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Nigeria : au moins 150 morts dans les affrontements avec les islamistes

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[image:1, l]Un homme affirmant être le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a menacé d’intensifier les attaques au Cameroun si ce dernier n’adoptait pas la charia (Crédit : VOA / Wikimedia Commons)

Lundi soir, l’armée nigériane a annoncé qu’au moins 150 personnes avaient été tuées dans les affrontements liés à la prise de Baga, dans le nord-est du pays, par les islamistes de Boko Haram, donnant, fait rare, un bilan des violences.

L’armée réagissait à des informations selon lesquelles 2 000 personnes auraient été tuées par les islamistes lors de la prise de contrôle de Baga et de ses environs il y a dix jours par le groupe terroriste.

Selon des témoins qui ont réussi à s’échapper dans les localités voisines et à Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, les islamistes ont rasé des bâtiments et des maisons et tué des dizaines de civils la semaine dernière.

Des milliers de réfugiés ont fui Baga pour le Tchad voisin ou ont été déplacés à l’intérieur du Nigeria.

Un nombre de morts sous-évalué ?

Lors d’une conférence de presse, un porte-parole de l’armée nigériane, le général Chris Olukolade, a parlé d’ « atrocités terribles » commises contre les habitants de Baga par les islamistes, qui ont attaqué la ville le 3 janvier et y sont toujours. 

Les forces armées nigérianes appuyées par l’aviation poursuivent une offensive contre la ville de Baga dans le nord-est du pays tenue par les combattants du groupe islamiste, a annoncé un porte-parole gouvernemental.

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« D’après toutes les preuves disponibles, le nombre de personnes ayant perdu la vie durant cette attaque ne dépasse pas pour l’instant 150, y compris les terroristes qui portaient des armes et ont été tués pendant les combats avec l’armée », a déclaré le porte-parole.

« Beaucoup d’habitants sont partis », a-t-il ajouté.

L’armée a tendance à sous-évaluer le nombre de morts, tandis que les politiques locaux ont tendance à le surévaluer.

Attaques suicides par des fillettes kamikazes

Deux fillettes kamikazes, âgées seulement d’environ dix ans, ont fait sauter leurs explosifs dimanche sur un marché de Potiskum, dans l’Etat de Yobe (nord-est du Nigeria), tuant trois personnes et faisant une vingtaine de blessés, ont rapporté des témoins.

Une première attaque suicide également menée par une petite fille avait fait 16 morts la veille sur un marché de Maiduguri, capitale de l’Etat de Borno, au coeur de la zone où opèrent les islamistes de Boko Haram. Il y aurait par ailleurs plus de 27 blessés.

Samedi, la voiture d’un suspect qui venait d’être interpellé a explosé devant le commissariat central de la ville. L’explosion a fait deux morts, dont un policier.

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Une école de Potiskum a été visée en novembre dernier par un attentat suicide qui a fait 48 morts.

Les Etats de Borno, Yobe et Adamawa sont les plus affectés par l’insurrection de Boko Haram, lancée il y a cinq ans. Les violences liées aux attaques du mouvement islamiste ont fait plus de 10 000 morts l’an dernier.

A Damaturu, capitale de l’Etat de Yobe, l’armée nigériane a réussi à repousser une attaque islamiste vendredi soir, selon des témoins. Plusieurs bâtiments ont été incendiés par les rebelles, dont un poste de police et une mosquée.

Le porte-parole du ministère de la Défense, le général Chris Olukolade, a déclaré que cinq soldats avaient été blessés dans les combats. Le nombre de victimes civiles n’a pas encore été déterminé.

Des affrontements au Cameroun

L’insurrection s’est intensifiée au cours des derniers mois et pose une menace grandissante pour les pays voisins du Nigeria que sont le Cameroun, le Niger et le Tchad.

Ainsi, des combattants de Boko Haram ont attaqué lundi une base militaire dans une localité du nord du Cameroun, tuant au moins un soldat et en blessant de nombreux autres, a rapporté une source militaire.

« Ils ont attaqué notre base militaire de Kolofata lundi matin, tuant un de nos soldats et en blessant de nombreux autres », a-t-on déclaré de source proche des forces spéciales camerounaises.

Le journal L’Oeil du Sahel fait état lui aussi de cette attaque survenue dans la matinée, ajoutant que les combattants de Boko Haram ont ensuite été chassés de la ville.

Boko Haram veut que le Cameroun adopte la charia

Le 7 janvier, un homme affirmant être le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a menacé d’intensifier les attaques au Cameroun si ce pays ne renonçait pas à sa Constitution actuelle pour adopter la charia.

« Je vous conseille de renoncer à votre Constitution et à votre démocratie, qui ne sont pas islamiques », dit-il en lisant un texte. « Le seul langage de paix, c’est de se repentir et de suivre Allah, mais si vous ne le faites pas, nous utiliserons avec vous le langage de la violence », déclarait-il dans une vidéo diffusée sur internet.

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Le président Paul Biya a accru les mesures de sécurité ces derniers mois dans l’extrême Nord du Cameroun, mais Boko Haram n’en continue pas moins de lancer des raids transfrontaliers.

Le jour de l’an, une attaque contre un car a fait quinze morts dans le nord de ce pays.

Fin décembre, l’armée de l’air camerounaise a dû intervenir pour aider les troupes au sol à déloger des combattants de Boko Haram qui ont brièvement occupé un camp militaire, à la faveur d’une offensive lancée par des centaines d’islamistes contre cinq localités du nord du Cameroun.

Le président camerounais sollicite l’aide internationale

Le président camerounais Paul Biya a sollicité une aide militaire internationale pour combattre les militants islamistes.

« Une menace globale appelle une réponse globale. Telle doit être la réponse de la communauté internationale, y compris de l’Union africaine et de nos organisations régionales », a déclaré Paul Biya lors de la présentation de ses voeux au corps diplomatique au palais présidentiel, jeudi.

Le chef de l’Etat camerounais a également déploré qu’une force militaire régionale capable de lutter contre les islamistes n’ait pas encore été constituée.

Paul Biya a rappelé que Boko Haram faisait partie d’un mouvement « mondial » qui sévit au Mali, en République centrafricaine et en Somalie avec l’intention d’étendre sa présence de l’océan Indien à l’océan Atlantique.

« Bien qu’affaibli par les pertes qu’il a subies, notre ennemi demeure néanmoins capable de faire un retour en force », a jugé Paul Biya.

En novembre, le gouvernement allemand a fourni 120 véhicules militaires tout-terrain à l’armée camerounaise.

Source Reuters

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