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La nouvelle PDG de la RATP sur les rails de la mobilité durable

Mardi 12 mai, Elisabeth Borne, « candidate du gouvernement » à la succession de Pierre Mongin à la tête de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), est auditionnée par les députés de la commission du Développement durable. Lorsqu’ils lui demandent la vision qu’elle a du « 5ème groupe mondial de transport public », elle déclare : « La priorité, pour moi, est que l’on fasse de la croissance rentable », tout en faisant de la RATP « l’entreprise de référence en termes de mobilité durable ». C’est sur cette double voie que s’était engagé Pierre Mongin, son prédécesseur, avant d’annoncer son départ pour le géant tricolore de l’énergie, Engie (ex-GDF-Suez) : croissance et mobilité durable.
 

La RATP déjà bien engagée dans la mobilité durable

Et ce dernier d’avoir, même au moment de passer la main, de nombreux projets en tête pour le groupe public des transports franciliens. Commentant les chiffres réalisés en 2014 par la RATP – 3 % de croissance, un chiffre d’affaires de 5,3 milliards d’euros –, le nouveau PDG d’Engie affirmait vouloir « amplifier ces résultats en 2015 tout en conduisant des chantiers considérables : trois prolongements de ligne de métro et le renouvellement des voies du RER A, tout en menant les études pour la ligne 14 vers Orly et pour la ligne 11 vers Rosny Bois-Perrier ». Des projets au cœur de la politique durable engagée par l’entreprise publique depuis quelques années.

En 2012, Pierre Mongin fait adopter le plan stratégique Vision 2020, afin d’assurer le développement du groupe dans le respect de normes toujours plus soucieuses de l’environnement. Quatre engagements sont alors avancés : développer des solutions de mobilité durable ; économiser l’énergie et lutter contre le réchauffement climatique ; agir en faveur de la santé des voyageurs et des riverains ; atteindre l’exemplarité dans les pratiques professionnelles.

S’agissant de la mobilité durable, qui est l’un des vecteurs de la politique d’Elisabeth Borne, l’exemple, a priori simpliste, de la station de métro Porte de la Chapelle est évocateur : en décidant de percer une nouvelle sortie, la RATP permet de faciliter la correspondance entre la ligne 12 et le tramway T3b. « L’ingénierie RATP veille à assurer une meilleure accessibilité à tous les publics, peut-on lire dans le Rapport Développement durable pour 2012. Les nouvelles gares et stations sont conçues pour offrir des correspondances courtes, faciles et directes. » L’accessibilité et la « lisibilité » du réseau RATP sont effectivement deux notions primordiales, à l’heure où le temps de transport doit être perçu, non plus comme un gâchis, mais comme une valeur optimisée et utilisée.

D’un point de vue environnemental, Pierre Mongin a engagé l’entreprise publique sur les rails de l’écomobilité, en décidant notamment de la fin du « 100 % diesel » dans le parc de bus du réseau. A ce titre, 2015 devrait voir expérimentés les premiers bus 100 % électriques préalablement construits par le groupe français Bolloré. Le principal enjeu, pour la RATP mais également le Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), étant d’apparaitre comme une vitrine au cours de la COP21 – conférence internationale sur le climat – qui se tiendra fin novembre/début décembre au Bourget.

Elisabeth Borne, une femme de réseau

Lors de ses auditions en commissions parlementaires – Assemblée nationale et Sénat –, Elisabeth Borne a démontré qu’elle maitrisait ces enjeux et, surtout, qu’elle était disposée à poursuivre l’action de Pierre Mongin pour une mobilité durable toujours plus effective. Cette ancienne élève de Polytechnique et des Ponts et chaussées était d’ailleurs jusqu’à présent directrice de cabinet de Ségolène Royal, ministre de l’écologie ; les deux femmes se sont rencontrées sur les terres de l’ancienne candidate à la présidentielle de 2007 : la première était préfète de la région Poitou-Charentes tandis que la seconde dirigeait le conseil régional. Madame Borne, en un an de cabinet ministériel, aura donc vu passer plusieurs dossiers concernant le développement durable et, stricto sensu, l’environnement : de la circulation alternée dans Paris au projet de loi sur la transition énergétique, l’ingénieure de 54 ans a eu le temps de roder toutes ces questions.

Après plusieurs passages en cabinets ministériels – et même à Matignon sous Jospin –, notamment à l’Equipement, ainsi qu’à la Direction régionale de l’équipement d’Ile-de-France, Elisabeth Borne intègre la SNCF comme directrice de stratégie. La nouvelle patronne de la RATP est donc une femme qui maitrise parfaitement le réseau, ferroviaire du moins. Si, d’après plusieurs sources dans le milieu, cette dernière devra nécessairement se faire une place au sein de sa nouvelle structure, elle dispose en tout cas des compétences requises pour ce poste. Tandis que François Hollande, qui l’a nommée lors du conseil des ministres le 20 mai dernier, assure qu’ « elle coche beaucoup de cases » – en parlant de son expérience –, Anne Hidalgo voit en elle « une assurance tout risque, ce que la méritocratie républicaine peut produire de mieux ». Les deux femmes avaient travaillé ensemble à la mairie de Paris, en 2008, lorsque l’actuelle maire était adjointe à l’urbanisme.

Maintenant qu’elle est propulsée à la tête de la RATP, Elisabeth Borne doit s’atteler à d’autres formes de constructions. Souterraines, quant à celles-ci, mais surtout dans la même veine écolo-durable choisie par son prédécesseur. Poursuivre le dossier des bus 100 % électriques est, semble-t-il, un bon moyen de débuter son mandat tout en faisant de la RATP la vitrine escomptée de la prochaine COP21. Qui s’ouvre dans moins de six mois.

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