Site icon La Revue Internationale

Le drame des Rohingyas se poursuit avec la découverte de fausses communes en Malaisie

Ahmad Zahid Hamidi, le ministre de l’intérieur de la Malaisie, a annoncé dimanche la découverte de fosses communes susceptibles de renfermer les dépouilles de migrants, victimes de la traite d’êtres humains au coeur d’une crise régionale.  Ces charniers se situent près de camps de fortune mis en place par les passeurs. Il est question de « 139 tombes présumées mais [les autorités] ne savent pas combien de corps contient chacune des tombes, » a déclaré dimanche le chef de la police malaisienne. La police et des experts sont sur place et continuent de déterrer les corps. « Une découverte effroyable, » a réagi le gouvernement malaisien.

C’est en effet la première fois depuis le début de la crise des migrants dans cette région, début mai, que la Malaisie découvre sur son territoire des tombes et des camps de réfugiés. Mais ce nouvel épisode tragique confirme la situation d’urgence concernant l’afflux massif de migrants dans cette région du Monde. Jusqu’à présent, Kuala Lumpur avait démenti que des camps de détention de migrants ou des fosses communes puissent exister sur son sol.  L’enquête est en cours sur place et les autorités ont annoncé lors d’une conférence de presse ce lundi que ces fosses se trouvent sur deux sites du district montagneux de Gunung Perlis, dans cette pointe malaisienne qui s’enfonce dans le sud thaïlandais, à quelques kilomètres seulement de l’endroit où la Thaïlande avait fait la même découverte début mai.

Cela semble indiquer que les camps abandonnés pourraient faire partie d’un même réseau de passeurs. De tels camps parsèment la Thaïlande et, donc, le nord de la Malaisie. Les migrants rescapés lors des précédents scandales ont mentionné à plusieurs reprises cette zone spécifique où les filières de passeurs et de trafiquants opèrent depuis de longues années. La région confrontée à une crise migratoire sans précédent depuis la fin de la guerre du Vietnam. Les restes humains sont vraisemblablement ceux de Bangladais et de Rohingyas, minorité musulmane persécutée vivant essentiellement en Birmanie – depuis 2012, plus de 100.000 d’entre eux ont quitté la Birmanie.

Après une découverte similaire il y a quelques semaines, la Thaïlande avait décidé de sévir contre les filières de passeurs qui abusaient de ces candidats à l’exil. Le 6 mai par exemple, les autorités thaïlandaises ont découvert six corps enterrés dans la jungle et vingt-six cadavres dans un camp de détention. Quelques jours après, la Thaïlande annonçait le licenciement de plus de 50 policiers pour trafic d’êtres humains. Des milliers de personnes ont été abandonnées en mer par les trafiquants, dont la soigneuse et sordide opération prenait l’eau. Soumises aux pressions de la communauté internationale, la Malaisie et l’Indonésie viennent d’annoncer qu’elles chercheraient à localiser et secourir les bateaux de migrants.

Selon l’Organisation des Nations unies, des milliers de migrants venant de Birmanie et du Bangladesh sont en perdition dans le golfe du Bengale alors que la mousson approche. Plusieurs pays de la région ont assoupli leur politique cette semaine, sous la pression internationale : le 20 mai dernier, la Malaisie et l’Indonésie ont annoncé qu’elles allaient accorder un asile temporaire aux 7.000 migrants dérivant sur des bateaux dans les mers d’Asie du Sud-Est. Certains bateaux ont été refoulés vers le large dans une sorte de « ping pong humain » dénoncé par les ONG. Mais la Thaïlande, qui mène une nouvelle politique répressive à l’encontre de ces filières d’immigration clandestine, n’a pas souhaité s’associer à ces propositions.

La découverte de nouveaux charniers, en territoire malaisien cette fois, confirme s’il en était besoin, que cette partie de l’Asie du Sud-est doit trouver une solution à ce problème. Un sommet régional est prévu le 29 mai prochain à ce sujet en Thaïlande. Les 15 pays touchés par cette crise sans précédent devraient y participer, parmi lesquels l’Australie, l’Indonésie, la Malaisie, le Cambodge, le Laos, le Vietnam, le Bangladesh et même les Etats-Unis. 

 

Quitter la version mobile