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Hong Kong : Les «parapluies» sont à nouveau dans la rue

Second souffle pour le Mouvement des parapluies? Les militants prodémocratie de Hong Kong espéraient faire front uni dimanche dans la rue avant un vote au parlement local sur un projet de réforme électorale qui divise le territoire autonome chinois depuis des mois. L’ancienne colonie rétrocédée par les britanniques à la Chine en 1997 s’inscrit en effet dans un ordre « un pays, deux systèmes. » Hongkong bénéficie d’un régime spécial lui accordant plus d’autonomie et de liberté qu’en Chine continentale. Mais le mouvement des parapluies dénonce les procédures électorales fixées cet été par Pékin pour le prochain scrutin, en 2017, qualifiée de détournement de la démocratie.

Le texte débattu au Parlement, fixe les modalités de l’élection en 2017 du chef de l’exécutif. Le vote est prévu d’ici vendredi 19 juin. Le projet de réforme, concocté par les autorités de Hongkong sous le contrôle du gouvernement central chinois, prévoit pour la première fois d’instaurer le suffrage universel – le chef de l’exécutif était jusqu’alors désigné par un collège de grands électeurs loyal à Pékin. Une parodie, selon le camp prodémocratie car, si la réforme voit le jour, le Parti communiste chinois garderait la haute main sur le processus puisque seuls deux ou trois candidats adoubés par un comité aux ordres seraient autorisés à se présenter.

Des dizaines de milliers de personnes dont de nombreux étudiants avaient manifesté quotidiennement à l’automne dernier contre cette réforme, paralysant une partie de la ville pendant deux mois avant d’être délogé manu militari par la police. Des rencontres de conciliation entre les militants d’une part, le chef de l’exécutif de Hong Kong Leung Chun-yin et des responsables chinois d’autre part, sont demeurées infructueuses, chacun refusant de céder un pouce de terrain. La récente manifestation de quelques milliers de personnes faisait pâle figure en comparaison avec les nombreux sit-ins de septembre et d’octobre.

Dans l’ancienne colonie britannique, les sondages d’opinion dressent le portrait d’une société polarisée.  selon la dernière enquête d’opinion disponible, une majorité de 43% de sondés est pour la première fois opposée à la réforme, 41,7% y étant favorables. D’un côté, des partisans d’une solution consensuelle afin de ne pas courroucer la Chine continentale, devenue cruciale au plan économique. De l’autre, des militants démocrates, le plus souvent jeunes, qui « éprouvent vis-à-vis de Pékin une véritable détestation « , analyse Ding Xueliang, professeur de sociologie à la faculté des sciences de Hong Kong. « Les générations précédentes sont nées en Chine continentale et gardent avec la mère patrie une relation très forte. Mais les plus jeunes, personne ne peut les forcer à aimer la Chine. « 

Les députés prodémocratie ont déjà fait savoir qu’ils voteraient contre, ce qui signe par avance la mise en échec du projet puisqu’il n’obtiendra pas la majorité des deux tiers nécessaire à son adoption. Une situation qui déboucherait sur un inquiétant blocage. A Pékin, on durcit le ton, avertissant que Hongkong, territoire autonome jouissant de larges prérogatives et de liberté inexistantes en Chine populaire, se préparait à un avenir « préoccupant » en cas de rejet du projet de réforme. Pour le politologue Sonny Lo « Pékin va montrer du doigt les démocrates qui ont torpillé ce projet de réforme politique dont le gouvernement central estime qu’il représente une vraie concession » aux Hongkongais réclamant plus de démocratie. Avec le blocage assuré de la réforme, le débat sur l’avenir politique de Hong Kong devrait rester durablement dans l’impasse, prédisent les analystes.

La sécurité avait été renforcée autour du Legco, situé au cœur du quartier financier et administratif de la ville, pour l’ouverture du débat parlementaire. La police dit vouloir prévenir l’intrusion de militants « radicaux » dans l’enceinte du Parlement après l’arrestation de dix personnes soupçonnées de fabriquer des explosifs, dont l’une appartiendrait à un « groupe radical local ». Ces arrestations suscitent méfiance et perplexité au sein du camp prodémocratie qui craint un coup monté pour discréditer son combat et favoriser le revirement de ses membres les plus modérés, tentés par une solution de consensus.

 

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