Site icon La Revue Internationale

Violences et économie garrottée, au Donbass, les populations civiles sont les premières victimes

donbass.jpgdonbass.jpg
Plus d’un an après le début des hostilités entre loyalistes et séparatistes ukrainiens, la région du Donbass n’a connu qu’une perpétuelle escalade de violence. Les récents efforts de l’UE auprès du gouvernement ukrainien pour que le Donbass bénéficie d’un statut particulier pourraient mener à un apaisement dans la région. Mais le blocus économique ne va pour l’instant pas améliorer le sort des populations locales.  
 
1,2 millions de personnes ont fui la région depuis le début du conflit
 
Depuis son rapport remarqué de janvier dernier, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU n’a cessé d’alarmer sur la situation humanitaire au Donbass. Ce sont plus de 1,5 million de personnes qui ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence sur les 5,2 millions de personnes vivant encore dans les zones de conflit. En effet, beaucoup ont décidé de fuir la région, voire le pays. Plus de 1,2 million de personnes ont ainsi fui le Donbass depuis le début du conflit. Au total, 633 523 personnes ont quitté leur domicile pour s’installer dans d’autres régions d’Ukraine, et 593 622 autres se sont réfugiées dans les pays voisins, principalement en Russie et la Biélorussie. 
 
La situation des civils demeurés sur place est préoccupante : manque d’électricité, de chauffage, de gaz, d’eau potable et d’équipements pour l’hygiène, et ce depuis l’hiver dernier. L’ONU dénonce également le manque de médicaments, d’essence pour les ambulances et de personnel, la majorité des médecins et des aides-soignants ayant quitté le territoire. Peu d’ONG se sont pour l’instant mobilisées en faveur des populations locales. Des colis alimentaires et des bons de nourriture sont envoyés par l’ONG World Food Program (WFP) et par le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), mais l’aide reste encore très insuffisante, notamment le matériel médical et de premiers secours. 
 
Une aide a cependant vu le jour de l’intérieur. L’ONG « Restoring Donbass » vient en soutien aux populations sur place ou déplacées. Au-delà de son aide immédiate, le projet s’est donné pour objectif de promouvoir le dialogue et la paix et de participer à la reconstruction de la région. L’ONG collecte ainsi des données sur l’étendue des dégâts causés par le conflit. Ses experts ont par exemple établi que plus de 10 000 bâtiments et infrastructures avaient été touchés par les bombardements et restaient pour l’instant à l’état de ruines. 
 
La crise proche d’une accalmie ?
 
Dans ce pays situé entre l’Europe et la Russie, le conflit cristallise de nombreux enjeux politiques, diplomatiques et économiques. Les nombreuses violations du cessez-le-feu conclu par les accords de Minsk en février dernier ont pour l’instant résulté en une longue agonie du Donbass. L’UE vient cependant d’appeler à la création d’un statut particulier pour la région pour une durée indéterminée, ce qui pourrait permettre une certaine accalmie. Des élections seraient ainsi organisées dans la région tenue par les insurgés, le pouvoir serait décentralisé et un statut particulier octroyé. 
 
Dans une optique de dialogue avec les régions tenues par les insurgés, la vice-présidente de la commission des affaires étrangères du Parlement ukrainien, Ivanna Klimpouch-Tsintsadze, a confirmé cette information. « Les Européens nous demandent de proposer une stratégie de statut spécial pour le Donbass. Ils exigent en outre que la durée du statut ne se limite pas à trois ans, mais qu’il soit accordé sine die ». Une éclaircie dans ce conflit meurtrier ? Pour l’heure, la Commission constitutionnelle en charge d’étudier les modalités d’application des accords de Minsk de février dernier n’a pas invité de représentants des entités séparatistes à prendre part aux négociations. Or « conformément aux accords de Minsk, cette réforme doit être effectuée d’un commun accord avec Donetsk et Lougansk » a rappelé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.  
 
L’apaisement tarde à venir. Les récents bombardements de marchés en pleine journée montrent que ce conflit va au-delà des forces armées et que les populations civiles sont prises pour cibles. Mais elles le sont également de manière plus insidieuse. Le gouvernement ukrainien a ainsi décidé de renforcer le blocus économique sur le Donbass afin de retourner les populations locales contre les insurgés qui tiennent la région. L’aide humanitaire va donc se faire de plus en plus pressante, la communauté internationale comme les ONG locales sont prévenues. 
 
Quitter la version mobile