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La candidature de Paris aux JO 2024 : du petit prix au Grand Pari(s)

A 10 h 39 lundi matin, la maire de Paris le déclare solennellement : « Mes chers collègues, nous voilà engagés dans l’aventure olympique. » Les membres du Conseil de Paris ont adopté le vœu que leur a transmis Anne Hidalgo, le 23 mars. Après une réaction plutôt dubitative en premier lieu, elle s’était finalement déclarée favorable aux Jeux d’été malgré le souvenir répétés des récents échecs parisiens (1992, 2008 et 2012). Paris est donc officiellement candidate pour accueillir les jeux olympiques de 2024. »

Longtemps réticente à cause du coût que représente un tel événement, Anne Hidalgo s’est laissée convaincre ces derniers mois, décidant même « d’accélérer le calendrier et la décision » fin mars. Cette décision a été principalement motivée par un rapport d’opportunité remis il y a deux mois avec faste dans les salons de l’hôtel de ville. Il visait à pour démontrer l’intérêt d’accueillir l’événement planétaire, et estimer le coût d’une candidature – environ 6,2 milliards d’euros, un montant volontairement présenté comme raisonnable, loin des 12 milliards d’euros de Rio 2016 et des 11,3 milliards d’euros de Londres 2012.

« Les Jeux financent les Jeux » expliquait, en février, Bernard Lapasset, président du Comité français du sport international. Le Comité international Olympique (CIO) financera l’organisation de la compétition à hauteur de 1,8 milliard d’euros – contre seulement 1 milliard auparavant. Les recettes propres à l’événement (billetterie, sponsoring…) apporteront un autre milliard. Resteront 3 milliards que les Français financeront à moitié entre le public et le privé. Une enveloppe consacrée essentiellement à des dépenses d’infrastructures plutôt modérées grâce à l’existence de nombreux équipements sportifs, et des réseaux de transports déjà denses. De plus, la moitié du budget (1,7 milliard) sera dédié au village Olympique, lequel sera reconverti en logements dont la capitale manque justement, en faisant un investissement durable.

Si la candidature parisienne devrait largement s’appuyer sur des équipements sportifs existants (Stade de France, Roland-Garros, Bercy, Parc des princes…), certaines infrastructures devront être bâties pour l’évènement. C’est en tout cas ce qu’espère la Seine Saint-Denis, qui voit dans l’éventuelle organisation de la compétition une formidable occasion de mettre un coup d’accélérateur à ses projets de développement.

Le 93 semble en effet être en pole position pour accueillir ces infrastructures – dont il manque cruellement du fait de son attractivité limitée pour les investisseurs en l’état. Le département a le double avantage de posséder la superficie adéquate, mais aussi de se situer à proximité de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. « L’important sera de faire des JO une belle fête du sport, mais aussi de rééquilibrer l’Ile-de-France » en termes d’infrastructures, prévient Mathieu Hanotin, conseiller général délégué au sport et à l’organisation des grands évènements. « Il faut qu’il y ait une perspective de développement durable du territoire, que ces Jeux ne deviennent pas un fardeau, comme pour certaines villes avant Paris ».

Les derniers Jeux en date, ceux de Sotchi – en Russie – 2014, ont été les plus chers de l’histoire, avec un budget total de 36 milliards d’euros. Aussi, Paris, avec les 6 milliards prévus, pourrait bien laisser les membres du CIO, souvent flattés de redessiner des villes entières, sur leur faim. Mais compte tenu du fiasco des jeux de Sotchi, rattrapés par l’aspect pharaonique des travaux et l’inutilité totale des infrastructures construites pour l’occasion – de nombreux équipements sportifs sont aujourd’hui à l’abandon – une approche plus raisonnable sera peut-être favorisée. Il s’agit avant tout de ne pas s’emballer. On connaît le passé peu glorieux de Paris en matière de JO. D’autant que la ville lumière a déjà trois rivales de choix déclarées : Boston, Hambourg et Rome.

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