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Torture et sévices : les vraies conditions de détention de Lazarevic

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Serge Lazarevic, dernier Français retenu en otage dans le monde, a été libéré après trois ans de captivité entre les mains d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le président de la République avait annoncé sa libération mardi à la mi-journée.

L’homme de 50 ans, qui était détenu au Mali, est arrivé en France, ce mercredi matin à 7h30. Il a été accueilli par François Hollande à sa sortie de l’avion, sur la base aérienne de Villacoublay (Yvelines).

Des conditions plus « dures » que celles décrites ce matin

Mercredi matin, Serge Lazarevic s’est exprimé devant les médias, sur le tarmac de l’aéroport de Villacoublay. Selon une source de France Info, présente dans l’avion de retour de l’ex-otage, ce dernier aurait connu des conditions de détention « très dures avec des sévices et des tortures ».

« Pour supporter ses conditions de détention très dures, il a réussi à s’imposer une hygiène de vie, à faire de l’exercice », rapporte France InfoÀ noter que l’ex-otage a été malade à plusieurs reprises. C’était notamment le cas lors dans la dernière vidéo de lui publiée par sur le site d’Aqmi, le 17 novembre dernier. L’homme s’y disait malade.

Toujours selon la source de France Info, Lazarevic aurait suivi un régime alimentaire strict. Pain, eau, huile et parfois des pâtes, tels auraient été les aliments durant sa vie de captif.

« La liberté, c’est plus fort que tout »

Après un moment d’intimité, François Hollande s’est approché de la presse avec Serge Lazarevic et sa fille Diane. « Bienvenue, monsieur Lazarevic. Cela fait trois ans que l’on vous attend », a déclaré François Hollande.

Le Président a ensuite rappelé la perte de certains compatriotes, puis s’est adressé aux Français : « n’allez pas là où vous pouvez être enlevé ».

L’ode à la liberté de l’ancien otage Serge… par 6MEDIAS

 « Je vais être succinct, car je n’ai pas beaucoup de force », s’est à son tour exprimé Serge Lazarevic. « Je voulais dire que je voudrais remercier la France, le peuple français, le président de la République. J’avais oublié ce que c’était, la liberté. N’oubliez jamais qu’être un homme libre, c’est faire attention à soi. La liberté, c’est plus fort que tout ».  

Le Niger et le Mali ont pris part aux négociations

Ce dernier a reçu Serge Lazarevic au palais présidentiel de Niamey mardi soir. L’ex-otage a remercié le président nigérien. « Je suis encore vivant », a-t-il ajouté en souriant.

L’ancien otage a aussi retrouvé à Niamey sa fille Diane. Elle était partie plus tôt dans la journée de Paris à bord d’un avion de l’Etat français, en compagnie de Didier Le Bret, directeur du Centre de crise du Quai d’Orsay et de Christophe Schmidt, médecin de ce centre.

« Je voudrais remercier le président du Niger et le peuple du Niger qui a collaboré avec la France pour me faire libérer », a déclaré Serge Lazarevic à l’issue d’une entrevue avec le président nigérien.

Il est apparu en relative bonne santé. « J’ai perdu une vingtaine de kilos, mais ça va », a-t-il dit à des journalistes dans une brève déclaration retransmise par la télévision nigérienne.

Le président du Niger Mahamadou Issoufou a souligné que son pays avait joué « un rôle central » dans la libération du Français et a remercié le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, pour sa « contribution ».

François Hollande a lui-aussi rendu hommage aux deux pays : « Il y a eu des discussions pendant de longs mois et ce sont les autorités du Niger, avec celles du Mali, qui nous ont permis d’obtenir cette libération. »

Un échange de prisonniers ?

Le gouvernement français n’a fait aucun commentaire au sujet des conditions de la libération de Serge Lazarevic.

Mais selon David Thomson, journaliste spécialiste des groupes djihadistes de RFI, il est probable qu’une « rançon », ainsi qu’un échange de prisonniers, aient permis la libération du Français. 

Selon deux sources maliennes, dont une judiciaire, Mohamed Ag Wassoudene, soupçonné d’être l’un des chefs d’orchestre de l’enlèvement de Serge Lazarevic, et son complice présumé Haiba Ag Acherif, feraient partie de l’échange de prisonniers.

Mohamed Ag Wassoudene s’était échappé il y a quelques mois d’une prison de Bamako avant d’être capturé à nouveau.

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En septembre dernier, François Hollande avait affirmé lors d’une conférence de presse: « La France ne paye pas de rançons, la France ne pratique pas non plus d’échanges de prisonniers. » 

Il avait cependant ajouté : « Cela ne veut pas dire que des pays ne le fassent pas. C’est arrivé que des pays, pour nous aider, le fassent, je le concède. »

Des responsables politiques « soulagés »

De nombreux responsables politiques français ont exprimé leur soulagement. « Un long calvaire s’achève, une vie reprend. Immense soulagement pour Serge Lazarevic », a déclaré le Premier ministre, Manuel Valls, sur son compte Twitter. 

«C’est avec un grand soulagement que j’apprends la libération du dernier otage français Serge Lazarevic, libéré après trois ans de détention », a dit le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone.

Le nouveau Président de l’UMP, Nicolas Sarkozy, s’est dit soulagé et a appelé à garder en mémoire la mort de « nos compatriotes lâchement assassinés par les terroriste ».

Une capture qui remonte à novembre 2011

Serge Lazarevic avait été enlevé au Mali le 24 novembre 2011 avec un autre Français, Philippe Verdon

Les deux hommes étaient en voyage d’affaires pour un projet de création d’une cimenterie, lorsqu’ils ont été saisis par un groupe d’hommes armés dans un petit hôtel à Hombori, dans le nord du pays. 

Leur enlèvement avait été revendiqué par Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui a annoncé en mars 2013 que Philippe Verdon avait été exécuté en représailles à l’intervention française au Mali.

Serge Lazarevic, qui possède la double-nationalité française et serbe, était apparu récemment dans une vidéo mise en ligne le 17 novembre sur un site internet lié à Aqmi où il appelait François Hollande à « tout faire pour sa libération ».

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