Site icon La Revue Internationale

FN : la justice donne raison à Jean-Marie Le Pen pour la troisième fois

Jean-Marie Le Pen a obtenu victoire dans le combat qui l’opposait au Front national, parti dont il est le fondateur. L’homme politique n’a pas supporté d’être radié de son titre de président d’honneur du FN et a porté plainte, et viens d’être conforté mardi 28 juillet par la Cour d’appel de Versailles. Les juges ont confirmé la décision prise le 8 juillet par le TGI de Nanterre qui avait annulé le Congrès organisé par le parti d’extrême-droite pour supprimer la présidence d’honneur. La semaine dernière, la justice avait déjà annulé la mise à l’écart de Jean-Marie Le Pen en tant qu’adhérent, décrétée par le parti à l’initiative de sa fille. Le parti a « violé » ses règles internes en organisant ce congrès par correspondance, et non sous forme physique comme cela devrait être le cas pour une modification des statuts – notamment la suppression de la présidence d’honneur, estiment les juges. Le Front national donc est invité à organiser un nouveau congrès physique, « conformément à ses statuts », .

« C’est une troisième victoire et c’est maintenant un camouflet évident envers le Front national, dont celui-ci devrait commencer à tirer les leçons. » L’avocat de Jean-Marie Le Pen, Me Frédéric Joachim, n’a pas caché sa satisfaction, mardi, à 14 h 30, en apprenant la décision de la cour d’appel de Versailles. Le FN avait minimisé la première victoire de Jean-Marie Le Pen, rétabli en tant qu’adhérent la semaine dernière, estimant que le congrès voterait inévitablement la suppression de son titre qui le rendait membre de droit de toutes les instances internes, « à vie » selon lui. Ce congrès, qui s’appuie sur quelque 51 500 adhérents en majorité acquis à la cause de Marine Le Pen, très probablement voté la suppression de la présidence d’honneur du « Menhir. » Pour conserver sa place au sein du parti qu’il a créé, Jean-Marie Le Pen n’a pas hésité à se lancer dans une offensive judiciaire totale – comme il l’avait  déjà fait lors de la crise l’opposant à Bruno Mégret en 1998.

Ces épisodes judiciaires s’inscrivent dans le conflit entre le père et la fille dont l’entreprise de « dédiabolisation » du parti va à l’encontre de la volonté du vieux tribun, âgé de 87 ans. Sa suspension du parti le 4 mai avait été provoquée par de nouvelles déclarations provocantes sur la Shoah et l’immigration. Mais Marine ne lâche pas pour autant prise. En contraste, du côté FN, elle avait invité ses cadres à la réserve. Un communiqué de douze lignes prenait acte de la décision en exprimant l' »étonnement » du parti et en considérant qu’une « série de décisions de justice » visait à « conserver à Jean-Marie Le Pen un titre qu’il ne mérite évidemment plus vu son comportement de plus en plus inqualifiable. » Elle a indiqué mardi que le parti allait « dépouiller et rendre publics » ce mercredi « les 30.000 votes de la consultation du congrès » affirmant que « malgré la suspension de ses effets juridiques [elle] a une incontestable autorité politique. »

Comme le laisse entendre ce communiqué, l’hypothèse d’une sanction disciplinaire semblait privilégiée au sein du parti, où l’on estime que le premier jugement a confirmé la compétence du bureau exécutif en matière de sanction. Autrement dit, l’exclusion de l’adhérent Jean-Marie Le Pen est sur la table des projets. Les marinistes jugent que l’intéressé a suffisamment multiplié les attaques et les critiques pour que sa mise à l’écart soit justifiée. La guerre se prolonge au Front national et plus le temps passe, plus le fossé se creuse entre Marine et Jean-Marie Le Pen. Le conflit n’a cessé de se durcir depuis le mois d’avril. La présidente du FN avait promis qu’elle ne laisserait «personne affaiblir» le parti. Le président d’honneur avait juré qu’il se battrait jusqu’à «la limite» de ses forces.

En pleins préparatifs des régionales, pour lesquelles le Front national nourrit de grands espoirs, cette affaire fait très mauvais genre – tant auprès des adhérents partagés entre le Front historique, et sa nouvelle mouture plus présentable, qui a permis un élargissement de son électorat.  Ce conflit contrarie à l’évidence les plans de Marine Le Pen. Le FN affiche en effet de fortes ambitions dans au moins deux régions lors du scrutin de décembre : le Nord-Pas-de-Calais Picardie, où Marine Le Pen elle-même se présente, et la région PACA, où sa nièce, Marion Maréchal Le Pen, est bien placée dans les sondages pour l’emporter. Jean-Marie Le Pen a dernièrement laissé entendre qu’il réfléchissait à la constitution de listes dissidentes en Paca. Une menace qui s’appuie sur la fronde de plusieurs cadres locaux, dont certains ont déjà été exclus du parti. Il y a tout de même un risque pour Jean-Marie Le Pen : cela pourrait motiver son exclusion en vertu des statuts actuels. Ce qu’il s’acharne à éviter depuis le début de cette crise.

Quitter la version mobile