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Bristol : des salariés emmènent le palace aux prud’hommes

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Bristol (Crédit : Marcin-linfernum/Shutterstock)

Après le scandale Robuchon, des salariés et ex-salariés du Bristol ont à leur tour décidé de révéler leur condition au sein du palace parisien. Les langues se sont déliées, mais la direction continue d’évoquer des cas « individuels« .

Licencié pour avoir « volé du jambon« 

Selon l’administration de l’hôtel étoilé, il est important de ne « pas faire d’amalgame entre situations individuelles » et « situation globale de l’entreprise« .

Ils sont pourtant une dizaine de salariés et ex-salariés à avoir témoigné.

Mais l’administration du cinq étoiles ne veut rien entendre. Elle fait même état d’un sondage anonyme réalisé auprès du personnel en 2014. Avec 4,16 sur 5, contre 3,46 en 2010, il semblerait que les conditions des employés se soient nettement améliorées.

De leur côté, les « victimes » dénoncent. Licenciement abusif, accusation de vols et harcèlement, le tableau n’est pas joli à voir.

Licencié en 2013, après 29 ans de carrière, Christos Zigouris était assistant responsable mini-bar. Il était le plus ancien employé de son service, avant d’être soudainement mis à pied puis licencié. En cause ?  « Une histoire de tranche de jambon oubliée dans le mini-bar par un client » et qu’on l’a accusé d’avoir volé, dénonce l’ancien employé, aujourd’hui âgé de 56 ans.

« Moi qui avais une grosse responsabilité, car je visitais la moitié des chambres de l’hôtel, j’en ai vu des choses de valeur. Si j’étais malhonnête, je n’aurais pas pris une tranche de jambon !« , raconte-t-il avec amertume. « Je suis blessé. Est-ce qu’il y a une réparation pour ça? Non« .

Didier Le Calvez, un tyran ?

Selon les salariés et ex-salariés, l’arrivée de Didier de Calvez à la tête du palace parisien coïnciderait avec le début de leurs problèmes.

Embauché en 2010, comme directeur de l’établissement, ce dernier a pourtant été élu « meilleur directeur d’hôtel du monde » par le Gallivanter’s Guide, début 2015. Un titre honorifique qui ne collerait pas avec les pratiques de management que les salariés dénoncent aujourd’hui.

D’après eux, le nouveau directeur aurait fait partir les anciens pour prendre des jeunes moins bien payés.

L’administration déclare quant à elle avoir enregistré 500 départs depuis 2010. Mais précise que 70% d’entre eux correspondent à des fins de stage ou de CDD, des démissions, des départs en retraite ou des décès. L’établissement n’hésite pas par ailleurs à rappeler que les effectifs sont passés de 497 à 628 depuis 2010 et que « 140 CDI » ont été créés dans le cadre de son plan de lutte contre l’emploi précaire.

« On veut pousser un cri d’alarme. Il faut que ça s’arrête, que la direction et les propriétaires prennent conscience que le management mis en place conduit à la souffrance de beaucoup de personnes« , explique Ali Elouadifi, délégué syndical CGT, à l’AFP.

« Blessés« , « brisés« , ils seraient une vingtaine à avoir pris rendez-vous avec la Direction régionale de l’Inspection du travail le 17 mars dernier. Nombre de salariés licenciés par le palace ont désormais engagé un recours aux prud’hommes.

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