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Reprise économique japonaise après 3 années de vaches maigres

La bonne nouvelle tombe une semaine après un rapport encourageant du Fonds monétaire international (FMI) qui projette un retour de croissance – timide – cette année : on assiste à un printemps économique pour l’empire du soleil levant. Pour la première fois depuis juin 2012, le Japon a affiché en mars son premier excédent commercial, avec un solde positif à 229,26 milliards de yens (1,76 milliard d’euros), selon les statistiques publiées mercredi par le ministère des Finances. Ce résultat est bien meilleur que les attentes des économistes, qui anticipaient un excédent de seulement 45 milliards de yens. La Bourse de Tokyo a également fini en hausse de 1,13% à un sommet de 15 ans. Après 32 déficits d’affilée, le Japon peut souffle un peu.

Dans le détail, les importations ont reculé de 14,5% en valeur sur la période, à 6.698 milliards de yens (51,5 milliards d’euros), alors qu’elles avaient été dopées en mars 2014 par un saut de demande en anticipation d’une augmentation sensible de la taxe sur la consommation. En mars, les achats de pétrole ont plongé de 51 % et ceux de produits pétroliers de 38 %. La facture de gaz naturel liquéfié s’est également réduite de 12 %. Le pays a également bénéficié de l’affaiblissement mécanique du yen, qui gonfle les recettes encaissées à l’étranger une fois converties en devise nippone.

La croissance des exportations japonaises a parallèlement accéléré, en particulier en direction des Etats-Unis, atteignant 8,5% en mars, à la faveur d’une hausse des ventes de véhicules et de matériel électronique. L’évolution de la valeur des devises a particulièrement joué sur les échanges avec ce dernier (+21,3% en valeur, +5,9% en volume). Ce premier excédent mensuel en près de trois ans apparaît comme une bonne nouvelle pour le gouvernement de Shinzo Abe et la Banque du Japon (BoJ). Ils tentent depuis deux ans, en vain, de vaincre la déflation et de relancer une économie fragilisée par le passage à une TVA de 8% (contre 5% auparavant) l’an passé. Cela consacre une stratégie connue sous le vocable « abenomics » – du nom du Premier ministre.

En 2011, l’économie de l’archipel était partie à veau l’eau pour la première fois en 31 ans – conséquence de la catastrophe de Fukushima – un séisme, un tsunami et un accident nucléaire avaient tué plus de 18 000 personnes ce jour-là, lorsqu’une déferlante gigantesque s’était abattue le long du littoral, ravageant les préfectures de Miyagi, Iwate et Fukushima, un nom qui est désormais pour beaucoup synonyme de désastre atomique. Cela avait entraîné l’arrêt de l’ensemble des réacteurs du pays (48 sans compter les six rendus inutilisables à Fukushima Daiichi). Ce drame a obligé le Japon à augmenter considérablement ses achats d’hydrocarbures pour faire tourner les centrales thermiques, et la facture a été de surcroît renchérie par la dépréciation du yen. Si quelques excédents mensuels avaient étés observés ponctuellement, jamais la tendance ne s’était pérennisée de la sorte.

La demande extérieure sera un  pied à l’étrier pour l’économie japonaise. Mais la consommation des ménages et l’investissement des entreprises, encore faibles, doivent désormais décoller. Marcel Thieliant, de Capital Economics (agence de recherche et analyse économique) met en garde contre un excédent commercial qui « ne devrait pas durer. » Il évoque l’amorce de rebond du marché pétrolier depuis le début de l’année et une devise nippone amenée à céder encore du terrain. Ce mouvement « devrait renchérir le coût des importations plus qu’il n’élèvera celui des exportations, » estime-t-il dans une note.

Les retombées de la catastrophe demeurent un enjeu majeur pour le pays, et un frein économique important. Une zone interdite d’un rayon de 30 km a été établie par les autorités autour de la feu-centrale. La fusion de trois réacteurs de la centrale a contaminé tout un espace agricole réputé autrefois pour son riz, son bœuf ou ses pêches. La reconstruction civile piétine aussi alors que quelque 270 000 personnes n’ont toujours pas pu regagner leur domicile, détruit par le raz-de-marée ou rendu inhabitable par la très forte radioactivité à proximité du site.

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