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David Cameron se lance dans une campagne ardue visant à réformer l’UE

Le Premier ministre David Cameron a décroché, à la surprise générale, la majorité absolue à la Chambre des Communes lors des dernières parlementaires britanniques, et pu ainsi former un gouvernement 100% conservateur pour son second mandat. M. Cameron s’était, dans le cadre de la campagne, engagé à renégocier les termes de l’appartenance du Royaume Uni à l’UE avant un référendum tenu la fin 2017 sur un éventuel « Brexit » – la sortie du Royaume-Uni du groupe des 28. Le Premier ministre s’est dit favorable au maintien de la Grande-Bretagne dans l’UE, dans la mesure où il parvenait à négocier certaines réformes. M. Cameron aspire en effet à rapatrier certains pouvoirs et à durcir les conditions d’accès aux aides sociales pour les immigrés de l’UE, notamment en provenance des pays de l’Est.

Ce durcissement, qui pourrait s’avérer difficile à obtenir, constitue « une exigence absolue » pour le dirigeant conservateur. David Cameron n’a pas exclu d’appeler à voter non, s’il ne devait rien obtenir de ses partenaires européens. Il dispose de trois rencontres d’importance pour convaincre : il doit s’entretenir avec Jean-Claude Juncker le 25 mai, François Hollande le 28 mai et Angela Merkel le lendemain. Ces visites permettront au leader britannique de  sonder les grands décideurs de l’UE sur ses propositions de réforme. La montée eurosceptique au Royaume-Uni le mettent dans une position inconfortable, le forçant à durcir le ton, alors que le calendrier tombe au plus mal. Le grand écart est d’autant plus délicat que Cameron ne fait pas face à des partenaires ayant déjà fort à faire avec la crise en Ukraine, la crise grecque et le maintien de l’euro, et ne sont enchantés par les velléités indépendantistes du Royaume-Uni.

Pour commencer, son rapport avec le président de la Commission européenne peut au mieux être qualifié de maussade. Il y a près d’un an, David Cameron avait mené une véritable croisade contre la nomination de Jean-Claude Juncker à ce poste – il considérait que cet europhile était peu susceptible de mettre en oeuvre les réformes de l’UE voulues par Londres. Visiblement moins pressés que lui d’en parler, ses pairs ne sont pas étendus sur la question à Riga, un silence qui en dit long sur les discussions ardues à venir. De plus, la feuille de route d’Angela Merkel et de François Hollande pour la zone euro, résumée dans un document obtenu par Le Monde, ne va pas du tout dans son sens. La France et l’Allemagne rejettent en effet par avance dans ce texte commun l’une des revendications clés du chef de gouvernement de Sa Majesté – la modification des traités européens – et suggèrent au contraire de progressivement renforcer l’intégration à l’Union.

Dans ce document envoyé samedi 23 mai à Jean-Claude Juncker, le président de la commission, la France et l’Allemagne prennent en effet la direction opposée de celle défendue par Cameron, proposant que la zone euro se dote d’un programme dans « quatre domaines d’action, qui devraient être développés dans le cadre des traités actuels dans les prochaines années » : la politique économique, la convergence économique, fiscale et sociale, la stabilité financière et les investissements, et la gouvernance de l’Union monétaire. Il s’agit donc entre autre de conforter les « recommandations » faites aux différents Etats afin qu’ils mènent les réformes jugées nécessaires, selon un cadre commun. M. Cameron, lui, appelle au contraire à rapatrier certaines compétences vers les capitales des Etats membres.

Le parti d’opposition travailliste britannique a d’ores et déjà annoncé qu’il soutiendra la proposition du Premier ministre David Cameron d’un référendum sur l’UE, tout en appelant à voter pour rester dans l’Union. La responsable de fait du parti, Harriet Harman, et son porte-parole pour les affaires étrangères, Hilary Benn ont insisté qu’ils ne changeraient pas de ligne politique, quel que soit la réception des demandes du gouvernement de David Cameron. « Le parti travailliste ne veut pas voir la Grande-Bretagne sortir par inadvertance de l’Union européenne. Nous ferons campagne pour notre maintien. »

David Cameron compte s’entretenir avec l’ensemble de ses 27 partenaires européens avant le sommet des chefs d’État et de gouvernement des 25 et 26 juin à Bruxelles. Dans les faits, Cameron est sur tous les fronts : en plus des rencontres bilatérales, mercredi 27 mai, le rituel du discours de la Reine sera l’occasion d’annoncer tous les chantiers qui incombent au nouveau Parlement cette année – dont la loi ouvrant le champ à l’organisation du referendum. La question du calendrier reste encore à déterminer, mais le gouvernement ne cache pas son ambition de tenir le scrutin le plus tôt possible. Certains parlent de fin 2016 pour éviter de télescoper les échéances paralysantes des campagnes électorales françaises et allemandes en 2017.

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