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Procès Carlton : troisième et dernier jour pour DSK

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Dominique Strauss-Kahn, dit DSK, encourt jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende pour proxénétisme aggravé (Crédit :  Frederic Legrand – COMEO/Shutterstock)

L’audition de Dominique Strauss-Kahn s’est achevée jeudi devant le tribunal correctionnel de Lille sans que la ligne de défense de l’ancien directeur du Fonds monétaire international, qui dément tout proxénétisme, soit véritablement mise à mal.

Soupçonné d’avoir été « l’instigateur » de rencontres avec des prostituées organisées entre 2008 et 2011 par ses amis à Lille, Paris, Bruxelles et Washington, Dominique Strauss-Kahn nie avoir été à l’origine des parties fines auxquelles il a participé et dit n’avoir jamais connu la qualité des participantes.

Dans des SMS, « on se lâche facilement« 

Les juges ont notamment retenu contre lui la mise à disposition d’un appartement à Paris et des échanges de SMS qui démontrent, selon l’accusation, qu’il a favorisé la mise en place d’un « système«  visant à « satisfaire ses besoins sexuels« .

« Ça n’a pas de sens« , a déclaré jeudi Dominique Strauss-Kahn, qui est apparu très serein au dernier jour de son audition, alors que le président passait au crible les quelque 37 SMS versés au dossier.

« Je ne sollicitais rien« , a-t-il ajouté, reconnaissant simplement avoir « calé des dates«  avec son ami Fabrice Paszkowski, organisateur présumé de ces rencontres.

Quant aux termes qu’il a pu employer – il parle de « matériel » pour désigner des « filles«  -, c’est un « vocabulaire de corps de garde« , reconnaît l’ancien patron du FMI.

Mais le mot « matériel«  n’est employé qu’une fois, ajoute-t-il, soulignant que, dans des SMS, « on se lâche facilement« .

Un autre terme « malheureux« , celui de « commerce sexuel« , apparaît dans le dossier, lui indique alors le président.

Je l’entendais dans « l’acception ancienne du terme« , lui répond Dominique Strauss-Kahn, admettant un choix « malvenu« .

« D’une simplicité biblique« 

L’ancien ministre de l’Economie assure avoir toujours été « invité » à ces soirées par Fabrice Paszkowski, qui lui aurait caché le statut des femmes « pour lui faire plaisir« , lui qui a « horreur » des relations tarifées, tout en reconnaissant une sexualité plus « rude » que la moyenne.

Fabrice Paszkowski et David Roquet, un autre organisateur des parties fines, ont eux aussi affirmé que Dominique Strauss-Kahn ignorait la présence de prostituées.

DSK a balayé jeudi l’acte « matériel » de proxénétisme qui lui est reproché, avec l’appartement de Paris dont il était le locataire de fait, via un montage juridique.

Pourquoi avoir dissimulé qu’il en était le locataire ? lui a demandé le président.

« Je suis un homme politique marié, j’ai donc besoin de recevoir de manière discrète des personnalités politiques, mais aussi, disons-le, pour des rencontres personnelles« , a-t-il expliqué. « Je ne veux pas que ça se sache et donc je le fais louer par un copain, c’est aussi simple que ça« .

« Tout ça est d’une simplicité je dirais biblique, si ça n’avait pas un double sens« .

Prochaine étape, le volet financier

Alors pourquoi avoir menti aux enquêteurs quand ils lui ont demandé s’il occupait effectivement ce lieu, l’interroge l’avocat d’une partie civile ? « Au risque de vous surprendre, maître, parce que je suis toujours marié à ce moment-là« .

Le tribunal examinera désormais le volet financier de cette affaire, avant les plaidoiries des parties civiles, lundi, et les réquisitions du parquet, mardi.

Dominique Strauss-Kahn, qui encourt jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million d’euros d’amende pour proxénétisme aggravé, devrait revenir assister aux débats à partir de lundi. Le ministère public avait requis un non-lieu à son endroit.

Quatorze personnes sont poursuivies dans ce dossier qui a démarré autour de suspicions de proxénétisme dans plusieurs établissements lillois, dont l’hôtel Carlton.

« Je pense que la société française a ouvert les yeux [sur la prostitution] et qu’il y aura un avant et un après ce procès« , a estimé jeudi Me Emmanuel Daoud, conseil d’une partie civile.

Le jugement devrait être mis en délibéré à la fin de la semaine prochaine.

Source Reuters

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