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Apaisement des tensions dans la péninsule coréenne

A l’issue d’un marathon de négociations, qui ont duré plus de 48 heures, Pyongyang et Séoul sont parvenues aux premières heures de mardi à un accord pour faire retomber les tensions. C’est un retour à la normale qui intervient après trois jours d’inquiétude ayant suivi des échanges d’artillerie la semaine dernière. En vertu de cet accord, Pyongyang exprime des regrets à propos de l’explosion de mines qui ont blessé grièvement deux soldats du Sud début août dans la « zone démilitarisée » (DMZ), qui fait office de frontière intercoréenne depuis l’armistice de 1953. Le régime des « Kim » refuse toutefois de reconnaître qu’il est à l’origine de l’incident. Cet incident est à l’origine de la crise actuelle. La République populaire et démocratique de Corée (RPDC) promet également de lever le « quasi-état de guerre » décrété le 20 août, à la suite d’un échange de tirs d’artillerie entre les deux voisins.

Séoul s’engage de son côté à stopper la diffusion des messages de propagande, « à moins qu’un fait exceptionnel ne se produise ». Depuis l’explosion de la mine, Séoul avait renoué avec la diffusion de propagande anti-Pyongyang à la frontière, qu’elle avait cessé en 2004.  La reprise, pour la première fois depuis onze ans, de la diffusion de ces messages par haut-parleurs le long de la zone démilitarisée, sanctionnait l’incident des mines. Or, cette mesure « psychologique » est considérée comme inadmissible par Pyongyang, qui y voit une menace pour la stabilité du régime. L’armée du Nord avait tiré des missiles la semaine dernière sur les haut-parleurs pour tenter de les détruire, ce qui avait amené Séoul à riposter par un barrage d’obus.

De nombreux tirs d’obus avaient en effet eu lieu, jeudi 20 août, entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Peu avant 16 heures (9 heures, heure de Paris), les Sud-Coréens avaient détecté une roquette tirée à partir du territoire nord-coréen, et immédiatement réagi. A l’origine des entions, un attentat à la mine ayant très grièvement blessé deux soldats sud-coréens. A la suite du renouveau d’exercices militaires conjoints par la Corée du Sud et les Etats-Unis dans la zone démilitarisée qui s’étend sur deux kilomètres de part et d’autre de la frontière entre les deux Corées, Pyongyang avait exprimé sa colère face à une provocation « inacceptable. » De plus, la Corée du Nord avait qualifié ces manœuvres de « déclaration de guerre », et menacé les Etats-Unis d’une « très forte riposte militaire » si elles avaient lieu.

Les espoirs d’apaisement étaient ténus. La longueur des négociations reflète la difficulté de parvenir à un compromis au moment où les armées des deux États sont en état d’alerte maximale, chacun déployant ses armements le long d’une frontière. « Le plus important, c’est de maintenir ce canal et de relancer les relations. Ce ne sera pas facile à mettre en oeuvre, mais c’est un accord important en ce qu’il trace une voie », expliquait John Delury, professeur de l’Université Yonsei à Séoul. Outre les mesures à effet immédiat, le document appelle à reprendre les réunions de familles séparées par la guerre de Corée dès le prochain Chuseok, l’importante fête des récoltes prévue cette année le 26 septembre. Le premier point insiste par ailleurs sur la nécessité de relancer le dialogue « le plus tôt possible » à Séoul ou à Pyongyang pour « améliorer les liens bilatéraux. »

L’accord, qui semblait en apparence couvrir tous les contentieux importants entre les deux pays, a été conclu à l’issue de négociations ardues qui s’étaient ouvertes samedi dans le village frontalier de Panmunjom, où fut signé le cessez-le-feu de la guerre. En effet, techniquement, la Corée du Nord et la Corée du Sud sont en conflit depuis 65 ans puisqu’aucun traité de paix n’a jamais été signé entre les deux pays à l’issue de la guerre de Corée (1950-53). Le secrétaire général de l’ONU, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, a salué la signature de ces accords. Il a également appelé les deux pays à « redoubler » leurs efforts pour parvenir à un compromis. M. Ban souhaite que la dynamique amorcée favorise la reprise des pourparlers aujourd’hui au point mort sur le nucléaire nord-coréen.

Sur le plan diplomatique, la Maison Blanche a réitéré le 23 son soutien total à Séoul : le porte-parole du département d’Etat américain, John Kirby, a exprimé « l’espoir que cela contribue à réduire les tensions » dans la péninsule coréenne. Les Etats-Unis, garants de la sécurité de la Corée du Sud grâce à leur alliance militaire, ont « un engagement inébranlable » à l’égard de Séoul, a assuré M. Kirby. La Chine, historiquement plus proche de Pyongyang malgré des relations distendues depuis 2013 et les rumeurs d’essai nucléaire par le Nord, a appelé les deux parties à la retenue et souhaité jouer « un rôle constructif » dans la crise.

 

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