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Royaume-Uni et Allemagne songent à de nouvelles lois antiterroristes

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David Cameron a promis lundi de faire adopter, s’il est réélu en mai, une nouvelle législation augmentant les moyens des services de renseignement et de sécurité britanniques dans le contrôle des communications sur internet après les attentats commis à Paris.

A quatre mois des élections législatives, le Premier ministre britannique a prôné la mise en place d’un nouvel arsenal législatif imposant aux entreprises de l’internet une surveillance des échanges en ligne et un accès à leurs bases de données par les services de sécurité en cas de nécessité.

« Si je suis Premier ministre, je m’assurerai qu’une législation complète prive les terroristes d’un espace protégé pour communiquer les uns avec les autres », a affirmé David Cameron lors d’un déplacement électoral dans le centre de l’Angleterre.

Les précédentes tentatives d’instaurer un accès aux communications en ligne et aux données personnelles avaient été bloquées par les libéraux démocrates, membres de la coalition gouvernementale.

David Cameron a expliqué qu’une démocratie moderne a « absolument le droit » de se doter de tels pouvoirs de contrôle.

Réunion d’évaluation des risques d’attentats

Les services de surveillance britanniques avaient exigé l’an passé un accès aux réseaux de Twitter et Facebook au motif que les deux plates-formes étaient largement utilisées par les activistes.

Avant son déplacement, David Cameron a présidé lundi matin une réunion pour évaluer les risques de telles attaques en Grande-Bretagne. La police et les autres agences de maintien de l’ordre ont convenu de revoir leurs exercices d’entraînement à la lumière des attentats qui ont fait 17 morts la semaine dernière.

La discussion a porté sur le risque représenté par la circulation des armes à feu, a déclaré un porte-parole du chef du gouvernement. « Il a été décidé d’accroître nos efforts, en coopération avec d’autres pays, pour réprimer le trafic d’armes transfrontalier », a-t-il dit.

Londres a relevé en août dernier son niveau d’alerte au deuxième cran le plus élevé, ce qui signifie qu’un attentat terroriste est considéré comme hautement probable, mais qu’aucun renseignement ne laisse penser qu’un tel acte soit imminent.

S’exprimant jeudi, au lendemain de la tuerie au siège de Charlie Hebdo, Andrew Parker, le chef du MI5, les services de renseignement britanniques, a déclaré que des militants d’Al Qaïda en Syrie préparaient des attentats à grande échelle en Occident, peut-être contre des transports publics ou des « cibles symboliques ».

Berlin veut bloquer le départ des candidats au djihad

L’Allemagne envisage de saisir les cartes d’identité de candidats présumés au djihad pendant une période de trois ans, au lieu de dix-huit mois proposés initialement, afin de les empêcher de rejoindre des théâtres de guerre au Proche-Orient.

Cette nouvelle loi devrait être présentée mercredi en conseil des ministres, a déclaré lundi un porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Selon la législation en vigueur, l’Allemagne peut saisir les passeports de ses ressortissants pour les empêcher de voyager, mais pas les cartes d’identité.

Or une carte d’identité est suffisante pour se déplacer au sein de l’Union européenne et surtout en Turquie, que de nombreux candidats à la guerre sainte traversent pour rejoindre la Syrie.

Comme d’autres pays européens, Berlin s’emploie à bloquer le départ des islamistes radicaux allemands vers la Syrie ou l’Irak, des efforts que les attaques djihadistes qui ont fait 17 morts à Paris la semaine dernière ont rendu plus urgents.

Quelques 550 ressortissants allemands ont rejoint les combats en Syrie et environ 180 seraient retournés en Allemagne, selon les déclarations des responsables allemands. 

Les musulmans, partie intégrante de l’Allemagne, affirme Angela Merkel

Angela Merkel, s’adressant aux quatre millions de musulmans d’Allemagne, a pris lundi le contre-pied des mouvements anti-immigration et déclaré que l’islam était une composante essentielle de la culture actuelle du pays.

Au lendemain de la grande marche parisienne à laquelle elle a pris part aux côtés de François Hollande, la chancelière allemande a reçu lundi le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, et appelé au dialogue entre les religions.

Le mouvement anti-immigration Pegida (Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident) bat le rappel de ses partisans chaque lundi soir pour des manifestations qui, voici une semaine, ont rassemblé dans plusieurs villes d’Allemagne des milliers de participants (ils étaient 18 000 à Dresde).

Se présentant comme la chancelière de tous les Allemands, Angela Merkel a rappelé les propos de l’ancien président Christian Wulff, qui avait déclaré en 2010 que l’islam faisait partie de l’Allemagne, ce qui avait provoqué un débat vif dans l’opinion.

« L’ancien président Wulff avait déclaré que l’islam faisait partie de l’Allemagne. C’est vrai. Je suis de son avis », a dit Angela Merkel lors d’une conférence de presse aux côtés d’Ahmet Davutoglu, qui était présent lui aussi, dimanche après-midi, à la marche parisienne.

Nécessité d’un meilleur dialogue interreligieux

Si les partisans de Pegida étaient 18 000 lundi dernier dans les rues de Dresde, la manifestation contre le racisme, samedi dans la même ville, a rassemblé près de deux fois plus de participants.

Angela Merkel a estimé lundi que son gouvernement faisait tout son possible pour garantir une intégration réussie des immigrants dans la société allemande, quelles que soient leurs religions.

Elle a reconnu toutefois la nécessité d’un meilleur dialogue interreligieux, se félicitant que les musulmans aient publiquement rejeté les attentats de Paris.

Angela Merkel et d’autres responsables politiques allemands doivent participer mardi à une veillée solennelle à la porte de Brandebourg, au coeur de Berlin. Les organisations musulmanes ont appelé à ce rassemblement à la mémoire des victimes des attaques contre Charlie Hebdo et contre une supérette casher à Paris la semaine dernière.

L’Allemagne compte une importante population immigrée de souche turque. Près des deux tiers des musulmans d’Allemagne sont d’origine turque.

Source Reuters

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