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La visite de Laurent Fabius en Iran et la question des droits de l’homme

C’est dans ce contexte et à la suite de la visite d’un ministre allemand à Téhéran, que Laurent Fabius a annoncé son intention de se rendre en Iran le 29 juillet prochain.

Mais sa visite intervient dans un contexte particulièrement inopportun de part l’aggravation de la situation des droits humains en Iran. Un contexte qui suscite de profondes inquiétudes des défenseurs des droits de l’homme. Amnesty International a dénoncé cette semaine la « frénésie des exécutions » en Iran où selon cette organisation près de 700 personnes condamnées à la peine capitale ont été exécutées depuis le début de l’année.

L’organisation de défense des droits de l’Homme basée à Londres croit savoir que « les autorités iraniennes ont exécuté 694 personnes entre le 1er janvier et le 15 juillet 2015 », un nombre sans précédent dans le pays. Le bilan du régime théocratique sous la présidence d’Hassan Rohani s’approche de 2000 exécutions depuis son élection en juin 2013.

Ce pic, a indiqué Saïd Boumedouha, adjoint du programme d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, « brosse un tableau sinistre de l’appareil de l’Etat qui commet des meurtres à grande échelle ».

Les valeurs de la république

La diplomatie française doit avoir à l’esprit les valeurs de la république dans la formulation de ses relations avec les régimes dictatoriaux tels que l’Iran. La visite du ministre français ne devrait pas éclipser le bilan catastrophique des droits humains en Iran.

La fermeté de la France dans les négociations sur le programme nucléaire iranien a été le point fort de notre diplomatie. Il est naturel d’attendre du ministre français lors de son prochain déplacement à Téhéran de faire preuve de la même fermeté contre les outrages à l’être humain dans ce pays.

Les intellectuels iraniens à l’intérieur du pays, tout particulièrement, ceux frappés par la répression s’inquiètent pour leur part de voir que le régime intégriste ne tente d’exploiter des visites de personnalités de pays démocratiques pour signifier à son opinion que ses relations se normalisent avec la communauté internationale, même s’il ne relâche rien en matière de répression.

Les défenseurs des droits de l’homme estiment que dans ces conditions, seule l’évocation par le ministre de la situation des droits humains en Iran et leur incompatibilité avec les principes de la République française, enlèveraient aux autorités iraniennes la capacité d’instrumentaliser dans leurs médias officiels une telle visite à des usages de propagandes intérieures au détriment des libertés démocratiques.

Il est important qu’un accord, aussi nécessaire soit-il, sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, ne puisse pas servir de facto à cautionner les pratiques d’un régime exécrable au détriment d’une population qui aspire fortement à la liberté et à la démocratie, comme ce fut rappelé par les enseignants iraniens la semaine dernière.

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