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La Grèce possède les moyens de sa propre survie, reste à les exploiter

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Qu’on aime ou non la Syriza, parti de gauche radicale, et son sémillant dirigeant, le jeune et talentueux Alexis Tsipras, son arrivée au pouvoir en Grèce n’était pas dénuée d’intérêt ou de promesses. Etranglé par l’action dévastatrice de la Troïka, le pays avait vu son économie s’effondrer et le chômage exploser. Les gouvernements, de gauche, de droite ou d’union nationale, n’y ont rien fait. Et ce n’étaient pas les très timides signes de reprise qui allaient renverser la vapeur au sein de l’opinion, au bord de la révolte sociale. Le changement politique face à des débiteurs non démocratiques s’imposait certainement. Las, depuis deux mois, les espoirs s’amenuisent rapidement. 

La faute à l’Europe d’une part, inflexible dans ses exigences vis-à-vis d’un pays endetté mais dont la cure d’austérité qui lui a été imposée n’a pas porté ses fruits. Hormis Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, rares ont été les dirigeants de haut niveau à défendre l’idée d’un assouplissement des règles. Ce ne fut certainement pas le cas de Jeroen Dijsselbloem, le président de l’Eurogroupe, partisan de la rigueur s’il en est, et bien sûr de l’Allemagne. Dans leur tournée des capitales, Alexis Tsipras et son charismatique ministre des Finances Yanis Varoufakis ont soigneusement évité Berlin. Ce ne fut que pour mieux les retrouver lors de sommets européens répétés qui n’ont fait que confirmer la position de force des Européens sur la Grèce.

Et la faute à la Grèce d’autre part. Novices à ce niveau politique, les membres du gouvernement ont en effet multiplié les maladresses. D’abord en braquant le puissant ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. Ensuite en menaçant d’ouvrir en grand les portes de l’espace Schengen à des migrants clandestins si Bruxelles ne se pliait pas aux conditions de la Syriza. Enfin, et surtout, en réclamant à l’Allemagne le paiement de réparations pour l’occupation de la Grèce lors de la Seconde guerre mondiale, pour un montant justement égal ou presque à l’ampleur de la dette grecque. Une dernière erreur extraordinairement fâcheuse dans la mesure où les Etats membres ont unanimement condamné cette demande qui ressemble fort à un amalgame historique. 

Les marges de manœuvre, tant pour l’Union européenne que la Grèce, sont dès lors étroites. Bruxelles ne peut en effet bafouer les règles budgétaires qu’elle a mis tant de temps à instaurer et qui, aussi imparfaites soient-elles, ont grandement contribué à sauver l’Europe au plus fort de la crise. La perspective d’un effacement d’une partie de la dette grecque est par exemple totalement inenvisageable, car elle entrainerait des demandes comparables d’autres pays, comme l’Irlande ou l’Espagne qui se trouvent également dans cette situation et qui commencent à se rétablir. 

Quant au gouvernement d’Alexis Tsipras, ce dernier serait certainement avisé de se concentrer davantage sur les réformes à mettre en place plutôt que de courir les capitales européennes pour tenter vainement d’obtenir gain de cause. Et il y aurait fort à faire. Avec un taux de chômage de 28 % et 35 % d’habitants concernés pas la pauvreté, la Grèce souffre mais ne manque pas d’atouts pour redynamiser son économie. Avec un commerce maritime puissant (16,25 % de la flotte mondiale en termes de capacité de tonnage tout de même) et de nouveaux champs de pétrole et de gaz tout juste découverts, la pays a de quoi remonter la pente. Sans compter le tourisme, dont la vigueur ne se dément pas (+ 30 % de fréquentation les 4 premiers mois de 2014) et qu’il faut continuer à encourager.

La Grèce ne manque pas d’atouts économiques à faire valoir, mais le gouvernement envisage plutôt une hausse de la TVA dans les îles, qui aurait pour effet immédiat de freiner de leur attractivité pour les voyageurs. Et le schéma est comparable en ce qui concerne les infrastructures. Leur modernisation est indispensable et permettrait de relancer l’activité, mais aucun plan cohérent n’a pour l’heure été élaboré par le gouvernement et la perspective de constructions sans utilité pour la société est à craindre. Aussi dramatique que cela puisse paraître, le gouvernement grec est seul face à ses problèmes et ne pourra compter que sur lui-même pour sortir le pays de l’ornière.

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