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Le troisième plan d’aide pour Athènes déjà en bonne voie

Les négociations entre Athènes et ses créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Mécanisme européen de flexibilité et Fonds monétaire international) auraient-elles atteint leur rythme de croisière? Dans une lettre adressée à la présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou, le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a demandé, mardi 11 août, l’organisation d’une réunion plénière du Parlement dès jeudi afin de ratifier l’accord sur un troisième plan d’aide conclu avec les créanciers. Les tractations sont « dans la dernière ligne droite », indiquait samedi Georges Stathakis, le ministre grec de l’économie, en écho aux propos encourageants tenus par le premier ministre, Alexis Tsipras, deux jours plus tôt. De son côté, une source européenne confie au Monde : « Tout le monde a travaillé d’arrache-pied et en bonne entente pour que le calendrier soit tenu, les progrès sont indiscutables. »

 Le travail s’est fait « main dans la main », selon la porte-parole de la Commission européenne, Annika Breidthardt, ce qui a permis d’aboutir, mardi 11 août, à « un accord au niveau technique. » Le communiqué du gouvernement grec, publié mardi à la mi-journée, indique que la Grèce « assure » grâce à cette somme, en échange d’une longue liste d’ajustements budgétaires et de réformes, « la couverture de ses remboursements d’emprunts et des arriérés de paiement de l’État ». Le gouvernement d’Alexis Tsipras fait aussi la liste de ce qu’il considère avoir gagné dans cet accord au regard des précédentes ébauches de compromis avec les créanciers. Par exemple, les objectifs budgétaires pour les années à venir vont être « assouplis ». En outre, les banques, en besoin urgent de liquidités, « seront recapitalisées avant fin 2015 avec un soutien immédiat de 10 milliards d’euros. »

En échange de quoi, la Grèce doit adopter rapidement 35 mesures prioritaires. Parmi celles-ci, le quotidien grec Kathimerini liste la modification des taxes à la tonne pour les armateurs, la fin des retraites précoces, des privilèges fiscaux pour les agriculteurs et pour les îles, la baisse des prix des médicaments génériques, le renforcement de la lutte contre la fraude fiscale, la poursuite du programme de privatisations ou encore la dérégulation du marché de l’énergie.

La nouvelle vient soulager les parties alors qu’une nouvelle échéance se profilait : le 20 août. Athènes doit toucher une première tranche du plan d’aide – soit 25 milliards d’euros, dont 10 pour recapitaliser les banques – ou, a minima, bénéficier d’un nouveau prêt-relais d’ici à cette date. Ce jour-là, le pays doit en effet rembourser à la BCE 3,5 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance. Sans aide, le pays risque donc un défaut de paiement, cette fois bien plus grave que le non-paiement des 1,5 milliard d’euros dus au FMI le 30 juin (et depuis remboursés). Ce accord, si validé par les parlements, permettra au pays de rester dans la zone euro et d’éviter une situation de défaut de paiement.

Sur le terrain, Alexis Tsipras fait face à la fronde de l’aile gauche de son parti, Syriza. S’étant engagé contre les mesures d’austérité imposées par les créanciers d’Athènes, ce dernier se divise à mesure que l’urgence de l’aide pousse leur dirigeant à de plus en plus de compromis. Une trentaine de députés avaient voté contre l’accord du 13 juillet dernier ouvrant les négociations avec les institutions créancières pour ce nouveau plan d’aide. Des analystes estiment probable la scission de l’aile gauche du parti – qui représentait environ un tiers des membres du comité central de Syriza avant la signature de l’accord – avant même la tenue du congrès extraordinaire du parti prévu en septembre.

En cas d’échec ou de retard dans le processus, la Grèce pourrait se voir accorder un nouveau prêt-relais du MES, comme celui de 7 milliards d’euros déjà accordé en juillet. Cette option a été défendue par les responsables allemands lors des négociations. Ceux-ci ont fait connaître leur doutes quand à la capacité d’Athènes à appliquer les réformes promises.

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