent d’abord », a-t-il poursuivi, estimant que la décision de Sony envoie un mauvais signal d’autocensure« Nous ne pouvons vivre dans une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer une censure ici aux Etats-Unis », a-t-il dit.

La Chine pourrait aussi être dans le coup

La Chine pourrait être également impliquée, a ajouté ce responsable, soit parce que des Chinois auraient collaboré avec les hackers, soit parce que ces derniers auraient utilisé des serveurs chinois afin de masquer l’origine de leur attaque.

Ces conclusions devraient être annoncées dans la journée par les plus hautes autorités américaines. L’attaque contre la filiale de Sony a été lancée le 24 novembre, un mois avant la sortie de The Interview

Sony annule la sortie du film

Sony Pictures a annulé mercredi la sortie prévue le 25 décembre du film « The Interview »

Le studio a précisé ne pas envisager une sortie du film, d’un budget de 44 millions de dollars, en DVD, en vidéo à la demande ou sur des plates-formes de streaming comme l’ont demandé des spectateurs dans des messages sur les réseaux sociaux.

En cause, la décision de plusieurs chaînes de cinéma de ne pas le projeter en raison de menaces d’une attaque d’envergure contre les studios américains proférées par les pirates informatiques.

Sony suspend le film qui déplaît à la Corée du… par 6MEDIAS

Le studio de cinéma a été victime fin novembre d’un piratage attribué à des partisans de la Corée du Nord

Les pirates, qui ont réussi à s’introduire dans les systèmes et les serveurs de la société, avaient mis en ligne de nombreux documents internes ainsi que des copies de plusieurs productions inédites.

« A la lumière de la décision d’une majorité de nos exploitants de ne pas projeter The Interview, nous avons décidé de ne pas continuer sur la voie de sa sortie le 25 décembre », déclare le studio dans un communiqué.

Sony Pictures dit être « profondément attristé par les efforts déployés en vue de l’annulation de la distribution d’un film et des dégâts qu’il provoque sur notre entreprise ».

La Corée du Nord en cause ?

« The Interview », en français « L’Interview qui tue », est une comédie dans laquelle deux journalistes sont recrutés par la CIA pour assassiner le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et qui a suscité l’indignation à Pyongyang, où on le qualifie d’ « acte de guerre ».

Les enquêteurs américains ont acquis la conviction que la Corée du Nord était derrière le piratage informatique subi par la division cinéma de Sony, a-t-on appris mercredi de sources gouvernementales aux Etats-Unis.

L’une de ces sources a déclaré que cette attaque informatique contre Sony Pictures avait été « parrainée par un Etat » et plusieurs sources ont affirmé que les autorités nord-coréennes étaient impliquées.

L’administration Obama débat actuellement de l’opportunité de rendre ces conclusions publiques, ont ajouté ces responsables ayant requis l’anonymat.

Les autorités de Pyongyang ont démenti être à l’origine du piratage mais des experts américains en sécurité informatique ont affirmé que la responsabilité des Nord-Coréens était un secret de Polichinelle.

Grogne à Hollywood

Des réalisateurs et acteurs d’Hollywood ont exprimé leur mécontentement face à la décision de Sony d’annuler la sortie du film.

Les acteurs Ben Stiller, Steve Carell, Rob Lowe ou encore le présentateur vedette Jimmy Kimmel et le réalisateur Judd Apatow, certains proches des comédiens Seth Rogen et James Franco à l’affiche du film, ont dénoncé ce retrait.

Dans un message sur Twitter, Jimmy Kimmel a qualifié la décision de Sony « d’acte de lâcheté anti-américain qui valide les actes terroristes et instaure un précédent effrayant ».

 
Pour Ben Stiller, l’annulation de la diffusion de « The Interview » constitue une « menace pour la liberté d’expression ».

 

Sony a demandé aux médias de ne plus diffuser les documents piratés

Le studio de cinéma a depuis demandé à certains organes de presse de cesser de publier des informations contenues dans des documents volés par les pirates.

Trois journaux américains, le New York Times, le Hollywood Reporter et Variety ont publié des articles dans lesquels ils racontent chacun avoir reçu une lettre de David Boies, un avocat de Sony, leur demandant de cesser de publier des informations contenues dans les documents piratés et de les détruire immédiatement.

Sony Pictures « ne consent pas à ce que vous possédiez, examiniez, copiez, diffusiez, publiez, téléchargiez ou fassiez usage » de l’information, écrit David Boies dans la lettre, selon l’article du New York Times.

Pour la porte-parole du journal, Eileen Murphy, « toute décision sur le fait ou pas d’utiliser ces informations, ou sur la manière de les utiliser, tiendra compte à la fois de l’importance des nouvelles et des questions relatives à la façon dont l’information est apparue et qui y a accès. »

Des révélations embarrassantes

La révélation de documents internes de Sony Pictures, filiale du groupe japonais Sony, a fait des remous au sein du studio.

Outre des documents concernant le salaire des employés et des informations financières, les pirates ont révélé le contenu d’échanges embarrassants.

Dans un de ces mails, la coprésidente Amy Pascal plaisante à propos de l’origine ethnique de Barack Obama. Après la révélation de cette conversation dans la presse, elle a présenté ses excuses publiques. 

Source Reuters

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