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Le copinage comme principal frein à l’accueil des JO 2024 à Paris ?

Les grandes lignes du projet français ont été présentées pour la première fois au Comité international olympique (CIO) mercredi 3 juin dernier. Les responsables du Comité Ambition Olympique et Paralympique se sont rendus à Lausanne pour exposer leur vision et échanger avec le CIO sur le dossier parisien pour les JO 2024. L’accueil a été excellent : Jeux verts, coût limité, réutilisation de sites existants (après le grand gâchis de Sotchi) et bonne insertion dans le territoire… Mais avant que Paris ne lance véritablement sa candidature, il faudra également déterminer quel site sera retenu pour les épreuves de voile. Une délégation a ainsi visité les différents sites en compétition au cours des derniers jours et a dû remettre ses conclusions le 22 juillet au Comité.

Ces institutions ne sont cependant pas les seules à peser dans la balance concernant l’organisation de la candidature parisienne. Certaines concomitances entre hommes ou femmes politiques et responsables sportifs existent toujours, en particulier dans le dossier des jeux nautiques. La ville lumière affiche clairement sa détermination à se relever de ses échecs passés, et son dossier pourrait bien toucher le cœur de la cible cette fois-ci. Mais chaque facette du dossier parisien doit être irréprochable. Il n’est pas question de perdre à un souffle de la ligne d’arrivée – comme ce fut le cas contre Londres en 2012, alors que la proposition parisienne était minée par le copinage. Pour ce faire, Paris doit résister à ses travers d’antan et s’éloigner des considérations politiques qui lui ont coûté cher les années précédentes. Pourtant, parmi les décideurs des coulisses, certains perdent de vue l’intérêt général au profit de petites tractations et ronds de jambes, ce qui pourrait bien coûter sa victoire à Paris.

La Rochelle, le chat noir de Paris

Une candidature implique un rayonnement international, des budgets alloués à la rénovation d’infrastructures urbaines et sportives, des visites et d’énormes retombées commerciales. Chaque commune souhaite obtenir sa part du gâteau, et Anne Hidalgo risque bien de tomber dans les mêmes écueils que son mentor et prédécesseur Bertrand Delanoë. L’intérêt sportif ne doit pas être relégué au second plan, derrière les ambitions politiciennes de ceux qui voient dans les jeux une occasion de se faire des cadeaux. A propos du Morbihan, du Havre et de Hyeres, tout semble aujourd’hui en ordre – bien que les candidatures des deux dernières semblent avoir peu de chance d’aboutir. En ce qui concerne Marseille, Brest et surtout La Rochelle, un certain nombre d’indices laissent à penser que le favoritisme serait de nouveau de la partie. Rappelons qu’en 2008 et en 2012, la ville de Charente-Maritime avait déjà remporté le partenariat avec Paris grâce à des arrangements politiques – avec le « succès » qu’on connait. La Présidente du conseil régional de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, l’actuelle ministre de l’Ecologie et ancienne compagne du Président de la République, était une proche de Bertrand Delanoë.

En 2015, les cartes ont été redistribuées et des compromissions politiques différentes pourraient mener aux mêmes effets : le choix de la Rochelle comme ville d’accueil des épreuves de voile pour les JO 2024. Si le maire actuel de la ville, Jean-François Foutaine, est un proche d’Olivier Falorni, adjuvant de taille pour Ségolène Royal depuis qu’il lui a fait perdre son poste au conseil régional, et que par ailleurs l’inimité entre Ségolène Royal et Anne Hidalgo est de notoriété publique, le choix de la Rochelle représenterait l’occasion idéale de réconcilier tout ce petit monde, dans la perspective des prochaines échéances électorales. Tous unis sous l’étendard du népotisme, en somme, et tant pis pour la France. Le choix de la Rochelle, malgré les échecs passés, est d’autant plus plausible que M. Fountaine peut compter sur le soutien de son épouse, qui a été directrice des équipes de France de Voile de 2001 à 2008, et se trouve être actuellement vice-présidente de la Fédération française de voile (FFV) et présidente de la Commission nationale du sport de haut niveau de cette même FFV. Pas anodin, quand on sait que le président de la FFV, Jean-Pierre Champion, donnera son avis au CIO. 

La raison toute entière pointe vers une élimination de cette ville, que certains au PS défendent bec et ongles. Pourtant, son plan d’eau est très éloigné de la côte, et il ne permet pas de suivre les régates. Le port, deuxième plus fréquenté de l’Ouest français, ne pourra pas être adapté à l’afflux massif de visiteurs à moins d’engager de lourds travaux, malvenus dans une ville endettée à plus de 100 millions d’euros. Pourquoi répéter une troisième fois la même erreur ? Apprendre de ses échecs n’est-il pas une vertu socialiste ? Le manque d’éthique un peu trop manifeste a déjà coûté cher à Paris lors de ses précédentes candidatures. Espérons que pour une fois l’intérêt sportif sera remis au premier plan. A cette condition, Paris aura sa chance contre les autres capitales.

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