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Renault franchit un nouveau cap dans le low cost

Petit prix mais grand jeu

La cérémonie de lancement du nouveau modèle de la marque au losange n’avait rien à envier au productions bariolées de Bollywood. Musique, danses, costumes chatoyants, Renault a sorti le grand jeu. Et pour cause, l’affaire n’est pas mince. Onze ans après la Logan, Renault lance la deuxième phase de son offensive dans le low cost avec la Kwid. La marque française, qui peine à monter en gamme, se conforte dans le domaine qui lui a, jusqu’ici, réussit. Ce petit 4×4 urbain aux allures de Duster a été dévoilé mercredi 20 mai à Chennai, siège indien de l’alliance Renault-Nissan. Ce nouveau véhicule sera commercialisé cet automne entre 300 000 (soit 4 200 euros) et 400 000 roupies (5 500 euros) pour rapidement conquérir 5% du très concurrentiel marché indien. Il arrivera ensuite au Brésil, puis en Afrique avec – à l’image de la Logan qui a fini par s’imposer partout dans le monde – l’Europe, dans le collimateur.

La Kwid dispose d’une nouvelle plate-forme, d’un nouveau moteur, d’une nouvelle boîte de vitesse, ce véhicule émet peu de CO2, et respecte les réglementations de sécurité indienne – il n’est néanmoins pas conforme aux régulations de l’EU pour l’instant, et nécessitera quelques adaptations le cas échéant. Si ce véhicule concentre les attentions, c’est qu’il est le premier à avoir été entièrement pensé pour l’Inde et, par extension, les pays émergents. Le constructeur français choisit ainsi un marché en pleine croissance, où 2,57 millions de voitures ont été vendues en 2014 – une augmentation de 150% par rapport à 2005. Aujourd’hui, la marque au losange est le premier constructeur européen du pays avec 1,5 % du marché. Il reste néanmoins très loin des cadors locaux Maruti-Suzuki (46 % du marché) et Hyundai (16 %). Avec les équipements du Kwid relativement haut de gamme pour ce segment, Renault a des chances de réussir à s’imposer.

 

La recette du low cost

Si le prix de cette citadine est révolutionnaire, il ne s’agit pas pour autant de la voiture la moins chère du monde. Le constructeur indien Tata propose déjà la Nano pour un prix avoisinnant les 2500 dollars. Celle-ci n’est dotée de trois  portes – et autant de places – ce qui en fait un produit substantiellement différent. La marque vise des acheteurs de classes émergeantes. Le secret de ce prix redoutable? Le même que dans le plupart des produits low cost : une production locale (moteurs, boîtes de vitesses et 98% des composants sont fabriqués sur place pour éviter de coûteuses importations), la récupération de pièce déjà fabriquées pour d’autres modèles Renault/Nissan, et l’impasse sur les gadgets usuels comme la clim ou direction la direction assistée. De plus, sa taille réduite (3,68m) lui permet d’échapper à la taxe de 30% appliquée aux véhicules de plus de quatre mètres.

 

L’épreuve du feu avant une commercialisation européenne plus coûteuse

Pour arriver en France, la Kwid pourrait trouver une porte d’entrée idéale dans l’usine de Tanger, au Maroc – et il est fort à parier qu’en ces temps d’austérité elle trouve son public, surtout dans les zones de fortes densité comme la Région parisienne.  Les moins de 30 ans n’achètent en effet presque jamais de véhicule neuf, faute de moyens. L’arrivée d’un modèle à leur portée pourrait changer ce comportement et remporter un franc succès. Mais en Europe, la Kwid coûterait plus cher qu’en Inde car les normes de pollution et de sécurité sont plus contraignantes. Pour être homologuées, les voitures doivent subir une batterie de tests et de crashs-tests qui les obligent à disposer de carrosseries à déformation programmée. Elles doivent également être équipées de dispositifs électroniques obligatoires comme l’ABS, depuis 2004. Son prix avoisinerait ainsi les 6.000 euros, lui assurant confortablement la place de petite citadine la moins chère du marché.

La Kwid annonce une nouvelle ère qui fera la part belle à la gamme de petits véhicules abordables. Dans les années à venir, huit modèles pourraient être assemblés sur ce modèle pour les marques Renault, Dacia, mais aussi Nissan ou Datsun. Nissan cherchait sa voie pour entrer sur ce marché. En 2011 le deux groupes ont joint leurs forces et leurs rêves, et il se pourrait bien que le pari soit gagnant.

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