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Au moins 80 personnes enlevées au Cameroun par les islamistes

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[image:1, l]Quelque 80 personnes, dont de nombreux enfants, ont été enlevées dimanche dans le nord du Cameroun pendant un raid attribué aux islamistes nigérians de Boko Haram, au lendemain de l’arrivée dans la région de renforts tchadiens, ont dit des responsables militaires et gouvernementaux camerounais.

Trois personnes ont été tuées pendant cette attaque, a-t-on ajouté de même sources.

« D’après les premières informations, environ trente adultes, pour la plupart des bergers, et une cinquantaine de jeunes filles et garçons âgés de 10 à 15 ans ont été enlevés », a déclaré un officier de haut rang camerounais déployé dans le nord du pays.

L’attaque s’est déroulée tôt dimanche matin dans le village de Mabass et d’autres villages voisins, proches de la frontière avec le Nigeria.

L’armée est intervenue et les échanges de tirs avec les assaillants ont duré environ deux heures, a dit l’officier.

Le porte-parole du gouvernement camerounais Issa Tchiroma a confirmé l’incident mais a dit ne pas être en mesure de préciser le nombre de personnes enlevées. Il a en revanche cité le chiffre de 80 maisons détruites.

 

Arrivée d’un contingent militaire tchadien samedi

Le ministère camerounais de la Défense avait annoncé un peu plus tôt l’arrivée dans cette région troublée du nord du Cameroun d’un contingent de militaires tchadiens qui vont être rapidement déployés le long de la frontière nigériane pour aider à repousser les incursions de plus en plus fréquentes et violentes de Boko Haram.

Un convoi de soldats tchadiens est arrivé tard samedi soir à Maroua, la grande ville du nord du Cameroun, a dit le colonel Didier Badjeck, porte-parole du ministère de la Défense, sans préciser le nombre de soldats concernés.

Les insurgés islamistes ont multiplié les attaques sur le sol camerounais au cours des derniers mois, poussant le pays à déployer des milliers de soldats supplémentaires dans le nord du pays et le Tchad à proposer son aide.

Considérée comme la plus efficace de la région sahélienne, l’armée tchadienne a contribué de manière significative à l’opération militaire française contre les islamistes au Mali en 2013. Son implication en Centrafrique, où elle a été accusée de servir les intérêts des combattants majoritairement musulmans de la Séléka, a en revanche été plus contestée, la poussant à se retirer de ce pays.

Vers une force multinationale pour combattre Boko Haram ?

Vendredi, le président ghanéen John Mahama, président de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), a annoncé que les dirigeants de ces pays demanderaient la semaine prochaine à l’Union africaine (UA) l’autorisation de créer une force multinationale pour combattre Boko Haram.

Une telle force serait à ce jour la réponse internationale la plus aboutie à des militants qui ont tué des milliers de personnes l’an dernier au Nigeria et qui ont commencé à lancer des attaques au Niger et au Cameroun.

Boko Haram, qui a fait son apparition sur le devant de la scène il y a cinq ans, est considéré comme la menace la plus grave pesant sur le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique et le principal producteur de pétrole du continent.

Mais selon John Mahama, le groupe et ses militants en Somalie, au Kenya, au Mali et ailleurs pose un risque bien plus important.

« Le terrorisme est comme un cancer. Si nous ne le traitons pas, il va continuer à se développer. Il menace tout le monde dans la région. Quand il s’agit de terrorisme, personne n’est trop loin ni trop près », a-t-il dit.

Beaucoup de questions restent à trancher

La mise sur pied d’une force placée sous l’égide de l’Union africaine devrait prendre plusieurs mois, a ajouté la président ghanéen, notant que des questions clefs, tels son commandement, sa localisation et son financement, n’avaient pas encore été tranchées.

Une fois l’entité opérationnelle, l’UA devrait demander un mandat auprès du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la prendre en charge, comme cela s’est fait dans la région du Darfour, au Soudan, a encore dit John Mahama.

La chute, au début du mois, de Baga, ville du nord-est du Nigeria où, selon des responsables locaux, 2 000 personnes auraient été tuées, a conduit certains à appeler à un soutien international pour contenir l’insurrection de Boko Haram, qui s’est étendue à certains secteurs du Niger, de l’extrême nord du Cameroun et du sud du Tchad.

Pour un responsable des Nations unies, les quatre pays d’Afrique les plus menacés par les islamistes nigérians de Boko Haram doivent mettre de côté leur méfiance réciproque et s’entendre sur une structure de commandement et une stratégie communes pour une force régionale, s’ils veulent venir à bout de cette insurrection.

Le 24e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA se tiendra du 23 au 31 janvier à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

Il y a un mois, la France s’est dit prête à contribuer à la coordination d’une force militaire régionale en Afrique de l’Ouest afin de lutter contre les islamistes de Boko Haram. 

Source Reuters

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