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Quelle place pour le gaz naturel dans la transition énergétique ?

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Un des objectifs de la transition énergétique est de redéfinir notre mode actuel de production et de consommation en s’appuyant sur un nouveau modèle: durable, soucieux du respect de l’environnement, économique et évitant l’épuisement des ressources naturelles. Il faut plus largement changer le système énergétique actuel. Soit créer un changement dans la nature des énergies utilisées dans le pays. Pour cela, il est nécessaire de passer d’une utilisation d’énergies non renouvelables telles que le charbon, le pétrole ou l’uranium à un nouveau bouquet énergétique basé cette fois sur les énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie, etc).

Concrètement, la loi sur la transition énergétique prévoit de réduire la part de l’atome, soit le nucléaire, de 75 % à 50 % d’ici 2025. Un autre objectif est de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 par rapport à 1990 ou encore de réduire notre consommation d’énergie fossile de 30 % en 2030 par rapport à 2012. Un beau projet, qui pose cependant quelques questions, notamment concernant la place occupée par le gaz dans la loi.

Le gaz naturel est en effet placé au même rang que le pétrole et le charbon, alors que son impact sur l’environnement est bien moindre : il est émet deux fois moins de CO2 que le charbon par exemple. Un constat rappelé par Jérôme Ferrier, le Président de l’Union Internationale du Gaz : «Dans la mouture initiale du texte, toutes les énergies fossiles étaient mises sur le même plan, en particulier le gaz et le charbon. C’est un non-sens car le charbon produit émet deux fois plus de CO2 que le gaz ». Il poursuit : «Nous regrettons un peu cette vision globale qui tend à prouver une fois de plus que l’impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre est le même d’une énergie à l’autre. Or répétons-le, ce n’est pas du tout le cas.»

Le gaz, une énergie d’avenir ?

Il s’agit en effet d’une énergie propre au niveau environnemental, au bilan carbone maîtrisé, sa combustion étant deux fois moins polluante que celle du charbon. Sa production peut également être tout à fait sobre écologiquement car le biométhane a le vent en poupe. Cette forme de gaz naturel est produite à partir de déchets naturels issus des exploitations agricoles. A ce titre en 2030, 75 % du biométhane proviendra de l’agriculture. Le gaz est abondant, des gisements étant quotidiennement mis à jour dans le monde entier, pour des réserves pouvant aller jusqu’à plusieurs décennies de consommation. Une pénurie en gaz n’est donc pas à l’ordre du jour, loin de là.

Par ailleurs, son utilisation au niveau domestique notamment, est des plus efficaces. Les particuliers qui se sont équipés de chaudières nouvelle génération réalisent une économie de 25 % sur leur note annuelle en comparaison avec leur ancien équipement. Plus encore, le monde industriel a tout à gagner à en augmenter l’utilisation : il est économe pour le transport de personnes ou de marchandises et performant au niveau de l’alimentation énergétique des usines et sites de production divers. Et il s’adapte tant pour le transport maritime que fluvial ou routier. 

Le gaz naturel dispose finalement d’une très belle capacité de stockage, idéal pour assurer la qualité de l’approvisionnement du pays, que cela soit sous forme compressée (GNC) ou liquéfiée (GNL). Le réseau gazier actuel permet en l’état de stocker 25 térawatt heures d’énergie, solution alternative particulièrement probante face aux problèmes d’intermittence de l’éolien ou du solaire. Tout ceci sans compter sur sa très bonne complémentarité avec d’autres énergies. Car le gaz est en soi capable de produire de l’électricité au sein d’usines spécifiques. Soit deux énergies pour le prix d’une.  

Du gaz pour remplacer le charbon

Une longue liste d’atouts qui ne suffit pourtant pas à redorer le blason du gaz naturel en France, encore placé au même rang que le charbon. Cela étant, il y a bon espoir que cette situation change durant la COP 21. La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique se déroulera à Paris en décembre 2015. Elle aura pour but de trouver un accord sur les moyens à mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 2°C et réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Lors de la COP 21, un des objectifs atteignables serait de passer d’une utilisation intensive du charbon – très polluant et non renouvelable –  à une utilisation beaucoup plus marquée du gaz – bien moins polluant et donc pertinent avec la transition énergétique -. La Chine et les Etats-Unis ne se sont d’ailleurs pas trompés sur la question. Aux USA, la part du charbon dans la production d’électricité est passée de 50 % en 2004 à 39 % en 2013, grâce à l’utilisation du gaz. En Chine, toutes les centrales à charbon sont fermées et déjà remplacées par de nouvelles fonctionnant au gaz cette fois.

S’il ne déchaîne pas les débats comme peuvent le faire le nucléaire ou les énergies renouvelables, le gaz a tout l’air d’une énergie d’avenir encore trop sous-estimée. Et alors que croissance économique et maîtrise du changement climatique constituent sans nul doute les enjeux qui inspireront les politiques de demain, pourquoi ne pas prendre un peu d’avance et commencer d’ores et déjà à s’intéresser à une énergie qui pourrait nous réserver bien des surprises ?

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