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COP 21 : la fin de l’irresponsabilité écologique internationale ?

Réchauffement climatique, le mal du siècle

Le cinquième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), paru en 2014 rappelle qu’il est encore possible de maintenir le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C à la condition que les émissions de gaz à effet de serre soient réduites de 40 % à 70 % avant 2050. C’est précisément sur ce point que les représentants des 195 Etats qui participeront à la COP 21 doivent se mettre d’accord. L’accord devrait ainsi contraindre les Etats à maintenir le réchauffement global de la planète sous les 2°C d’ici 2100 par rapport à l’ère préindustrielle.

Pour les pays industrialisés, la date butoir du dépôt des contributions étaient le 31 mars. Seuls 33 Etats ont publié leurs « contributions prévues déterminées au niveau national » (INDC), leurs stratégies carbone. Les premiers Etats à déposer leurs projets étaient les Etats membres de l’Union européenne (dans une déclaration commune), la Suisse, la Norvège et le Mexique.

La Suisse fait en la matière figure d’exemple en annonçant 50 % de réduction de ses émissions à l’horizon 2030. Pour l’UE, les 28 se sont engagés à réduire « au moins » de 40 % leurs rejets de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Les Etats-Unis et la Russie se sont faits attendre mais on finalement dévoilé leurs plans à temps. Les Etats-Unis respectent la promesse faite à la Chine et s’engagent à réduire de 26 % à 28 % leurs émissions entre 2005 et 2025. La Russie a quant à elle annoncé une réduction de 25 % à 30 % de ses émissions par rapport à 1990.

Pour l’heure, on attend toujours les déclarations de la Chine (qui représente pourtant 25 % des émissions mondiales), de l’Inde ou encore du Brésil, qui a même déclaré qu’il ne présenterait pas son programme avant octobre, soit à peine deux mois avant le sommet. Ce ne sont pas les seuls mauvais élèves et des pays comme le Japon ou le Canada n’ont pas encore précisé quand ils comptaient publier leurs INDC. Les pays en voie de développement bénéficient quant à eux d’un délai jusqu’en juin pour pouvoir réaliser l’étude prospective économique et technologique nécessaire, qui mobilise beaucoup de moyens.

« La COP 21 a lieu chez nous en France, nous devons montrer l’exemple »

Dans la veine de la « smart city », la ville intelligente, le « smart grid », l’instauration d’un réseau de distribution électrique intelligent, offre de nouvelles perspectives de consommation d’énergie écoresponsable. Recours aux énergies renouvelables, stockage de l’énergie collectée et partage au niveau des quartiers, voire des villes, ce sont autant de problèmes auxquels le smart grid s’attaque de front pour consommer mieux et lutter contre le gaspillage énergétique tout en maintenant des coûts raisonnables.

Pour Géraldine Trapp, responsable du congrès Smart Grids Paris, l’organisation de la COP 21 à Paris permettra de faire connaître le potentiel du smart grid et des acteurs français de tous les horizons : acteurs de la filière (ERDF, Alstom, Schneider Electric), académiques et institutionnels (Direction générale de l’énergie et du climat, Direction générale des entreprises) et les nouveaux venus, les acteurs du numérique (Nest, Cisco, Facebook) attirés par ces débouchés prometteurs. Il s’agit ainsi, pour Géraldine Trapp, de se mobiliser et de montrer l’exemple dans ce qui pourrait bien éclairer demain nos habitations, nos rues, nos magasins, voire toutes nos industries… ERDF, premier gestionnaire du réseau électrique français, a d’ailleurs développé un compteur communicant baptisé Linky.

Il assurera la transition vers l’utilisation des énergies renouvelables (photovoltaïque et éolien) et enregistrera, à termes, la production et la consommation d’énergie. Intérêt notable pour les consommateurs, ce nouveau compteur permettra de relever le compteur à distance et d’établir leur consommation réelle. Sans déplacement, les délais d’intervention pour la mise en service ou encore le changement de puissance seront ainsi beaucoup plus courts. A la suite de l’expérimentation confiée à ERDF par la Commission de régulation de l’énergie de 2009 à 2011, dont le bilan a été très favorable, Linky devrait être généralisé pour atteindre 35 millions de compteurs en 2020.

21ème accord international en à peine plus de vingt ans (le premier sommet s’était tenu à Rio en 1992), la COP 21 pourrait se révéler être une étape importante vers un nouveau modèle de développement durable. Ou elle pourrait très bien n’être qu’un vœu pieux, à l’image des précédents accords qui n’ont pas été suivis d’effets. Ce qui est certain, c’est que le rôle que la France jouera en tant qu’organisatrice de l’évènement pèsera lourd dans la balance. Elle devra se montrer exemplaire et concilier les intérêts – souvent très divergents – de tous les pays présents, du Nord comme du Sud, développés ou non, énergivores ou non.

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