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Migrants : l’appel commun de Hollande et Merkel à l’UE

Les premières estimations tombent, et ils font comprendre la mesure de l’enjeu des réfugiés arrivant massivement en Europe : la semaine dernière, L’Allemagne dévoilait un chiffre exceptionnel: le pays s’attend en effet à recevoir 800.000 demandeurs d’asile sur l’année 2015 – soit 1,25% de la population allemande. Un effort qui ne doit pas être supporté que par l’Allemagne, a estimé lundi François Hollande lors d’un point presse commun avec la chancelière allemande, Angela Merkel. À Berlin, lundi en fin d’après-midi, la chancelière et le chef de l’État semblent sur la même longueur d’onde pour décrire la crise migratoire qui touche l’Europe: des milliers de réfugiés qui tentent chaque semaine depuis des mois de rejoindre le continent, en passant par l’Italie, la Grèce ou les Balkans. Les deux dirigeants ont profité d’une rencontre trilatérale dans la capitale allemande avec le président ukrainien, Petro Porochenko, pour pousser le dossier des réfugiés sur le devant de la scène.

En mettant tout leur poids dans la balance, Angela Merkel et François Hollande veulent forcer l’Europe à réagir et à mettre en œuvre un droit d’asile unifié. « Le plus rapidement possible », a insisté Angela Merkel. L’Europe reste divisée sur la question de la répartition des réfugiés. Après avoir envisagé des quotas, refusés par ses partenaires, Berlin a dû faire machine arrière. Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants « le plus grand défi de l’Allemagne depuis la réunification » du pays, s’est montré virulent dimanche à l’encontre du manque de réaction des pays européens. « L’Europe est d’une certaine façon dans un sommeil profond », a-t-il déclaré à la télévision publique, considérant comme une « énorme honte » le fait que la majorité des Etats membres dise que “cela ne nous concerne en rien.” 

Ce week-end, en une seule nuit, 7 000 personnes ont franchi la frontière entre la Macédoine et la Serbie.  Soulignant que la France et l’Allemagne étaient « solidaires », le chef de l’Etat français a également souhaité une « répartition équitable des réfugiés qui relèvent du droit d’asile » en Europe et « un raccompagnement dans la dignité des personnes entrées de manière illégale. » Aucun de ces centres destinés à différencier les migrants relevant du droit d’asile des autres n’a vu le jour depuis que leur création a été décidée fin juin. « Nous ne pouvons tolérer un (tel) retard », a-t-elle insisté, alors que plus de 100 000 migrants ont rejoint l’Europe durant le seul mois de juillet.  À Heidenau, en Saxe, trois nuits de violence ont opposé l’extrême droite à la police. Les militants entendaient protester par la force contre l’ouverture d’un nouveau centre d’hébergement. Angela Merkel a dénoncé les actes «racistes inacceptables». «C’est une honte», s’est-elle offusquée.

Parmi ces migrants, un grand nombre sont originaires de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan. Mais une part importante est également issue des Balkans. C’est en confrontant les données de l’Allemagne à celles des autres pays d’Europe qu’on voit ce qu’elles ont d’exceptionnel: à lui seul, ce pays représente la moitié des demandes d’asile des 28 pays européens. Pendant que l’Allemagne recevait, en 2014, 200.000 demandes, la France en recevait 64.000 et le Royaume-Uni, 32.000. Ces chiffres disent l’urgence de la situation des migrants, à laquelle les pays européens sont confrontés. Alors qu’en juillet dernier, les pays de l’Union sont parvenus à se mettre d’accord pour réinstaller 22.500 réfugiés syriens, et sur l’accueil de 32.256 demandeurs d’asile parvenus jusqu’aux côtes grecques et italiennes, ce sont 662.000 migrants qui sont arrivés en Europe en 2014. Ces chiffres ont continué d’augmenter depuis.

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