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Premiers succès du vaccin contre Ebola

Soulagement en Afrique de l’ouest : les premiers résultats de l’essai « Ebola, ça suffit », conduit en Guinée par le ministère de la santé et l’OMS, sont sans appel. Le vaccin VSV-ZEBOV peut protéger jusqu’à 100 % les personnes ayant été en contact rapproché avec un patient infecté, ainsi que l’entourage de ces individus. « Il s’agit d’une avancée extrêmement prometteuse, a souligné Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé. Un vaccin efficace sera un outil très important pour les foyers actuels et futurs d’Ebola. » Joie et la fierté sont à l’ordre du jour. « C’est un moment extraordinaire pour la Guinée. Notre pays restera celui où a été démontrée l’efficacité du tout premier vaccin contre le virus Ebola », confie le docteur Sakoba Keita, coordonnateur national de la lutte contre Ebola en Guinée. Les essais cliniques du vaccin VSV-EBOV ont démarré en mars 2015. Ils incluent plus de 7.000 personnes ayant eu des contacts avec des personnes infectés par le virus.

La stratégie employée est celle de la vaccination en ceinture – la même stratégie que celle utilisée dans les années 1970 contre la variole. »Notre hypothèse est qu’en vaccinant toutes les personnes qui ont été en contact avec un sujet infecté, on crée une ceinture de protection qui permet d’enrayer la propagation du virus », a expliqué John-Arne Røttingen, président du groupe de pilotage de l’étude. Le critère de jugement de l’étude était le taux d’infection à Ebola survenant après 10 jours, afin de laisser le temps au vaccin de susciter une réaction immunitaire protectrice. Au cours des essais, les sujets ont été divisés en deux groupes : le premier a reçu le vaccin immédiatement tandis que le second l’a reçu après ces 10 jours. Parmi les personnes vaccinées immédiatement, aucune n’a développé d’infection après 10 jours (certaines en ont développé avant le seuil des 10 jours, qui correspond à la durée d’incubation du virus) alors que pour le groupe qui a reçu une vaccination retardée, 16 personnes ont développé la maladie.

Cet essai – premier en son genre – a jusqu’à présent démontré une efficacité de 100% du vaccin, même si les équipes médicales en charge du projet estiment qu’en fait, le taux de protection réel pourrait être compris entre 75% et 100%. « En ce moment, je pense à tous ces volontaires qui ont accepté de participer à cet essai mais aussi à tous ceux qui, depuis un an et demi, ont été tués par cette épidémie. Ce vaccin, c’est un peu comme un cadeau que la Guinée fait à l’Afrique de l’Ouest et au reste du monde », se félicitait le docteur Keita. Même s’il ne s’agit pour l’heure que de résultats préliminaires, ces derniers sont très encourageants et incitent à poursuivre les vaccinations à plus grande échelle. Après cette phase, l’essai devrait se prolonger en incluant des adolescents de 13 à 17 ans et éventuellement des sujets de 6 à 12 ans, a indiqué l’OMS. Les promoteurs de l’essai ont également autorisé toutes les personnes à risque à recevoir le vaccin immédiatement.

Cette option – d’ordinaire peu commune –  a été retenue par les organisateurs de l’essai qui jugent qu’il n’aurait pas été éthique de faire une étude dans laquelle la moitié des participants n’auraient reçu qu’un simple placebo. Ce choix a des premiers résultats expérimentaux obtenus en laboratoire, et du taux de mortalité particulièrement élevé parmi les patients ayant contracté le virus – près de 70% selon le dernier bilan en date de l’OMS. De plus, en l’absence d’épidémie, les différences observées sont trop minimes pour conclure à l’effet protecteur d’un vaccin. C’est donc la situation de crise sanitaire qui a permis de réunir les conditions statistiques nécessaires à la démonstration de l’efficacité du vaccin. L’autre raison qui explique ce choix relève d’une logique commerciale de l’industrie pharmaceutique. Avant cette épidémie, des recherches sur le vaccin existaient déjà mais elles piétinaient du fait de sous financement. Elles n’intéressaient pas réellement les pontes du secteur car leurs perspectives commerciales étaient maigres.

La fièvre Ebola a été pour la première fois identifiée en 1976 par Peter Piot, un jeune chercheur belge, à l’époque encore étudiant en médecine. Le virus a depuis connu de nombreuses mutations, avec des souches plus ou moins virulentes. La dernière – une version particulièrement dangereuse – a fait son apparition en décembre 2013 en Guinée, et se concentre aujourd’hui dans ce pays, ainsi qu’en Sierra Leone et au Liberia.

 

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