« Ni ambitieux, ni attractif », « défaut de vision initiale », « usine à gaz technocratique », etc. A mesure qu’il progresse, le Grand Paris cristallise la fronde de détracteurs de tous bords qui voient d’un mauvais œil la mutation qu’est en train d’opérer la capitale pour devenir une véritable ville-monde, à l’image de New-York ou Londres. Rien d’étonnant pour un projet qui porte une si grosse promesse. Mais le Grand Paris a beau effrayer certains observateurs, il continue son chemin sans vaciller avec pour objectif premier l’amélioration de la qualité de vie de millions de personnes. Et ça, personne ne devrait pouvoir le nier.
Un chantier colossal porteur d’emplois
Le Grand Paris se discute souvent au futur. On parle de ce qui sera possible une fois le projet achevé, on fantasme sur ses résultats. A ce sujet, la Société du Grand Paris (SGP), en charge du projet, vient même de lancer un appel d’offres pour effectuer une « Mission d’étude et de recherche sur la scénarisation des effets dans le temps de l’impact économique, social et urbain du Grand Paris Express », le nouveau réseau de transport du Grand Paris. Seulement, à trop regarder en avant, on en oublierait presque que d’ici 2030 (date à laquelle le projet devrait être terminé), un chantier colossal va se mettre en place, une aventure qui a débuté il y a déjà plusieurs mois.
Question travaux, on remarque certaines avancées, comme le prolongement de la ligne 14 lancé en juin 2014. Avant cela, en juillet 2013, le Grand Paris Express a reçu l’aval du conseil de surveillance de la SGP pour un investissement de 5,3 milliards d’euros destinés à financer la construction du premier tronçon de la future ligne 15. Toujours en juillet, la ligne de tramway T5 entre Saint-Denis et Sarcelles a été activée. Au mois de mars 2013, la ligne 4 a été rallongée jusqu’à Montrouge. Quant au tramway T6 qui relie Chatillon et Vélizy, il a été mis en service dès novembre 2014. Parallèlement à toutes ces différentes étapes, les travaux d’amélioration des lignes de transport ont également commencé.
Au total, le réseau du Grand Paris Express prévoit la création de quatre nouvelles lignes de métro ainsi que le prolongement de deux lignes déjà en circulation, pour un investissement avoisinant les 26 milliards d’euros. Il va s’étendre sur plus de 200 km et desservir 72 gares. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et ceux qui mettent en doute l’ambition du projet doivent avoir des exigences qui frisent l’irrationnel. « A moyen terme, 90 % des Franciliens habiteront à moins de 2 km d’une gare. Et le temps de transport quotidien, qui n’a cessé d’augmenter, redeviendra raisonnable », garantie la SGP. Un progrès qu’on aurait tord de bouder et qui devrait améliorer le quotidien de 8,5 millions de voyageurs.
De plus, le Grand Paris ne se borne pas uniquement à la mise en place d’un nouveau réseau de transport mais entend répondre également aux problématiques d’habitation que rencontrent chaque jour les Franciliens. C’est pourquoi il prévoit la construction de 70 000 logements par an à meilleur marché, contre 35 000 aujourd’hui. Une mesure salutaire tant la crise du logement se révèle jour après jour paralysante pour beaucoup.
Transport, logement, le tableau de bord du Grand Paris ne serait pas complet sans aborder les conséquences que l’aménagement de la métropole va aussi avoir sur l’emploi. En considérant seulement le chantier de construction du métro rocade de la région parisienne, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) table sur la création de 10 000 emplois « non délocalisables » pendant les quinze années du chantier quand la SGP va jusqu’à annoncer pas moins de 15 000 emplois créés par an.
Une opportunité économique pour les entreprises
C’est une évidence, la mise en place d’un projet de l’envergure du Grand Paris, qui nécessite la construction de lignes de transport ou de logements, représente un véritable terrain des possibles pour les entreprises spécialisées. Dans le cadre du lancement du Grand Paris Express, plusieurs appels d’offres ont par exemple été déposés pour augmenter le nombre de trains en circulation. Rien que pour le RER E, 1,7 milliard d’euros ont été alloués aux travaux à effecteur sur cette ligne pour la période 2015-2019 et une somme identique est prévue pour les quatre années suivantes.
Un marché faramineux qui profite aux entreprises comme Alstom, à qui la RATP, le STIF et la SGP ont passé une commande commune de 2 milliards d’euros, étalée sur quinze ans avec pour commencer la livraison de 217 trains. Chez Alstom, on annonce que cette commande devrait « créer ou pérenniser 2 000 emplois en France pendant une dizaine d’années ».
Mais s’il y a une entreprise pour qui le Grand Paris fait figure d’opportunité et de vitrine, c’est bien la RATP à qui la gestion des infrastructures du projet a été confiée. La société de transport voit ici une façon de pouvoir démontrer une capacité à gérer des chantiers de grande ampleur et un véritable savoir-faire exportable à l’étranger. Pour Pierre Mongin, patron de la RATP « le Grand Paris est une marque qui est déjà reconnue à l’international ».
Celui qui présentait l’année dernière les équipes de la RATP comme des « experts facilitateurs » du projet, est confiant sur la suite des événements et l’enjeu du Grand Paris porte déjà ses fruits, ne serait-ce qu’en termes d’image auprès des Franciliens. Selon une étude TNS Sofres, ils sont en effet 76 % à reconnaitre l’implication de la RATP face aux grands enjeux de transport en Ile-de-France.
Le projet du Grand Paris est définitivement une chance pour la capitale et sa périphérie de voir révéler un potentiel économique, sociale et touristique à l’échelle nationale et mondiale. Améliorer la qualité de vie des Franciliens en facilitant leur circulation et en leur donnant accès à davantage de logements, permettre à des entreprises de créer et pérenniser des emplois, jouer dans la même cour que des métropoles internationales, voilà l’ambition du Grand Paris. Les observateurs peuvent critiquer le changement, remettre en question « la vision » ou les promesses qu’offre cette initiative, il est important de reconnaître et d’affirmer haut et fort que le Grand Paris reste un grand pas en avant vers le mieux.